Entre nous : Epargner l’armée de la propagande politique

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Le Conseil des ministres, au cours de sa session extraordinaire du 24 mars 2019, a procédé à quelques changements au niveau de l’Etat-major général des armées. Le Chef de l’Etat-major général des armées, Général de division M’Bemba Moussa Kéïta, a été remplacé par son adjoint, Général Abdoulaye Coulibaly. Soumeylou Bamba, jusque-là chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air, devient le N°2 de l’Etat-major général.

L’Etat-major de l’Armée de Terre change de commandement avec le départ du général Abderhamane Baby, remplacé par Général Kéba Sangaré. A l’Armée de l’Air, Daouda Dembélé prend les commandes en qualité de commandant à bord. Colonel-major Boukary Kodio est le nouveau directeur de la Sécurité militaire, la structure en charge du renseignement militaire.

Ces changements sont intervenus dans un contexte marqué par des événements tragiques majeurs, à savoir: l’attaque contre «le camp» de Dioura et le massacre des populations civiles à Ogossagou. A Dioura où le nombre des soldats tombés reste toujours à déterminer, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – GSIM- a revendiqué l’attaque et a démenti l’information selon laquelle elle a été menée par l’officier déserteur Bamoussa Diarra.

Selon le GSIM, c’est Amadou Kouffa qui a dirigé en personne les opérations contre la base des Fama à Dioura. A Ogossagou, l’atrocité des images des civils massacrés (plus de 160 tués) a choqué au-delà des frontières maliennes. Des images insoutenables. L’horreur de trop !

Il serait simpliste de croire qu’un changement de la chaîne de commandement militaire peut, d’un coup de baguette magique, mettre fin aux attaques des extrémistes du GSIM contre les positions des Fama ou empêcher les tueries intercommunautaires au centre du Mali.

Depuis le 8 novembre 2013, le Mali aura ainsi connu quatre chefs d’Etat-major général des armées, le dernier nommé au poste le 24 mars 2019 étant Général Abdoulaye Coulibaly. De septembre 2013 à nos jours, nous comptabilisons déjà six (06) ministres de la Défense et des Anciens combattants. Cela dénote déjà d’une très grande instabilité au niveau de ces postes stratégiques.

L’armée est aujourd’hui prise au piège de la propagande des politiques.  Il faut que les pouvoirs publics arrêtent de mentir sur l’état de reconstruction de l’armée. Il faut qu’ils arrêtent de brandir les acquisitions nouvelles des Fama comme des trophées de guerre. Cette communication politique a placé l’armée malienne à un niveau qu’elle n’a pas encore atteint, en dépit des efforts consentis ces dernières années. Ainsi, après cette attaque, l’opinion se pose des questions sur l’utilisation des nouveaux équipements, notamment les aéronefs présentés comme la fin du calvaire des militaires sur le théâtre des opérations.

L’état de décomposition des forces armées maliennes est tel qu’il est impossible d’obtenir des résultats probants dans l’immédiat. La reconstruction de l’armée demande du temps. Il ne suffit pas d’acheter des équipements militaires. Le désormais ex-chef d’Etat major, Général M’Bemba Moussa Kéïta, aimait répéter devant les troupes que « c’est l’homme qui mène, gagne ou perd la guerre et que le matériel ne constitue qu’un amplificateur, un multiplicateur de force».

La reconstruction de l’armée est un vaste chantier de plusieurs années. Et cela sans compter les « embargos » de fait décidés par ces puissances qui empêchent le Mali d’acquérir certains équipements militaires. Les pouvoirs publics doivent arrêter de mentir. Les populations doivent faire preuve de patience vis-à-vis des hommes engagés sur les théâtres d’opération qui bravent toutes les intempéries pour honorer leur serment.

Chiaka Doumbia

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