L’équipe de la médiation de la CEDEAO conduite par Goodluck Jonathan, l’ex-président du Nigeria, a rencontré, hier, tour à tour les différents protagonistes de la crise malienne. En recevant le comité stratégique du M5-RFP, qui exige toujours la démission du Président IBK, pour le premier round des pourparlers de sortie de crise, elle a écarté cette exigence en proposant la nomination d’un Premier ministre de consensus.
Va-t-on vers un échec de la médiation de la CEDEAO dans la résolution de la crise sociopolitique malienne ? Hier, à Bamako, les échanges de la délégation avec les différents protagonistes de la crise, notamment avec le comité stratégique du M5-RFP, le collectif des députés qui s’estiment victimes de la l’arrêt de la Cour, le camp présidentiel… pour tenter de trouver un dénouement à la crise qui secoue le pays depuis plusieurs mois. Alors que les membres du mouvement du 5 juin appellent à la démission du Président de la République, la délégation de médiation de la CEDEAO opte pour la légalité, c’est-à-dire le maintien du Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta à son poste sans réduire ses prérogatives de chef de l’Etat.
Une source au sein du M5-RFP rapporte que contrairement aux propositions de sortie de crise précédente de la CEDEAO, elle aurait opté cette fois-ci pour la mis en place d’un gouvernement d’union nationale avec à sa tête un premier ministre de consensus, mais pas de pleins pouvoirs. Selon cette source, la CEDEAO est venue pour sauver le soldat IBK et insiste toujours sur la reprise des élections législatives partielles dans les circonscriptions électorales contestées, le changement de la Cour. Cette demande, faut-il le rappeler, le Président de la République IBK en a déjà cédé en procédant, lors de son dernier discours télévisé, à l’abrogation du décret nommant les membres de la Cour Constitutionnelle ouvrant une fenêtre à l’organisation des législatives partielles.
Les exigences du M5
Le M5-RFP ne semble pas d’avis à cette proposition et reste figé à sa revendication de demande de démission du Président IBK et son régime. Il insiste également « sur l’ouverture d’une Transition républicaine, la libération du Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, des enquêtes judiciaires en vue de poursuivre devant les juridictions nationales et internationales, des auteurs, commanditaires et complices des tueries, blessures et exactions commises contre les manifestants ».
Le mouvement de contestation se dit outré par l’usage disproportionné de la force contre les manifestants la semaine dernière « Nous avons constitué un pôle d’avocats qui va porter plainte contre ceux qui ont ordonné à la FORSAT de tirer à balles réelles contre les populations civiles. Nous allons également saisir la Cour pénale internationale par rapport aux tueries », insiste Dr Choguel Kokala Maïga.
Le M5-RFP a renoncé d’organiser aujourd’hui un meeting de recueillement à la place de l’indépendance afin de donner une chance à la médiation qui semble avoir moins de chance d’aboutir à une solution concrète. Il a plutôt opté pour une prière collective dans tous les lieux de cultes ce vendredi à la mémoire des victimes des affrontements du week-end dernier et jours suivants.
Par ailleurs, la délégation de la CEDEAO a également eu des échanges avec le premier ministre, la majorité présidentielle, les observateurs locaux des législatives, la médiation de la CEDEAO et les députés recalés, qui s’estiment victimes de la Cour. Ces derniers ont porté, hier jeudi 16 juillet, un mémorandum à l’intention des médiateurs de la CEDAO dans lequel ils demandent « la dissolution de l’Assemblée nationale ou la prise en compte des plaintes et des requêtes par l’administration et par la Cour Constitutionnelle. »
Cette délégation de la CEDEAO qui devrait poursuivre les échanges avec les protagonistes de la crise ce vendredi et samedi est composée des groupes d’experts sur les questions politiques. Et au centre des débats pouvant aboutir à une sortie de crise, la CEDEAO devrait trouver une réponse aux questions de gouvernance, les revendications politiques de l’opposition, la formation de la future équipe gouvernementale.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net