«Il n’y a plus de débat s’il aura oui ou non un organe unique de gestion des élections ? La décision politique est prise. Il y aura un organe indépendant qui va organiser les élections sous la transition. Les neuf mois qui restent, nous allons tout faire pour aller aux élections», a déclaré le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Choguel Kokala Maïga, le lundi 28 juin 2021, à la Maison de la Presse au cours d’une rencontre d’information sur la vision de la Transition.
Cette déclaration sans équivoque de l’ex-président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) est faite à la veille de l’atelier de réflexion sur la mise en place de l’organe unique de gestion des élections, organisé par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les 29 et 30 juin 2021. Au cours de cet atelier, les participants ont opté pour le maintien du dispositif actuel de l’organisation des élections avec un renforcement des pouvoirs de la Commission nationale électorale indépendante (CENI).
Pour Aboubacar Abdoulwahidou Maïga, enseignant-chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB), la recommandation de l’opérationnalisation de l’Organe unique de gestion des élections après la Transition en cours par cet atelier « est révélateur déjà de la désunion qui règne au sommet de l’État au sujet de la façon ou de la structure qui devrait organiser les élections 2022 ».
Sur ce débat en cours, un célèbre activiste, Samba Gassama Général postait ceci sur sa page Facebook : « L’organe unique d’organisation des élections c’est une bonne chose mais ce n’est pas l’absence de structure qui fait défaut mais l’absence de justice. Tant que l’injustice est la règle on peut créer quinze structures, la malhonnêteté des gens n’y changera rien ».
Les résultats des travaux de l’atelier du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation donnent raison à Moctar Ouane et son équipe qui avaient clairement assumé la non-faisabilité de la mise en place de cet organe dont les premiers jalons ont été posés par la Commission Daba Diawara sous le président Amadou Toumani Touré.
Il faut attendre maintenant la réaction du Premier ministre, chef du gouvernement qui a beaucoup misé sur la matérialisation de l’organe unique de gestion des élections. Il s’est un peu moqué de son prédécesseur à travers certaines de ses déclarations selon lesquelles lui et son équipe ont fait en dix jours plus que l’équipe sortante en neuf mois. La tâche ne s’annonce pas aussi facile pour le Premier ministre qui dirige un gouvernement sans avoir aucune maîtrise sur des ministres occupant des postes stratégiques comme la Défense, la Sécurité, l’Administration territoriale, les Finances, les Affaires étrangères et la Réconciliation.
Pour éviter d’éventuelles contestations postélectorales, il faut aller au-delà du renforcement des compétences de la CENI pour établir une carte où le gouvernement et ses partenaires peuvent garantir la sincérité des opérations de vote. Dans une situation aussi complexe, cela est nécessaire dans un pays où la portion de territoire sous le contrôle du gouvernement se rétrécit chaque jour comme une peau de chagrin. D’autres initiatives peuvent être prises pour rendre plus crédibles et transparentes le processus électoral. La Synergie 22 des Organisations de la Société civile du Mali propose par exemple d’intégrer dans la loi électorale, la publication en ligne des résultats des scrutins par centres et bureaux de vote, au fur et à mesure de la proclamation des résultats, dans la Loi électorale. « Elle permet, entre autres, d’éviter les conflits et le tripatouillage des résultats pendant la remontée et la centralisation », justifie la Synergie 22 des Osc.
Le président de la Transition, le Premier ministre et le gouvernement doivent harmoniser rapidement leurs points de vue pour avancer vers le respect des engagements pris devant l’opinion nationale et internationale. Car, tout sauf une prorogation de la transition au-delà de l’échéance prévue !
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger