Entre nous : IBK a-t-il convaincu ?

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Le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a, enfin, pris la parole le mardi 16 avril 2019 à travers une adresse à la nation de plus de vingt (20) minutes. Une prise de parole très attendue comme il a eu à le reconnaître lui-même. Pour avoir fait ses humanités, le chef de l’Etat a, comme on pouvait s’y attendre, choisi les mots les plus expressifs à ses yeux, pour appeler ses concitoyens à la nécessaire union sacrée. Seul hic : pense-t-il avoir convaincu ? A-t-il véritablement convaincu ses compatriotes?

Attendu surtout pour ses annonces  diversement appréciées comme toujours- le discours a laissé plus d’un sur sa faim : pas un seul mot sur la fronde sociale et politique contre son Premier ministre et son gouvernement. Pas un seul passage sur les cheminots en grève de faim depuis plusieurs mots. Pas un seul mot sur toutes ces grèves qui paralysent le fonctionnement de l’administration publique.

Quelques milliards pour les déplacés du centre et les services sociaux de base dans le cadre du Programme de sécurisation intégré des régions du centre, annulation de certains de ses déplacements hors du pays, déblocage des salaires des enseignants grévistes que le gouvernement est accusé d’avoir coupés en violation des textes en la matière. La déclaration n’ayant eu l’heur d’avoir quelque impact sur le mouvement de débrayage qui se poursuit allègrement, c’est comme s’il renvoyait le gouvernement et les syndicats enseignants dos à dos, opinent de nombreux Maliens.

En ce qui concerne le référendum, il a annoncé un cadre de concertation nationale qui regroupera du 23 au 28 avril 2019, les représentants de toutes les forces politiques et sociales de notre pays. Il est fort à craindre que la concertation ainsi annoncée puisse  emporter l’adhésion de tous. D’abord, comment – en moins d’une semaine – organiser de telles assises avec des personnalités devant piloter le processus non encore désignées ? Ensuite, l’annonce d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif rime-t-elle avec l’organisation au forceps d’une concertation sur le projet de révision constitutionnelle ?

Un micro-trottoir réalisé par nos soins révèle que ses compatriotes attendaient plutôt des annonces plus fortes à défaut d’actes concrets. Certains le suspectent de vouloir, comme à ses habitudes, mettre ses interlocuteurs devant le fait  accompli. Pour d’autres, le Président IBK et son gouvernement semblent plutôt préoccupés de prouver leur bonne foi aux yeux de la communauté internationale. Et, selon leur agenda, la nouvelle constitution doit être adoptée par Référendum au plus tard le 30 juin 2019.

L’Accord pour la paix et la réconciliation prévoit la création d’une seconde chambre parlementaire. Ce qui n’est pas clairement dit à l’opinion en revanche, c’est que l’article 6 de l’Accord dispose qu’il faut : ‘’réactiver et diligenter le processus de mise en place de la deuxième chambre du Parlement sous la dénomination de Sénat, de Conseil de la Nation ou de toute autre appellation valorisante de sa nature et de son rôle, et en faire une institution dont les missions et la composition favorisent la promotion des objectifs du présent Accord ; à court terme, prendre des mesures dans le sens de l’ouverture du Haut Conseil des Collectivités notamment aux représentants des notabilités traditionnelles, aux femmes et aux jeunes’’.

Par cette manière de procéder à la révision constitutionnelle, au mépris des aspirations d’une frange importante de la population, le Président IBK donne l’impression que son agenda lui est dicté. Soit il n’a pas compris le cri de cœur de ses concitoyens contrairement à ce qu’il a soutenu dans son discours, soit il n’a cure de l’avis de cette composante de la population qui manifeste contre sa gouvernance.

Chiaka Doumbia

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