Faute de n’avoir pu s’entendre sur la distribution des ordinateurs tablettes, la Faculté des Sciences Techniques(FST) qui avait bien commencé l’année académique 2018-2019 (le 1erOctobre) et qui était sur le point de boucler toutes les évaluations au plus tard le 15 juillet, est au arrêt. La pomme de discorde : alors que le comité AEEM de la FST veut avoir un quota dans la distribution comme ça été le cas dans d’autres facultés, instituts et grandes écoles, la commission de distribution de la FST s’oppose catégoriquement à cette pratique. Argument avancé: Ce n’est pas ce qui a été instruit par la hiérarchie. Pensant que l’insécurité prévaut au sein de la Faculté avec les différents reports dans la distribution des tablettes à cause du comité de l’Aeem, l’Assemblée des Facultés (instance suprême de la faculté), a décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques jusqu’au retour de l’ordre et la sécurité au sein de l’école. A quand le retour de l’accalmie alors ? Selon le Vice doyen que Le Républicain a rencontré « à partir du 31 juillet l’école pourrait laisser les enseignants aller en vacances ». Que pensent l’administration et le comité Aeem de la FST de ce blocage ? Le Républicain a rencontré les protagonistes.
Selon le Pr Bernard Sodio, vice Doyen de la Faculté des Sciences Techniques (FST) : « C’est le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qui a offert les dites tablettes aux étudiants. On nous fait savoir que c’est purement politique et non pédagogique. La FST a reçu sa part à travers notre rectorat : Université des Sciences Techniques, Technologiques de Bamako (Usttb) ». II s’agit en tout de 850 tablettes, explique-t-il. Pour encourager le genre, il a été décidé d’offrir 100 tablettes aux jeunes étudiantes. Et les 750 tablettes devaient être distribué sur mérite (cela concerne tant les étudiantes que les étudiants à part celles qui auraient déjà reçues). Selon notre interlocuteur, c’est ce qui a été instruit par la hiérarchie.
La commission mise en place, pour la transparence était composé du vice Doyen, du secrétaire principal, des représentants des DER, le responsable matériel, un point focal, plus deux membres du comité Aeem. « Avant le courrier venu d’en haut, lors de notre première réunion, on a proposé d’attribuer 50 tablettes à la salle informatique, et 50 autres pour le comité Aeem. Mais quand le courrier nous a instruit de ne donner qu’au plus méritants, on a enlevé l’équipement du bureau de l’Aeem et de la salle informatique », explique le Vice-doyen. Concernant les critères de sélection, on a retenu les nouveaux bacheliers qui ont 12 de moyenne. Ensuite, les étudiants qui ont passé en 2ème ou en 3eme année sans crédit. Enfin, ceux qui ont passé avec un crédit ou deux crédits. Cependant le secrétaire général Moussa Guindo du comité Aeem de la FST a interpellé le Vice-doyen dans un message: « 9 comités Aeem plus le comité de l’université de Ségou ont reçu leurs quota. Alors pourquoi pas nous ? », nous explique le Vice-doyen.
Mais vu notre décision de respecter les recommandations de la hiérarchie, l’Aeem est entré en rébellion avec des déclenchements de grèves, de perturbations des cérémonies de distribution des tablettes, explique le Pr Bernard Sodio, vice Doyen de la Faculté des Sciences Techniques. Cette distribution a été plusieurs fois reportée pour ces raisons. La dernière fois qu’on devrait le faire, le 23 mai, en accord avec le commissaire du 4ème arrondissement pour assurer la sécurité, ce jour, ce dernier a été injoignable et ses hommes ne sont pas venus pour empêcher les perturbations du comité Aeem. « Au vu de la situation, l’Assemblée des facultés, instance suprême de la faculté, s’est réunie pour tirer les leçons. Après réflexion, elle a décidé de suspendre toutes les activités pédagogiques jusqu’au retour de la sécurité. C’est cette lettre qu’on a adressé au Rectorat de l’USTTB. Et nous avons fait retourner les tablettes d’où elles sont venues. Je ne sais pas si elles sont arrivées ou pas, mais elles ne sont pas ici. On devait finir toutes nos évaluations et fixer tous les étudiants sur leurs sorts au plus tard le 15 juillet. Mais avec cet arrêt, rien n’est plus sûre. Mais je sais une chose, à partir du 31 juillet, nous laisserons les enseignants aller en vacances », déclare le Pr Bernard Sodio, vice Doyen de la Faculté des Sciences Techniques.
