“Aujourd’hui, il me semble indispensable que la Cédéao mette de côté la pratique des sanctions infligées au Mali et à la Guinée, car elles ne sont pas forcément pertinentes. Elle a fait une mauvaise lecture des situations dans ces deux pays et surtout au Mali. Il est vrai qu’il y a eu coup d’État, mais il faut laisser les Maliens décider eux-mêmes de la durée de leur transition avec l’accompagnement de la Cédéao. Précipiter cette transition juste pour aller très vite à des élections qui seraient bâclées ramènerait le pays dans un autre engrenage”, souligne Moussa Aksar, consultant sur les problématiques sécuritaires dans le Sahel.
Après le Sommet d’Abuja, les chefs d’État ont accentué la pression sur la junte malienne en “maintenant la date du 27 février 2022 pour l’organisation des élections au Mali” sous peine de mettre en œuvre “des sanctions additionnelles en janvier 2022“, selon des propos tenus par Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cédéao. En réponse, le colonel Assimi Goïta, Président de la transition malienne, a donné des gages en promettant d’établir un chronogramme détaillé du processus de retour à la vie civile au plus tard le 31 janvier 2022, Pour la Guinée, déjà suspendue des instances communautaires, la Cédéao réclame la tenue d’élections “dans un délai de six mois“, mais cette injonction est balayée par le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, leader de la junte.
“La récurrence des manipulations constitutionnelles pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels à deux et les fraudes électorales constituent des violations de l’ordre constitutionnel au même titre que les coups d’État militaires. Les coups d’État, qu’ils soient constitutionnels, électoraux ou militaires affaiblissent la légitimité et la crédibilité des gouvernements des États membres”, écrivent Afrikajom Center et ses partenaires.
“Les atteintes récurrentes et répétées aux dispositions pertinentes du protocole relatives au respect de l’État de droit, de la démocratie, des droits de l’homme et de la gouvernance par les États membres sont une menace à la paix, à la stabilité et à la sécurité des États”, ajoute le Think-Tank.