Face à la délégation de l’ONU : Assimi et Choguel droits dans leurs bottes

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Assimi Goita et Choguel K Maiga
Assimi Goita et Choguel K Maiga

Le duo exécutif cultive une obsession : ne pas retomber dans l’immobilisme de l’équipe précédente et se porter garant des réformes politiques et institutionnelles.

Dans cette fonction de greffier scrupuleux de la rectification de la transition, le Premier ministre ne semble pas malheureux. Sa feuille de route : les réformes politiques et institutionnelles, la sécurité. Son obsession : ne rien céder sur l’essentiel. Montrant à nouveau une forme de sérénité, le duo exécutif a affiché une solidité à toute épreuve face à la délégation des Nations-Unies qui a mené le week-end dernier une visite de routine au Mali.

Et tant pis si les sunlights ne sont pas pour lui. Assimi Goïta par nature ne goûte guère l’agitation médiatique. Et il sait par-dessus tout qu’en matière de politique, seul le résultat compte. Alors que le gouvernement s’apprête à traverser une grosse de tempête des partenaires consécutive au report de la présidentielle et des législatives, le chef du gouvernement Choguel Kokalla Maïga est apparu plus que jamais droit dans ses bottes.

Il a réaffirmé sa détermination à conduire les assises nationales de la refondation du 21 au 26 décembre. Choguel a déjà montré dans le passé avec la délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest(Cédéao) conduite par son président en exercice, le ghanéen Nana Akufo Ado qu’il n’était pas du genre à céder, qu’il était prêt à affronter des crises. En politique, il n’y a rien de pire que l’immobilisme. Péché d’orgueil ? Pas seulement. Choguel Kokalla Maïga le sait. Les réformes sont une étape essentielle pour la quatrième république qui s’annonce. Et la transition est le moment propice à ces réformes. Du moins, derrière le projet de nouvelle constitution ne peut flotter aucun parfum de manipulation de la loi fondamentale aux fins d’un troisième mandat. Renoncer à ces réformes, ce serait renoncer à la modernisation de notre pays.

Le premier ministre a été durablement marqué par le renoncement aux réformes sous le capitaine Aya Sanogo et Dioncounda Traoré alors qu’il n’était que chef de parti politique. Peut-être qu’il l’a très mal vécu. Il en a conçu une solide rancœur à leur égard et surtout une conviction : en politique, il n’y a rien de pire que l’immobilisme.  Ces réformes sont la seule façon de rétablir la confiance dans le monde politique. Choguel s’est donc complètement investi dans cet objectif.

Le duo tient bon et à être solidaire, quoi qu’il arrive. Et si Choguel affiche pour l’instant  une complicité totale avec le chef de l’État sur ces questions, il sait qu’au final, ce n’est pas lui qui aura le dernier mot.

En faisant le décompte scrupuleux de leurs premiers mois et des défis qui restent à relever, les citoyens n’ont pas trop à rougir de leur bilan mais qui n’est pas encore suffisant au regard de l’insécurité galopante, du coût de la vie, entre autres. En outre, ils ont plus de fils à retordre avec certains,  l’ex-majorité présidentielle qui crache dans la soupe des assises nationales. Mais leurs rangs se fissurent peu à peu avec double annonce de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma PASJ) et Yéléma d’y participer à toutes les étapes.

Pistolet sur la tempe

 Loin de se rendre aux appels pressants de la communauté internationale visant à tenir les élections aux dates prévues – dans un contexte sécuritaire où plus de 2/3 du territoire national sont occupés-les menaces de sanctions ne sont pas de nature à apaiser la tension actuelle. « La sécurité occupe naturellement l’ordre des priorités le plus élevé » a soutenu le premier ministre, avant de poursuivre « comment battre campagne dans des contrées affectées par l’insécurité, assurer la pleine participation des citoyens sans le préalable de la sécurité. Les choix politiques et courageux et avisés sont en cours, qu’il s’agisse de l’autorité (de gestion des élections) ou des assises nationales de la refondation au terme desquelles les Maliens vont renouveler leur vision de l’État ».

Sur le fond, le duo ne s’avoue pas vaincu. Bien au contraire, peut-être rassuré par le fait que les partenaires préféreraient une fois encore donner la priorité au dialogue sur la sanction. Les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont « dans la région soutenir les organisations régionales comme la Cédéao, insister sur le respect des délais électoraux et, si ce n’est pas possible, avoir au moins un calendrier réaliste », avait expliqué à l’AFP un diplomate à l’ONU avant la visite. A l’évidence, ils n’envisagent guère se rendre, renoncer au soutien du peuple à cause des pressions extérieures.

La délégation onusienne, arrivée samedi à Bamako, et codirigée par l’ambassadeur du Niger aux Nations unies Abdou Abarry et son homologue français Nicolas de Rivière, comprend notamment l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. Qui ont rencontré dimanche le président de transition, le colonel Assimi Goïta, puis le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, après des entretiens dans la journée avec des représentants de la société civile et des groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger de 2015.

Georges François Traoré

Source : L’Informateur

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