«Dans le dessein malsain de briser la dynamique de la Refondation du Mali, un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes maliens a tenté un coup d’état dans la nuit du 11 au 12 mai 2022. Ces militaires étaient soutenus par un Etat occidental. La tentative a été déjouée grâce à la vigilance et au professionnalisme des Forces de défense et de sécurité du Mali.
Le gouvernement de la République du Mali condamne avec la dernière rigueur cette indigne atteinte à la sûreté de l’Etat dont l’objectif visé est d’entraver, voire annihiler les efforts substantiels de sécurisation de notre pays et le retour à un ordre constitutionnel, gage de paix et de stabilité.
Dans le cadre de l’enquête et de la recherche des complices impliqués dans ce projet funeste, le Gouvernement de la République du Mali informe que tous les moyens nécessaires, ainsi que les mesures appropriées ont été déployés, notamment, le renforcement des contrôles aux sorties de la ville de Bamako et aux postes frontaliers. En outre, les personnes interpellées seront mises à la disposition de la justice.
Le gouvernement de la République du Mali rassure que la situation est sous contrôle et invite les populations au calme ».
Voilà l’intégralité du communiqué publié par le gouvernement en début de soirée du lundi 16 mai 2022. Cette annonce intervient après celle du retrait du Mali de toutes les instances du G5 Sahel dont, naturellement, la force conjointe. Dans les deux communiqués le gouvernement indexe, sans le nommer, tantôt un pays extrarégional, tantôt un pays occidental. Ainsi le Mali en est à sa troisième tentative de coup d’Etat depuis les événements d’août 2020 ayant abouti à la démission forcée du Président Ibrahim Boubacar Kéita.
En décembre 2020, il y a eu cette fameuse affaire de déstabilisation des institutions par un groupe de civils dont certains proches de l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé.
Depuis l’arrestation de Bah N’daw et Moctar Ouane, le 24 mai 2021, c’est la 3ème tentative de coup d’Etat que le gouvernement de transition affirme avoir déjoué. Séjournent actuellement en prison en prison dans ce cadre l’ancien directeur général de la Sécurité, Colonel-major Kassoum Goita, l’ex-secrétaire général de la Présidence Kalilou Doumbia, un commissaire de police, un militaire, un marabout et un opérateur économique.
Cette énième annonce intervient dans un contexte national et international extrêmement difficile au Mali. Le Front social bourdonne avec la cherté des prix de certains produits de première nécessité et les difficultés à se procurer des hydrocarbures à Bamako et dans d’autres capitales régionales. Des tensions persistent toujours entre le gouvernement de Transition et une frange importante de la classe politique. Pis, les forces dites du changement sont en pleine décomposition avec des appels à la démission du Premier ministre.
Cette annonce de tentative de coup d’Etat tombe au moment où le climat sociopolitique s’avère déjà délétère. Les fronts ouverts sont nombreux et il n’est pas évident que les autorités puissent faire face aux défis urgents en l’absence d’une union sacrée.
Par Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger