Le dur exercice du pouvoir fait réfléchir davantage ! On le disait hostile à la gestion consensuelle du pouvoir. IBK semble ajouter de l’eau à son bissap. Dorénavant, il ne cesse de proclamer (et ce depuis plusieurs mois ou semaines), les vertus de la méthode de gestion des affaires publiques par consensus, surtout dans un pays aussi envahis de défis. C’est ainsi que le Roi Guézo devient sa référence régulière pour appeler les uns et les autres à venir boucher par leurs mains assemblées les trous de la jarre nationale percée…Un trou plutôt béant !
Dans son édition du 13 janvier 2015, notre confrère Info-Matin écrivait ceci : « Le choix aussi bien de Oumar Tatam Ly que de Moussa Mara à conduire l’action gouvernementale, en ce début du quinquennat du Président IBK procédait non seulement à rompre avec les pratiques anciennes mais également à se démarquer du minimum possible de la politique du consensualisme, dont étaient adeptes tous ses prédécesseurs … ». Comme pour expliquer qu’IBK avait horreur du consensualisme. Mais il semble qu’IBK est revenu sur sa volonté de rupture. Il ne s’en cachera en finissant à rendre hommage à quelques occasions au président ATT…
En effet, la semaine dernière, avec une certaine franchise, IBK, face à ses alliés politiques de la majorité présidentielle Ensemble pour le Mali (EPM) a prêché la nécessité de retourner à l’expérience de la gestion consensuelle du pays. « Chacun de nous devrait en toute humilité savoir que isolement nous ne sommes rien, mais ensemble, nous sommes tout… ».
En clair, après avoir mesuré durant les cinq dernières années, les énormes difficultés pour gérer le Mali, le chef de l’Etat semble se résoudre à devoir faire appel aux autres forces politiques et de la société civile pour sauver le pays. Il félicitera ainsi ses alliés politiques qui ont lancé des initiatives de concertations avec les autres formations politiques. « Et c’est ce que vous avez compris en vous dépensant sans compter pour rapprocher les lignes, pour aller à l’autre, pour aller au frère qui n’a pu demeurer insensible à cela », dira-t-il.
Avant de souligner avoir « fait le geste de votre confort, en prenant mon téléphone et en appelant mon jeune frère Soumaïla…qu’est-ce que cela a d’extraordinaire ? C’est le Mali. Pour moi, rien n’est au-dessus du Mali, aucun sacrifice, d’ego, de quel ego ? »
IBK, qui semblait mépriser les critiques de ses adversaires politiques, a fini par reconnaître que « la grandeur s’accompagne toujours d’humilité, de grande humilité ». Et le locataire de Koulouba d’insister sur sa conclusion ou sa conviction : «…nous sommes conscients qu’au niveau où il se trouve aujourd’hui, ce pays, qui est au milieu des défis, a besoin de tous ses fils, toutes ses filles. Nous sommes obligés de consacrer près de 22% de nos recettes budgétaires à l’effort de défense et de sécurité au lieu que cela aille dans le confort social et éducationnel … ». Comme pour dire que les contraintes sécuritaires, sociales et politiques du moment imposent finalement de rectifier le tir ou de revoir nos ambitions plus modestement et avec plus d’humilité. Donc avec une sorte ressaisissement.
Bruno Djito SEGBEDJI
Source: Mali-Horizon