Une semaine après l’appel des USA, de la France et des Nations Unies, le gouvernement de Transition à travers le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a rendu public, le 15 avril dernier, un chronogramme des échéances électorales. Le référendum aura lieu le dimanche 31 Octobre 2021. L’équipe du Premier ministre Moctar Ouane envisage de tenir trois scrutins, le 26 décembre 2021. Il s’agit des élections des conseillers communaux, des conseillers du cercle, des conseillers régionaux et des conseillers du district de Bamako. Le 1er tour de l’élection du Président de la République sera couplé le 27 février 2022 à celui des Députés à l’Assemblée nationale. Le second tour de la présidentielle aura lieu le 13 mars. Une semaine après, c’est-à-dire le 20 mars, les circonscriptions électorales qui n’ont pas pu élire leurs représentants se rendront aux urnes.
La publication de ce chronogramme, après plusieurs mois d’hésitation du gouvernement de Transition, est à saluer et constitue un pas en avant pour permettre au pays de retrouver la normalité institutionnelle après le coup de force militaire perpétré le 18 août 2020 par les Colonels du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP).
Cependant, la démarche du gouvernement de Transition est moins lisible. Au moment où le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions, annonce la disponibilité d’un projet de la nouvelle constitution pour le mois de juin, le Premier ministre entretenait la classe politique et la société civile sur la mise en place du Comité d’orientation stratégique, lequel comité est chargé de faire de propositions sur quatre points, à savoir : le parachèvement du processus de réorganisation administrative et territoriale, la réforme du système électoral, l’élaboration d’une nouvelle constitution et le chantier de la régionalisation.
Le Comité d’orientation stratégique dont le secrétaire permanent, Mohamed Alfousseini Touré, ancien ministre et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, nommé le 13 avril dernier, tient ce matin sa première réunion.
Déjà, l’évolution des choses amènent de nombreux observateurs à se demander à quoi sert ce Comité d’orientation stratégique du Premier ministre. Au moment où le gouvernement écarte la création d’un organe unique de gestion des élections, il n’entame aucune discussion pour la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), laquelle est chargée de superviser le processus électoral.
Les retards pris dans le démarrage des reformes au cours de cette période sont imputables à la volonté des autorités de s’inscrire dans une transition de longue durée. Et ce chronogramme contient un piège que la classe politique et la société civile doivent déjouer pour ne pas servir de caution à une prorogation de la durée de la transition. Le piège tendu par le gouvernement de Transition aux ordres des Colonels du CNPS consiste à amener la classe politique et la société civile à soutenir que ce calendrier n’est pas tenable dans le délai imparti. Et qu’il faut aller au-delà des 18 mois. Un autre stratagème consiste à se couvrir d’éventuelles tensions pouvant découlant des démarches unilatérales, notamment celle en cours visant à rédiger en catimini un projet de constitution avant de le faire passer en force lors du référendum.
Il ne faut pas tomber dans ce piège. Les forces politiques et sociales doivent se mobiliser dans un mouvement d’ensemble pour amener le gouvernement de Transition à recentrer les objectifs sur l’organisation d’élections générales (présidentielle et législatives). Sinon, la gestion unilatérale et le passage en force d’un gouvernement aux ordres des Colonels du CNSP risquent d’accélérer le processus de somalisation du pays. Le Mali se remettra difficilement d’une nouvelle crise postélectorale.
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger