Le 16 juin dernier, journée de l’enfant africain, Harouna Niang, ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des investissements dans le gouvernement de Moctar Ouane, a lancé un cri de cœur sur les réseaux sociaux. Un cri de cœur partagé dans plusieurs forums de discussions.
Selon le ministre Harouna Niang, « l’excès et le débordement semblent s’installer à tous les niveaux, ignorant l’intérêt général, l’urgence et la nécessité de stabiliser le pays pour pouvoir le sauver ». « Le Mali doit-il continuer à tanguer entre ceux qui détiennent une partielle de pouvoir ? Pourquoi n’avons-nous de choix que les différentes dictatures que nous offrent nos leaders (dictature militaire, dictature du syndicat, dictature des politiques, dictature des religieux, etc….) ? Pourquoi nos leaders maliens ont-ils perdu l’esprit de patience et de dialogue ? Pourquoi veulent-ils avoir seulement raison sans tenir compte du prix à payer pour leur victoire ? », s’interroge-t-il. A l’en croire, « notre pays souffre réellement de son leadership. C’est à ce niveau qu’il faut chercher la solution de nos problèmes ».
Les dictatures énumérées par le ministre Niang sont celles-là qui prennent le Mali en otage. Elles enfoncent davantage le pays, pris dans le piège de la guerre des intérêts.
Dictature militaire. Les militaires maliens n’ont jamais quitté la scène politique depuis le 19 novembre 1968 où un groupe d’officiers subalternes idéologiquement inaptes à diriger une nation a fait irruption sur le devant en s’emparant du pouvoir. Ils sont devenus plus politiques que les politiques. Ils sont devenus plus affairistes que les hommes d’affaires. Des officiers d’opérettes ayant fui le chômage oublient qu’ils sont formés pour défendre et sécuriser le pays et de le prendre en otage pour sauvegarder leurs intérêts.
Dictature des politiques. L’élite politique qui a eu à gouverner le Mali est l’une des grandes déceptions de l’ère démocratique. Nantie des ressources financières provenant des caisses publiques, l’élite a installé une dictature de l’argent, du népotisme, du clientélisme, dans tous les secteurs de la vie. Ainsi, la vie publique est pervertie avec une inversion des valeurs. Pour tuer toute idée de résistance, elle a fait la promotion de l’ignorance à travers des réformes sans têtes ni queues. A coup de compromissions et de fuite en avant, l’élite gouvernante a transformé la démocratie en « Tagninicratie». Le partage des postes ministériels a pris le dessus sur l’alternance politique qui est l’oxygène de tout processus démocratique. Certains diront que l’avènement de la démocratie a donné naissance à des « kleptocrates déguisés en démocrates ».
George Orwell disait ceci : « Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice. »
Dictature des syndicats. Les syndicats ont poussé ces dernières années la République dans ses derniers retranchements. Un pays à terre que les revendications maximalistes et corporatistes enfoncent davantage au fond du précipice. Ce qui se passe au Mali depuis un certain temps n’est pas du syndicalisme, mais du « terrorisme syndical ».
Dictature des religieux. Des actes posés par pseudo-religieux selon l’ancien Premier ministre Zoumana Sako, ont contribué et contribuent à fragiliser la République. Le Mali allait se porter mieux si les religieux n’avaient pas investi le champ politique. La religion est devenue un fonds de commerce pour une catégorie de personnes. Des politiciens déguisés en leaders religieux pour tromper une partie du peuple à coup de manipulation. Ceux ou celles qui se cachent derrière la religion pour mener des luttes personnelles paieront tôt ou tard.
Ces dictatures tournent autour d’un jeu de positionnement et d’intérêt qui n’a rien à voir avec le quotidien de la masse laborieuse, donc du développement du pays.
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger