Le 11 mai 2021, deux Maliens, vivant en Allemagne, ont été expulsés par vol spécial affrété par le gouvernement allemand pour la circonstance. L’un se nomme Christophe Cissé et l’autre s’appelle Mamadou Traoré. Si Traoré vit en Allemagne depuis 17 ans et ayant une fille allemande qui a dix sept ans, Cissé, quant à lui, est à près de dix ans. L’expulsion de ces deux Maliens dans des conditions atroces, selon eux, pendant 6h 30 mn de vol entre l’Allemagne et Bamako, a coûté à l’Etat allemand 8000 euros par personne sans compter les frais de l’avion spécial et ceux de la dizaine des policiers qui les ont accompagnés. Arrivés à Bamako, l’AME (Association Malienne des expulsés) les a pris en charge conformément à ses objectifs.
Dans le cadre de l’exécution de son programme d’activités de 2021, l’AME a organisé, le 29 mai 2021, à son siège à Djélibougou, une conférence débat portant sur le thème : «l’expulsion et le rapatriement massif : preuve plausible d’une recrudescence de violations des droits des migrants». Pour raisons de la crise de Covid-19 et de la situation sociale du pays, Toutes les structures concernées n’ont pas pu être là. Ainsi, ont été invités à ces échanges débats qui devait se tenir à la Mairie de la Commune I, les associations de défense des droits des migrants au Mali comme les représentants du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur (HCME), du Groupe de recherche et d’action sur le droit des migrants (GRAM), le Réseau Afrique interacte, le Fam, Enda Mali, Rasen, des migrants rapatriés récemment au Mali, etc. La conférence a été présidée par le président de l’AME, Ousmane Diarra, assisté par Mme Doumbia Saidatou Touré, Diakité Lamine, Mohamed Diarra (tous de l’AME). L’objectif visé à travers cette conférence débat, dit Ousmane Diarra, est de promouvoir le respect des droits des personnes migrantes et de la dignité humaine dans le monde. De manière spécifique, il s’agit de rendre public les violations de droits commises par l’Etat allemand et les pays maghrébins et autres envers les personnes migrantes ; conscientiser les populations des enjeux actuels de la migration ; renforcer des acteurs de la migration sur le plaidoyer et le lobbying.
Selon Ousmane Diarra, très récemment, l’Etat allemand vient d’expulser deux personnes de nationalité malienne à travers un vol spécial, et tout porte à croire que ces expulsions ont eu lieu en méconnaissance des droits international et national. Face à cette situation et celle de Ceuta, indique Ousmane Diarra, l’AME, très indignée, manifeste sa tristesse et sa désolation à travers la présente conférence débat dont le but est de promouvoir le respect des droits des personnes migrantes et de la dignité humaine. Et le comble a été que ces deux Maliens rapatriés, déplore le président de l’AME, nous ont montré un document du gouvernement allemand que les frais de leur prise en charge, de leurs maisons ont été versés à quatre associations de défense des droits des migrants pour les prendre en charge et de les mettre dans leurs droits. Il s’agit de l’AME, du Gram, Afrique Europe interacte, Rasen. Ce qui a été démenti par les différentes associations qui disent ne rien recevoir de la part du gouvernement allemand dans ce sens. Par ailleurs, elles ont profité de l’occasion pour dénoncer avec la dernière rigueur cette « calomnie » à leur endroit de la part de l’Allemagne. Dans les jours à venir, a fait savoir le président de l’AME Ousmane Diarra, nous, associations qui sont citées dans cette lettre, attaquerons cette note.
Mme Doumbia, Saidatou Touré a ajouté que beaucoup de retours sont enregistrés ces deniers temps. En plus de ceux venus de l’Allemagne, dit-elle, il y a ceux qui sont venus d’Algérie, de la Libye, du Niger, d’Arabie Saoudite, etc. «Tout cela dénote clairement qu’il y a violation des droits des migrants. Nous dénonçons avec la dernière rigueur ces pratiques d’autres âges qui sont en cours, et interpellons les autorités maliennes, africaines, la communauté internationale d’appliquer le droit international sur la migration ; de respecter les instruments juridiques contre les abus et les violences faits sur les migrants », a déclaré avec mécontentement Mme Doumbia.
Hadama B. Fofana
Source : Le Républicain