Le 10 juillet 2020, à la faveur de sa troisième sortie, le mouvement M5-RFP déclenchait une désobéissance civile qui consistait à dénier à compter de cette date tout pouvoir et toute autorité à IBK en tant que président de la République. C’est en tout état de cause, le message porté en son temps par Mohamed Salia Touré commis par ses compagnons pour la circonstance à lire la déclaration, avant que Mme Sy Kadiatou Sow, n’ordonne en 10 commandements aux manifestants le blocage des entrées des services de l’Etat, des entrées et sorties des principales villes, des villes secondaires et de tous les grands axes routiers, l’occupation de tous les ronds-points et ponts, etc., bref la paralysie des services publics. L’épisode était parti sur la mythique Place de l’Indépendance où il a été marqué par un appel tonitruant d’Issa Kaou Djim dans le même sens. En effet, le coordinateur de la CMAS a incité les manifestants à occuper la devanture de la Primature, de l’ORTM et de l’Assemblée nationale.
Sitôt dit, sitôt fait. Des milliers de manifestants ont pris d’assaut plusieurs édifices publics et bloqué les accès aux différents ponts de Bamako. L’Assemblée nationale, cible privilégiée de la liesse, à cause de la tournure des dernières législatives, a dû en payer le prix fort car les assaillants n’ont laissé derrière eux que ruines et désolation. Symbole de la démocratie, l’hémicycle a été saccagé et pillé avant d’être abandonné au feu. Dans la foulée, le magasin et le restaurant ont été vidés de leurs contenus, les mobiliers de bureaux (chaises, ordinateurs, imprimantes, frigos, armoires, tables, moquettes etc…) emportés, des portes arrachées et emportées, les chaises de la salle de plénière réduites en poudre. Les climatiseurs sabotés, les coffre-forts du DAF défoncés ou incendiés. Le coût financier du saccage, en attendant une estimation éclairée des spécialistes, se chiffre à plusieurs centaines de millions rien que pour remettre sur pied l’enceinte de l’institution appelée à accueillir le conseil national de la transition.
Et comme le parlement, le siège du Haut Conseil des Collectivités a été également saccagé et pillé lors de la même manifestation ayant occasionné par ailleurs la mort de 23 personnes et de nombreux blessés, tous par balles, selon le M5 qui n’a de cesse, depuis la chute du régime, de réclamer justice pour ses martyrs.
Ces actes qui n’honorent pas la démocratie malienne vont-t-ils en définitive rester impunis ? Rien ne parait plus sûr, même si le chef de l’état, Bah N’Daw a promis lors de son investiture zéro impunité aux maliens. En effet, l’ouverture d’une enquête, pour ce qui le saccage des deux institutions de la République, risque d’ouvrir la boîte de Pandore à cause des discours prononcés par des lieutenants de l’ex-autorité morale du M5, devenu un partenaire stratégique du régime. Quelle qu’en soit l’issue, le « Nouveau Mali » tant prôné et chanté par les nouvelles autorités passe forcément par l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités tant sur les 23 civils tués lors de la manif du 10 juillet que sur les actes de vandalisme perpétrés par les manifestants qui n’ont fait qu’ obéir aux ordres de leaders du M5-RFP. Notons que les vidéos en direct sont encore consignées dans les réseaux sociaux et pourront aider la justice à reconstituer la chronologie des faits de la journée du 10 juillet et suivant.
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Amidou KEITA
Source : Le Témoin