De son côté, le secrétaire général du Comité AEEM de la FAST, Moussa Guindo s’explique : « En ce qui concerne la distribution des ordinateurs tablettes, c’est le bureau de coordination de l’Aeem qui devrait la faire. Mais on a décidé qu’elle soit faite par le ministère en charge de l’enseignement supérieur. Quand les tablettes sont arrivées, notre Doyen nous a appelés pour nous en parler. Nous avons exprimé notre souhait au Doyen d’avoir un quota comme il y en a eu au niveau des autres facultés, Instituts et Grandes écoles (grâce à la collaboration entre les Doyens, directeurs avec l’Aeem). Le Doyen n’a pas posé de problème tout en précisant que cela dépendra de la commission de distribution qui sera mise en place. Malheureusement, la commission a refusé avec l’intransigeance du vice Doyen et son secrétaire principal. Selon lui, il y a un critère qui est celui des plus méritants. Elle n’a pas voulu non plus un quota de 50 tablettes pour la salle informatique ». Ensuite la promotion 2018 a été exclue de la distribution. Selon la commission, une liste sera publiée pour ceux qui le méritent, poursuit le secrétaire général du Comité AEEM de la FST, Moussa Guindo. « C’est quand nous avons constaté le retard dans la distribution des tablettes, que nous avons commencé avec les revendications que nous avions suspendues. Notre lutte c’est d’être traités au même pied d’égalité que les autres facultés. Si on veut tous la bonne marche des choses, on doit procéder comme dans les autres facultés, instituts et grandes écoles. Lors de la rencontre du 15 mai de la commission, ils ont fait sortir une liste qui n’avait été montré à aucun membre de la commission avant », selon lui. Selon lui la commission a travaillé dans l’opacité totale et l’Aeem exige que tout soit suspendu jusqu’à ce qu’on décide de travailler dans la transparence, car certains membres de la commission ont dressé une liste dans le secret, sans tenir compte des autres comme l’Aeem. Le jeudi a été retenu pour la distribution, et ce n’est que la veille, qu’ils ont affiché la liste des bénéficiaires. « Notre remarque a été que figurent sur la liste des étudiants de la promotion 2018 (alors que la commission avait décidé de l’écarter). Il y avait sur la liste également des étudiants qui ne sont même pas au Mali. C’est quelque chose que nous ne pouvons accepter. La liste devait être présentée à la commission et validée par elle, au lieu d’être élaborée par une ou deux personnes », poursuit le secrétaire général du Comité AEEM de la FAST, Moussa Guindo. « Quand nous nous sommes opposés à la distribution des tablettes, ils nous ont dit qu’ils vont les faire retourner au Rectorat, on a accepté cette idée. Voyant la tournure que prend la chose, le Doyen nous a conviés. A l’occasion, on est revenu sur la question des tablettes encore et le report des examens aussi ». Le 27 mai, devaient commencer les évaluations, mais il n’y avait pas de professeur, et vers 11 heures, j’ai dis aux camarades de rentrer jusqu’à ce que la nouvelle date soit fixée, indique le secrétaire général du Comité AEEM de la FAST, Moussa Guindo. « Nous avons entendu que les activités pédagogiques sont arrêtées à cause de l’insécurité. Nous nous portons en faux contre de telles accusations. Je puis vous affirmer qu’il n’y pas d’insécurité ici. On n’a agressé personne, ni insulté personne. On a rien contre l’administration, ni contre nos camarades contrairement à ce qu’a fait croire notre décanat. Mais nous demandons tout simplement la distribution des tablettes et la nouvelle date des examens », affirme le secrétaire général du Comité AEEM de la FAST, Moussa Guindo. Au moment où toute la nation se mobilise pour sauver l’année scolaire, à la FST les uns et les autres doivent trouver le compromis nécessaire pour atteindre cet objectif national. Il en va de l’intérêt de tous. C’est pourquoi la hiérarchie doit vite donner des instructions précises et constructives pour sauvegarder la longueur d’avance que cette faculté a eu le mérite d’avoir sur beaucoup d’autres.
Par Hadama B. Fofana