En filigrane – Sous les cendres de l’Huicoma : 108 divorces, un vieux décédé

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Rien de nouveau sous le soleil. Chaque fois que les travailleurs licenciés font l’effort d’ouvrir la bouche, leurs yeux se remplissent de larmes qui perlent les joues. En dépit d’un terrible effort qu’ils font sur eux pour se maîtriser et pour paraître des hommes forts.

Encore la semaine dernière, sur les antennes de la radio Mamelon, ils étaient encore au bord d’une crise de nerfs qui venait même s’ils ne le voulaient pas. Invités qu’ils étaient à accomplir un voyage dans le douloureux processus de privatisation de la société et sa place dans l’économie locale et nationale durant les années de miel.

Ces dernières années ont été riches en émotions. Le choc du décès d’un ancien travailleur de l’Huicoma à la Bourse du travail et les divorces à la pelle. Au total 189 divorces – 99 civils et 90 religieux.

Des morts par suite de désespoir. Et la raison d’autres personnes a failli vaciller. Des travailleurs sans le moindre sou, courant derrière des droits qui malgré moult promesses des autorités compétentes ne sont jamais tombés. Plusieurs chefs de famille se sont reconverti dans l’exploitation de sable à Koulikoro, d’autres ont pris le chemin des champs à Kita et Koutiala.

Les trois usines ont fermé  peu de temps après leur vente à un richissime opérateur de la place.

Cargaison de sable enlevée: Le chauffeur de benne aux arrêts

Installé à l’ombre d’un arbre, non loin de son camion-benne, le chauffeur était tiré de son léger sommeil matinal par un homme à la trentaine venu lui solliciter pour déplacer un voyage de sable déchargé sur un terrain à usage d’habitation, objet d’un contentieux qui l’opposerait à un bras long. Le chauffeur, qui tournait et retournait ses pouces, se disait tout bas que l’occasion était rêvée de se faire les poches, de retourner le soir venu en famille avec le sourire, et surtout avec quelques fruits et de quoi bouillir la marmite du lendemain. Les discussions tarifaires n’ont pas traîné en longueur. Aucun des parties en présence ne faisait preuve de raideur.

Le marché conclu, le client s’est contenté d’indiquer les deux endroits au chauffeur – enlèvement et dépôt- et lui tendait un billet de 10.000 F CFA représentant les frais de transport avant de lui quitter  dans l’espoir que celui-ci remplira bien le contrat. Le chauffeur, sourire aux lèvres, a multiplié les assurances allant dans ce sens.

Rapidement, le chauffeur s’est installé au volant du camion-benne et disparaissant de la vue de son client. Connaissant bien la zone, il n’a pas peiné à  découvrir le lieu d’enlèvement du sable. Des bras solides qu’il avait amenés se sont mis rapidement à la tâche. Armés de pelles, ils étaient sur le point de remplir le camion qu’un véhicule s’immobilisait à leur hauteur. Les yeux de l’occupant flamboyaient, sa bouche s’ouvrait pour demander auprès de qui ils ont eu l’autorisation d’effectuer le chargement. Le chauffeur de benne s’est approché lentement pour signifier qu’un client dont il ne connaît ni d’Adam ni de Eve en revendiquait l’appartenance et instruisait d’en assurer le transport.

Aussitôt, le gros bonnet a appelé la gendarmerie de Baguinéda, qui s’est transporté sur les lieux puis interpellé le chauffeur.  Le client ayant eu vent de la nouvelle tournure prise par les événements a pris ses jambes au cou. Simplement, la proximité de la fête lui avait dicté de prendre la courte échelle en allant proposer à un monsieur de lui livrer du sable contre une somme modique, puisque pressé par un besoin d’argent.

A hue et à dia, le commanditaire était écartelé entre les frais d’ordonnance d’un enfant qu’il a eu avec une femme marié dont le mari avait fermé le robinet et son épouse qui avait signalé l’absence du moindre grain à la maison.

 Un pickpocket arrache un sac: 7.500 F volés

La victime du vol se dirigeait tranquillement le matin vers le marché de Dialakorobougou dimanche, jour de foire hebdomadaire, faisait avancer péniblement un pousse-pousse chargé, en très mauvais état, tout en tenant négligemment des deux doigts d’une main un sac à main en plastique de fabrication artisanale. Le motocycliste visiblement avait un coup d’œil excellent, donnait l’air de perdre le contrôle de l’engin. La femme qui redoutait un accident a immobilisé immédiatement son pousse-pousse. Puis, comme l’aigle fonçant sur sa proie avec une vitesse éclair, il arrachait le sac avant de disparaître dans les rues adjacentes. Sous l’effet de la surprise, la femme hurlait « hé, hé, hé », au lieu de crier « au voleur », histoire d’alerter le voisinage immédiat.

La réparation de l’oubli, ou du moins l’erreur, une fois faite, plus personne ne parvenait à le rattraper. Clouée un long moment sur les lieux, elle avait eu au moins la force de révéler aux passants et les rares personnes accourues, que son sac à main contenait 7.500 F CFA.

Une question taraudait son cerveau. Comment convaincre ses  associées de la tontine d’accepter de remettre à plus tard le versement de sa cotisation ? Suivant les règles du jeu, qui ne paye pas le jour et à l’heure convenue se voit infliger une amende de 1.000 F CFA en sus du paiement intégral de la mise.

Source : L’informateur

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