Entre classe gouvernante et opposition politique : Le jeune citoyen malien ne sait plus à quel saint se vouer

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Une vue des participants
Une vue des participants

Depuis l’avènement de la démocratie en République du Mali, la politique est plus perçue comme un ascenseur social qu’un moyen d’apporter sa pierre à l’édification de l’œuvre national. Aujourd’hui encore, et quelques putschs plus tard, le jeune Malien est une proie de choix pour la classe politique. Une proie qui, très souvent, se laisse bien cueillir, pourvu qu’elle parvienne à trouver une place au soleil. La date butoir du 25 mars étant passée, la course est désormais lancée.

Le vent de changement tant souhaité sera-t-il un jour réalité ? Une question teintée d’une ombre de pessimisme mais comment peut-il en être autrement tant l’essentiel du combat à mener est occulté. Le jeune citoyen malien, espoir du pays et avenir de la nation, est assez souvent balloté au gré des élucubrations de la classe politique. Car en toute logique, l’on ne peut se faire élire, aussi bien sur le plan local, régional ou encore pour la présidentiel, sans avoir la sympathie de la frange la plus importante de la population. Ce qui est tout à fait normal, à une exception malsaine près. C’est que le jeune citoyen malien soit conscient des enjeux et qu’il comprenne qu’il est beaucoup trop important pour qu’il vienne faire le nombre de telle ou telle formation politique, lors de meetings, marches, rassemblements, et surtout de joutes électorales.

Il y en a qui, volontiers, prennent des billets clinquants de la part d’un ou plusieurs barons de la classe politique afin de mobiliser les jeunes du quartier. L’objectif, c’est de mettre plein la vue sur la place publique, peu importe si les jeunes filles et garçons engagés ne comprennent rien en la politique. L’essentiel, c’est qu’en fin de journée, chacun ait sa petite récompense, un billet de 5000 ou 10000 F. Y en a aussi qui sont pétris de qualités intrinsèques, bardées de diplômes et qui voient en la politique un moyen de monter haut sur l’échelle sociale. Malheureusement, pour beaucoup, le bagage intellectuel ne trouve pas son équilibre avec la qualité morale et le patriotisme. Résultat, peu importe les directives qui viennent du sommet de la pyramide, il ne fera qu’acquiescer pourvu que lui, ait le beurre qu’il a visé de loin.

Evidemment, il ne faut point ignorer l’élan d’instrumentalisation et de propagande qui semblent être en cours en ce moment, et qui emporte avec lui, tout le bon sens et la pondération qu’il faut pour une bonne compréhension de la complexe situation actuelle. De nos jours également, les jeunes sortent quasiment par troupeaux pour applaudir car le discours du moment est si doux à entendre. N’ignorons point aussi, l’opposition qui se prépare, qui elle aussi tiendra des propos qui seront assez certainement plus conforme à la réalité que tout le monde doit voir. Mais doit-on la suivre pour autant ?

Le drame de la jeunesse malienne est que leurs ainés, en grande partie, auront pris le contrepied des bons exemples à tenir en matière de politique et de gouvernance. A titre d’exemple, l’on peut très bien être le meneur de jeu d’une opposition politique durant un mandat, et dans le suivant, être ministre des Affaires Etrangères. Ou encore, plus récemment, critiquer le pouvoir en place avec véhémence, et tout d’un coup, être le farouche défenseur de celui-ci, une fois devenu Premier ministre. Où est donc passé la cohérence politique ? Et le pire, c’est que dans une certaine jeunesse, l’on trouve cela normal. Dans les grins et autres rassemblements du soir, il n’est pas rare d’entendre que la dignité est pour les pauvres. L’autre drame de la jeunesse malienne, c’est que les leaders qui pouvaient instaurer une sorte de cercle vertueux auront déçu de par leur ambivalence et surtout, encore une fois, à cause de leur gourmandise hâtive et aveuglante.

Grand temps il est donc que le jeune citoyen malien ne soit pas un simple suiveur. Et qu’il fasse montre de patriotisme, de caractère et de discernement quant à la situation réelle du pays. Ceux-là qui sont capables de le faire sont cruellement attendus sur la place publique afin qu’ils montrent la voie. Il s’agit là d’un sacrifice qui est difficile à accomplir d’autant plus qu’il est plus que probable que l’opprobre leur soient jetés.

Ahmed M. Thiam   

Source : L’Alternance

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