La qualité des personnes interrogées par Mali Mètre au cours de son enquête d’opinion a créé beaucoup de polémique le jour même de la publication des résultats. Ce jour-là, de nombreux participants ont presque rejeté les résultats de l’enquête qu’ils ont jugés insuffisants, car n’ayant pas pu prendre en compte les cercles, les communes et les villages.
2 344, c’est le nombre de personnes, âgées de 18 ans et plus, que Mali Mètre a pu interroger au cours de son enquête d’opinion qui a été réalisée du 13 mars au 04 avril 2022 dans le district de Bamako et dans des capitales régionales. Les cercles, les communes et les villages ont été oubliés.
Le seul aspect qui n’a pas fait objet de discussions, c’est la durée de la transition pour organiser les élections. Même l’enquête de Mali Mètre rapporte que dans l’ensemble, la population estime que la transition devrait durer en moyenne 3 ans et 8 mois pour permettre aux autorités de la transition d’organiser les élections.
Le vérificateur général, Aminata Mallé, et Aminata Dramane Traoré, présentes dans la salle, n’ont même pas levé le petit doigt pour se prononcer sur la question. C’est pourquoi des participants comme Maouloud Ben Kattra, ancien ministre et responsable d’une association à caractère politique, ont attiré l’attention des responsables de Mali Mètre sur le profil des personnes interrogées.
« Cette enquête est fausse. Il faudrait se rendre aussi dans des villages », a tranché M. Magassouba, homme politique. Il a été soutenu par son voisin qui a déploré l’absence des identités des 2 344 personnes concernées par l’enquête.
En réponse aux préoccupations des uns et des autres, les responsables de Mali Mètre ont pris bonne note et ont promis aux plaignants que leurs préoccupations seront prises en compte lors de la prochaine édition, mais que « c’est l’argent qui manque le plus ».
« Nous n’avons pas assez de fonds pour couvrir tous le Mali, notamment les cercles, les communes et villages, pour le moment », a justifié le représentant résident de Friedrich Ebert Stiftung, principal réalisateur de Mali Mètre.
Même si des citoyens doutent de la véracité des résultats de l’enquête d’opinion, parmi les 2 344 des personnes interrogées, 72% font confiance en la personne du président de la transition, colonel Assimi Goïta, 13% des personnes enquêtées estiment avoir le même niveau de confiance en toutes les autorités et 10% font plus confiance au gouvernement de la transition.
Pour certains observateurs et leaders d’opinion du Mali, ces sondages d’opinion sont loin de la réalité. Car dans la région de Kidal, 40% de la population est insatisfaite de la gestion de la transition. Cette statistique est de 35% dans la région de Taoudénit.
Même si c’est le cas dans ces régions du nord du Mali, l’enquête révèle que dans les capitales régionales du sud et du centre, plus de neuf Maliens sur dix sont satisfaits de la gestion de la transition.
Selon les responsables de Mali Mètre, quel que soit le niveau d’instruction et même si le profil des personnes n’a pas été clarifié, il faut reconnaitre que les Maliens font plus confiance au président de la transition qu’au Premier ministre et aux autres institutions de la transition.
En effet, la Friedrich-Ebert-Stiftung mène régulièrement, au Mali, depuis 10 ans, des sondages d’opinion neutres. Ces sondages ont été initiés dans le dernier trimestre de 2012. Il s’agissait de la contribution de la FES à la sortie durable de la crise politico-institutionnelle que le pays traverse depuis 2012.
« Ces sondages sont annuels et portent sur un ensemble de thématiques sociopolitiques. Cette contribution est à sa 13ème édition et marque son 10ème anniversaire. Elle aborde les principales thématiques de l’actualité sociopolitique au Mali », souligne le représentant résident de la FES, Christian Klatt.
A noter que les questions abordées au cours de cette 13ème édition concernaient la transition politique en cours au Mali, les défis et priorités du Mali, la stabilisation et la sécurisation du Mali par les différents acteurs en présence, le départ de la force Barkhane. Elle a abordé aussi les perspectives pour une transition réussie.
L’objectif principal de l’enquête d’opinion était de recueillir les opinions des Maliennes et des Maliens sur différentes questions marquantes de l’actualité ou décisives pour le présent et le futur du pays.
Adama DAO
Source : Le Tjikan