Les élections législatives programmées pourraient-elles conduire à une nouvelle crise postélectorale ? En tous points de vue, ces deux formations politiques ne sont pas ravies de la tournure que prend l’événement depuis quelques mois. Ainsi, embouchent-elles la même trompette pour exprimer leur bile face aux élections législatives de mars et avril 2020, synonymes de mascarades. Si la première(les FARE) fait allusion à un contexte sécuritaire plus ou moins délicat et non favorable à la tenue d’élections transparentes, la deuxième quant elle, (le CNID) va plus loin par une requête déposée aux fins d’annulation du décret. Au parti du soleil levant, c’est désormais une règle de vie, « préférer perdre des députés plutôt que ses idéaux ».Nous vous proposons une lecture in extenso de ces deux déclarations.
Le Secrétariat Exécutif National du parti FARE prend acte, de la décision du Gouvernement d’organiser les élections législatives en mars et avril 2020 suivant un chronogramme publié par le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.
A cet égard le parti FARE rappelle et prend en témoins l’opinion nationale et internationale, qu’à la suite de la première prorogation du mandat des députés en 2018, le Gouvernement s’était engagé de procéder aux différentes réformes indispensables relatives aux cadres légaux, à la constitution de février 1992 et à la loi électorale, avant d’entamer les prochaines élections que compte organiser le pays. Cet engagement a été l’une des principales raisons de l’apaisement du climat social et politique.
De même, en 2019 justifiant la deuxième prorogation du mandat des députés, le Gouvernement, dans son communiqué de compte rendu du Conseil des ministres du 07 juin 2019 expliquait « Le mandat des députés, qui a expiré le 31 décembre 2018, a été prorogé jusqu’au 30 juin 2019 par la Loi organique n°2018-067 du 06 décembre 2018 conformément à l’avis de la Cour Constitutionnelle du 12 octobre 2018 ». La prorogation était motivée par « le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et législatives et la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale ». L’évaluation de la situation politique et sécuritaire du pays révèle la persistance des difficultés et contraintes qui ne permettent pas la tenue d’élections législatives régulières et transparentes.
Aussi, à la suite de la forte demande pour la tenue d’un dialogue national inclusif par plusieurs partis de l’opposition, notamment les FARE, et par la grande majorité des organisations de la société civile, justifiée notamment par :
– L’aggravation de la situation sécuritaire, politique et économique, particulièrement, en plus des régions du nord, dans celles de Mopti, Ségou et Koulikoro, où les affrontements meurtriers intercommunautaires se sont ajoutés aux attaques djihadistes
– La dégradation continue des conditions de vie des populations, la perte de confiance des citoyens aux Institutions de la République et de la classe politique à cause de la mal gouvernance et qui favoriserait davantage les risques de l’effondrement de l’État et la partition du pays.
– Les trafics criminels de tout genre.
Face à ces difficultés, et à la pression de la communauté internationale pour la mise œuvre de l’APR, le Président de la République, à l’entame du second mandat, ne sachant plus que faire, s’est résolu à organiser un Dialogue National inclusif, non sans avoir fait rédiger au préalable un projet de constitution ayant pour raison principale la mise en œuvre de l’APR. Ainsi, le 16 avril 2019, il déclarait : « L’idée d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif fait son chemin et emporte mon adhésion…Ce qu’il nous faut c’est un format qui ne laisse personne sur le quai, qui rassemble les segments les plus divers de notre société… Ce qu’il nous faut, c’est un consensus solide pour notre avenir politique, institutionnel, social, je devrais dire sociétal. »
Il revient de constater que le DNI n’a été qu’un travestissement bien monté par le pouvoir pour qu’il endosse les dispositions de l’Accord politique de gouvernance signé le 2 mai 2019, notamment, celle de la tenue immédiate des élections législatives sans les modifications nécessaires de la loi électorale en cours, et cela dans l’unique but d’avoir une majorité mécanique à l’Assemblé Nationale pour arriver à ces fins : la mise en œuvre de l’Accord Pour la Paix issu du Processus d’Alger (APR)
On remarquera que les déclarations et les démarches du Président de la République et de celles du Gouvernement n’ont été que malice et duperie du peuple.
Conscient de la gravité de la situation sécuritaire au nord, au centre, et son glissement vers le sud, de l’absence de l’administration dans plusieurs localités et de l’obsolescence de la loi électorale, le parti FARE demeure convaincu que les élections législatives programmées ne sont qu’une mascarade qui pourrait conduire à une nouvelle crise postélectorale dont la responsabilité du Gouvernement serait entière.
Source : L’agora