Les plaidoyers fusent de part et d’autres pour un renouvellement profond de la représentation parlementaire après la tenue du dialogue national inclusif. Ceci pour assurer les bases des réformes politico-administratives qui s’imposent.
Les prochains députés auront non seulement la lourde mission de traduire en textes de lois les nombreuses résolutions et recommandations du dernier dialogue national inclusif, mais ils auront la chance de survivre au départ d’IBK en 2023… Les législatives du 29 mars 2020 seront aussi l’occasion pour certains partis et mouvements politiques de faire leur baptême de feu en démontrant leurs assises réelles dans le pays. Tel est le cas de la CMAS de Mahmoud Dicko, le MPM de Hadi Niangado, le PNDS de Maouloud Ben Kattra et d’autres.
En outre, les ex-mouvements rebelles comme la CMA et les autres groupes signataires ou nom de l’Accord pour la paix devraient descendre dans l’arène politique pour jauger leur popularité. N’ont-ils pas récemment décidé de donner une orientation politique à leur positionnement belliciste? Quels types de députés sortiront donc des prochaines élections législatives ?
Seront-ils aussi faiseurs de roi ou influents acteurs du choix du successeur d’IBK au palais de Koulouba en 2023 ? Certainement ! Les députés de la prochaine législature seront déterminants dans leurs rôles de véritables objecteurs de conscience dans le processus de réforme de l’Etat malien.
Si la législature actuelle, la cinquième de l’ère démocratique a pu bénéficier de longs… arrêts de jeu (deux prolongation de six mois chacune), alors même que ses députés étaient plus que médiocres dans leurs fonctions, le prochain mandat parlementaire se doit être plus performant. Plus convaincant en termes d’audace, de courage et de patriotisme pour poser les jalons de la refondation de l’Etat.
En effet, la législature actuelle a fait regretter les belles interventions et prises de positions en séance plénière des députés comme Me MountagaTall, Me Kassoum Tapo, El Hadj Baba Haïdara dit Saandy, Konimba Sidibé et autres, d’un certain niveau intellectuel des législatures antérieures. L’on a dû se contenter de quelques fades éclairages de Me Zoumana N’Tji Doumbia, d’Oumar Mariko, de Mamadou Diarrassouba, de Seydou Diawara, de Mody N’Diaye, d’AbdineKoumaré, dont le niveau était plus modeste.
On comprend donc que le peuple malien a vivement soif de retrouver à l’Hémicycle des représentants aguerris, dotés d’un certain bagage, capables de comprendre tout l’enjeu des textes de lois en discussion et des mesures interpellatives du gouvernement pour renforcer le débat démocratique dans le pays.
Les prochains représentants du peuple, élus pour un mandat de 5 ans, seront en fonction au-delà de 2023, année de la présidentielle qui verra le départ d’IBK du pouvoir. Cette présidentielle sera déterminante pour le pays en ce sens que ce sera l’occasion de réaliser un nouveau changement, une sorte de rupture dans le système de gouvernance du pays Et, selon bien d’analyste et observateurs avertis, ce sera le tour d’une nouvelle génération d’acteurs politiques d’émerger au Mali.
Les députés, qui seront bientôt élus ou leurs alliances politiques éventuelles devraient être décisifs dans cette élection présidentielle. L’on peut se demander si le leadership actuel du RPM va résister aux assauts des autres forces politiques pour compter en 2023. Rien n’est moins sûr. Surtout qu’il est fort probable que le parti présidentiel risque, lors des prochaines législatives, de perdre des plumes suite à la gestion largement insatisfaisante du pouvoir par leur mentor fondateur, IBK.
En outre, compte tenu de l’importance des chantiers de réformes à amorcer avec, du reste, la célérité requise, il est souhaitable que l’Assemblée Nationale s’honore de la présence dans ses rangs d’élus compétents et engagés pour la cause nationale. Il serait regrettable que ces élections fassent émerger à Bagadadji des élus plus intéressés par leurs indemnités que par autre chose.
Malgré ces enjeux, l’on n’observe pas pour le moment, aucun engouement particulier pour la tenue annoncée de ces élections législatives. Les difficultés financières des états-majors politiques, dont ceux de l’opposition, sont passées par là.Sans oublier que le contexte sécuritaire sera un handicap de taille à des élections paisibles. Gageons tout de même que les enjeux seront rapidement mesurés à leurs justes valeurs et le réveil sera au rendez-vous pour des élections législatives libres, transparentes et démocratiques, comme viennent de le plaider l’opposition FSD et la plateforme Anko Mali Dron.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb