En Guinée, le bilan des violences post-électorales s’alourdit et la médiation piétine

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Des partisans de l'opposant Cellou Dalein Diallo affrontent la police à Conakry le 23 octobre 2020. © Reuters
Des partisans de l'opposant Cellou Dalein Diallo affrontent la police à Conakry le 23 octobre 2020. © Reuters

Au moins 21 personnes sont mortes dans des violences consécutives à la présidentielle du 18 octobre en Guinée. La victoire du président sortant Alpha Condé est toujours contestée par l’opposition qui assure “ne pas attendre grand-chose” d’une médiation internationale en cours.

Le bilan des violences qui ont éclaté en Guinée au lendemain de la présidentielle du 18 octobre s’est officiellement alourdi, lundi 26 octobre. “Le gouvernement guinéen a indiqué que 21 personnes ont été tuées depuis lundi (19 octobre) dans les violences post-électorales, dont des agents des forces de l’ordre”, a déclaré le présentateur du journal de 20 h 30 de la télévision nationale RTG. L’opposition évoque de son côté au moins 27 morts.

Le gouvernement guinéen a indiqué que plus de 240 personnes avaient été interpellées à travers le pays depuis huit jours. “Nous en sommes à 243 cas d’interpellations pour infractions diverses. Ce ne sont pas de simples délits qu’ils commettent, mais des cas avérés de scènes criminelles savamment et préalablement programmées pour ternir l’image de marque des institutions de l’État”, a déclaré le ministre de la Justice, Mory Doumbouya.

L’atmosphère est restée tendue lundi à Conakry, même si l’appel à manifester contre un troisième mandat d’Alpha Condé lancé par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) n’a été que peu ou pas suivi, de nombreux habitants disant craindre pour leur sécurité.

Médiation

Les émissaires de l’ONU, de l’Union africaine (UA) et de la Communauté des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) arrivés dimanche ont poursuivi leurs efforts de médiation en rencontrant plusieurs ministres, la commission électorale et le corps diplomatique. Ils se sont également rendus en fin de journée au domicile du chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, qui s’est autoproclamé victorieux dès le lendemain du scrutin. Une conférence de presse de la délégation prévue lundi soir a été reportée à mardi matin.

“Je n’attends pas grand chose de ces émissaires (…) qui, en réalité, se sont toujours rangés du côté d’Alpha Condé. Mais il est important de saisir toutes les opportunités pour communiquer les informations qui mettent en évidence notre victoire et pour attirer l’attention sur la répression sanglante qui est en train de s’abattre sur les Guinéens”, a tweeté peu après la rencontre Cellou Dalein Diallo. “Continuons notre mobilisation dans les rues et sur les places publiques pour exiger le respect de la vérité des urnes. PAS DE RECUL !”, a-t-il ajouté.

Cellou Dalein Diallo a ensuite dénoncé le “kidnapping” par les forces de l’ordre de deux vice-présidents de son parti, l’UFDG, Fodé Oussou Fofana et Kalemodou Yansané, au sortir de la réunion avec la mission de médiation.

Cellou Dalein Diallo, est crédité de 33,5 % des votes, selon les résultats provisoires annoncés samedi par la commission électorale (Céni), contre 59,5 % pour le président sortant Alpha Condé. Le chef de l’opposition a confirmé lundi son intention d’introduire un recours contre ces résultats, entachés selon lui de fraudes massives, devant la Cour constitutionnelle, sans se bercer d’illusions.

La banlieue panse ses plaies

À Conakry, la plupart des boutiques sont restées fermées lundi le long de l’autoroute Fidel Castro, qui mène du centre-ville à l’aéroport à travers des quartiers réputés favorables au pouvoir. Plus au nord, dans la grande banlieue où domine l’opposition, des policiers, gendarmes et militaires étaient présents en force, comme depuis plusieurs jours. Des tirs ont été notamment entendus dans des quartiers comme Cosa et Sonfonia, sans que l’on sache s’ils ont fait des morts ou des blessés.

Wanindara, l’un des fiefs de l’opposition, portait encore les stigmates des affrontements des derniers jours : carcasses de deux camions brûlés, pneus incendiés, pierres jonchant le sol et bâtiments pillés.

Selon Amnesty International, les forces de sécurité ont fait depuis une semaine un usage excessif de la force, tirant à balles réelles contre des manifestants. L’ONG a aussi condamné les coupures d’Internet, dont l’accès était toujours très difficile lundi.

Source : AFP

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