En Guinée, les commerçants attendent les retombées des sanctions contre le Mali

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Une camionnette avec ses marchandises et son passager sur le toit, sur la N6 entre Kankan et la frontière malienne.
Une camionnette avec ses marchandises et son passager sur le toit, sur la N6 entre Kankan et la frontière malienne.

Depuis le 9 janvier, le Mali est privé de ses deux principaux points d’accès aux échanges internationaux. Enclavé, le pays pouvait compter jusqu’ici sur le port d’Abidjan, et celui de Dakar surtout, pour écouler ses produits et importer des marchandises. Seuls certains biens de première nécessité peuvent continuer à franchir la frontière désormais, le reste devra passer ailleurs. Et pourquoi pas par la Guinée ? Conakry a refusé d’appliquer le blocus de la Cédéao. Matthias Raynal s’est rendu dans la région limitrophe, dans le nord-est de la Guinée, sur la route qui mène au voisin malien, où l’on attend encore le boom du commerce.

Sur le bas-côté de la nationale 6, à quelques kilomètres de la frontière, Mohamed Bangoura vient de garer son camion. « On est venus récupérer ce véhicule pour le ramener en Sierra Leone », explique-t-il.

Le chauffeur a le sourire. Il vient de franchir la frontière malienne. Mohamed Bangoura va pouvoir terminer sa mission pour une société minière et retourner dans son pays, malgré les sanctions de la Cédéao.

Un peu plus loin, le long de la route qui mène au Mali, il y a le village de Tombokho. Le boucher du coin, Sidibe Toumani, discute avec des amis sous un arbre. En cet fin d’après-midi, pas un client à l’horizon. « Ça ne change pas. Ça ne change rien. »

Sur la route qui mène à Bamako, il n’y a pas plus de routiers, pas plus de voyageurs que d’habitude. « Ça peut augmenter si la frontière du Sénégal est fermée, les gens vont passer par ici. » On pourrait ainsi assister à une augmentation des exportations du Mali vers la Guinée. Tous les jours, des camions remplis de denrées alimentaires viennent notamment approvisionner le marché de Siguiri.

Un carrefour commercial proche du Mali
Premier grand carrefour commercial après la frontière, Siguiri est bien plus proche de Bamako que de Conakry. L’économie locale dépend des échanges avec le voisin malien. « Les pommes de terres viennent du Mali, les tomates viennent de Bamako aussi. »

Mamadou Bah, 71 ans, est commerçant. C’est aussi le président du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur à Siguiri. Si l’embargo continue, dit-il, alors « c’est très bon pour la Guinée parce que les marchandises maliennes vont venir par là. Donc le Sénégal va perdre. »

Mais selon lui, le port de Conakry aura du mal à remplacer celui de Dakar : « Ce ne sont pas toutes les marchandises qu’ils peuvent passer. Les marchandises qui passent par Dakar, ça fait beaucoup de marchandises qui vont manquer. Tous les tissus maliens et les petits objets, tout ça, ça vient du Sénégal. »

Mohamed Lamine Cherif est le vice-président de la Chambre de commerce de Kankan. Dans la capitale de la Haute-Guinée, les grossistes se préparent à prendre le relai des commerçants sénégalais. « Je vends des carrelages. Ça doit venir graduellement au fur et à mesure que les besoins se présenteront au Mali. C’est comme ça que les demandes vont être constatées sur le marché guinéen. »

Reste à régler le problème des routes en Guinée. Si de la frontière jusqu’à Kankan il y a du bitume, la chaussée est en mauvais état à partir de Kouroussa. Des travaux de réfection sont en cours.

Par rfi.fr

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