Entre Nous : La « gouvernance de rupture » à l’épreuve des vieilles pratiques

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Chiaka Doumbia
Chiaka Doumbia

La publication de la liste des bénéficiaires de la deuxième tranche de 12 566 logements sociaux a donné lieu à une avalanche de réactions. La présence de certains bénéficiaires, jugés proches du cercle du pouvoir, est source de critiques.

« M5 bougou ! Ça c’est honteux ! On pensait qu’il avait changé mais hélas ! Il est dans les pratiques d’IBK ! Et pendant ce temps : il a oublié les un peu moins de 100 personnes victimes du M5. Le PM pris la main dans le sac de la corruption et du népotisme qu’il fait lui-même semblant de combattre avec ses agents, tous corrompus ! », a réagi Amina Fofana, membre du Conseil national de la Transition. « Nous ne pouvons pas combattre la corruption sous les régimes précédents et cautionner les mêmes pratiques dans le Mali Kura. Nous demandons l’annulation pure et simple de ces attributions frauduleuses ! », a souligné Adama Diarra dit Ben Le Cerveau. Assane Sidibé, membre du Conseil national de la Transition a lancé : « Si cette liste d’attribution des logements sociaux reflète réellement ce qu’on lui reproche,  il n’y aura d’autres solutions que de l’annuler ! De toute façon, nous interpellerons le premier responsable du département ministériel dans les jours qui suivent, si nous n’avons pas d’amples éclaircissements. Le nouveau Mali ne s’aurait être un mythe, mais une réalité ». « Si ce qui se dit sur la distribution des logements sociaux est vrai, l’annulation de cette opération est impérative. Ce n’était pas la raison de notre combat contre l’ancien régime. La corruption et le favoritisme n’ont pas d’avenir dans le projet de renaissance du Mali. Les responsabilités doivent être situées en vue des sanctions », a posté Nouhoum SARR.

Les accusations portées sur les réseaux sociaux sont-elles réelles ou fausses ? Par le biais des mêmes réseaux sociaux, on apprend que le Président de la Transition a demandé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les conditions d’attribution de ces logements sociaux.

Le ministère de l’urbanisme, de l’habitat, des domaines, de l’aménagement du territoire et de la population  a annoncé dans un communiqué la suspension du processus d’attribution et la dissolution de la commission d’attribution. Le département de tutelle évoque « quelques anomalies signalées à travers les médias suite à la transmission de la liste définitive des bénéficiaires de la 2ème tranche des 12566 logements sociaux de Bamako ».

En attendant les conclusions de cette enquête (les enquêtes sont toujours ouvertes mais jamais fermées dans ce pays), il est clair que la gouvernance de rupture promise par les autorités de Transition prend un sacré coup. D’ATT à IBK, les mêmes pratiques ont continué dans l’attribution des logements sociaux avec le favoritisme, le clientélisme. Il faut être irréprochable et exemplaire à tous égards pour mener certains combats. Car, ceux et celles qui ont le pantalon troué doivent s’abstenir de grimper sur l’arbre de la transparence.

La gouvernance de rupture est à l’épreuve des vieilles pratiques. Cette gouvernance promise par les actuelles autorités de Transition ne rime pas avec de telles pratiques. Les 10, 11 et 12 juillet 2020, des jeunes gens ont perdu la vie pour l’avènement d’un Mali juste, donc un pays débarrassé des pratiques qui ont mis à genoux la jeune démocratie. Ceux et celles qui ont combattu le régime d’IBK pour les mêmes faits ne peuvent pas continuer à perpétuer ces déviances et à les défendre aujourd’hui. Et malheureusement, de la mise en place du Conseil national de Transition à cette fameuse liste des bénéficiaires des logements sociaux, sans oublier certaines nominations aux postes techniques dans l’administration, le changement chanté çà et là semble être un mirage. La lutte des populations contre l’ancienne gouvernance a été trahie et détournée sur l’autel des intérêts personnels. Tous ceux et toutes celles qui ont trahi et détourné cette lutte s’auto-démasqueront. Selon Abraham Lincoln, « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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