Faits divers : L’ami assassin

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Le jeune homme a utilisé l’argent de son ami avant de se montrer réticent à l’heure du remboursement. Pour étouffer l’affaire, il a décidé de le faire taire définitivement. Et de la manière la plus cruelle

Le Commissariat de police du 17è arrondissement du District de Bamako vient de mettre la main sur un certain S.N. Ce quadragénaire est suspecté d’avoir tout simplement ôté la vie à un de ses amis. Motif : la victime, S.S lui avait confié la somme de deux cent mille francs CFA. Apparemment, le meurtrier semblait avoir utilisé l’argent en question.

Lorsque S.S a eu besoin de son bien, une vive altercation s’est produite entre les deux amis avant que l’irréparable ne se produise. Ensuite, le meurtrier est tout calmement rentré chez lui, comme si de rien n’était. Mais il avait oublié que les professionnels de la police sont capables de dénouer les affaires les plus compliquées pour que les fautifs soient punis conformément à la loi. Et c’est au grand soulagement des proches et parents de la victime que l’ami tueur a été interpellé par les limiers du commissariat de police cité plus haut.

Tout est parti d’un « Soi-Transmis » du Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune II, adressé au commissariat de police du 17è arrondissement. Il était relatif à une plainte déposée par un proche de la victime contre X pour « enlèvement et séquestration » d’un citoyen domicilié à Sikoroni, un quartier de la Commune II du District de Bamako.

Dès réception du document juridique, les policiers sont entrés en scène sur ordre du Commissaire divisionnaire Seydou Coulibaly. Les éléments de la Brigade des recherches conduits par le commandant Souleymane Sidibé ont, en un temps record, fourni des renseignements, plus utiles les uns que les autres. Le même jour, quelques heures après, le commissaire Moussé M’Baye a pu rassembler les éléments du puzzle permettant ainsi l’interpellation du suspect numéro un de cette histoire de meurtre. Il a été identifié comme S.N, maçon de profession, également domicilié à Sikoroni en Commune II du district de Bamako, tout comme S.S sa victime.

Conduit dans les locaux des policiers et interrogé, le suspect a fondu en larmes comme pour faire comprendre aux officiers de police judiciaire, que le défunt était un bon ami à lui. Le visage inondé de larmes (de crocodile ?), il aura au moins la force d’expliquer cette sordide histoire d’argent qui les a opposés et qui a finalement tourné au drame.

Selon nos sources à la police, c’était le 31 janvier dernier. Ce jour là, S.S (la victime), accompagné d’un de ses amis s’est rendu chez son créancier et futur bourreau S.N. C’était dans le but de lui demander de rembourser une partie (25 000Fcfa) de l’argent qu’il lui a confié il y a quelque temps. Très vraisemblablement, le débiteur n’était pas en mesure de payer le moindre kopeck de la somme concernée, désormais transformée par la force des choses, en dette entre les deux amis. Donc, la seule façon pour lui d’étouffer cette affaire de façon définitive entre eux, c’était de se débarrasser de celui qu’il n’a pas hésité de qualifier de bon ami. Et çà, S.N l’a fait de la façon la plus cruelle.
Le jour des faits, lorsque S.S et son accompagnateur se sont présentés chez lui, pour réclamer les 25.000 Francs sur les deux cent qu’il lui doit, S.N avait déjà un plan en tête lui permettant d’en finir avec cette affaire. Une fois qu’il les a reçu chez lui, le jeune homme a tout de suite usé de subterfuge pour éloigner l’accompagnateur de sa victime. Il a imaginé une commission fictive et a demandé au bonhomme venu avec S.S de l’accompagner pour cette commission urgente. Nous apprendrons plus retard que c’était pour être seul avec sa future victime. Et ce fut le cas quelques instants plus tard. Peu de temps avant, il a promis à S.S de revenir sous peu pour lui donner les 25.000 Francs CFA avant de s’éloigner avec l’accompagnateur de S.S sur une moto. Puis quelques heures plus tard, précisément aux environs de 22 heures la même nuit, l’ami est revenu seul. Cette fois, avec un plan machiavélique en tête qu’il va mettre à exécution.

Il a proposé à sa victime de l’accompagner à Sékoubougou, un quartier situé au flanc de la colline de Koulouba. Prétextant qu’il doit cueillir des feuilles d’une plante médicinale en brousse là-bas. S.S ne se doutant de rien, a entièrement crû en cette histoire de son ami et futur bourreau. Le temps passe et les deux amis se sont retrouvés sur les hauteurs de la colline. C’est en ce moment que l’ami meurtrier a montré son vrai visage. Les échanges ont commencé entre les deux. Plus le temps passe, plus le ton monte. S.S commença à comprendre que son ami ne veut plus du tout lui payer son argent. Pis, il a décelé en lui une attitude meurtrière contre laquelle rien d’autre ne pouvait s’opposer si ce n’est Dieu le Tout Puissant.

Désormais engagé dans une logique d’assassinat, S.N a profité d’un moment d’inattention de son vis à vis pour lui donner un coup de poignard au bas ventre. La victime ne pourra pas supporter le coup de canif. Il tituba pour s’affaler sur le sol sous les yeux de son bourreau. Visiblement insatisfait le meurtrier traîna sa victime sur quelques mètres dans les buissons. Là, il l’acheva en l’égorgeant tout simplement. Tout cela, parce qu’il ne voulait pas payer une dette de deux cent mille francs CFA. Ensuite, l’ami assassin a fouillé dans les poches du pauvre quasiment mourant, pour lui enlever son téléphone portable. Il a ôté la puce de l’appareil qu’il jeta dans les buissons. Puis, pour faire disparaître toutes traces de sang, il se dirigea vers un marigot dans les confins du quartier Hippodrome-Extension où il se nettoya proprement avant de rentrer tranquillement chez lui. « Quelle que soit la nature d’un crime, il se paie toujours », dit-on.

Lorsque les policiers du 17è arrondissement ont pris le dossier en main, il se trouvait que leurs collègues du 8è arrondissement avaient également été saisis pour la même affaire. Pour la suite, c’est dans une parfaite collaboration policière que les unités de recherches des deux commissariats de police ont travaillé, pour finalement faire toute la lumière sur cette sordide histoire d’argent qui a tragiquement pris fin. En parallèle, les limiers ont perquisitionné le domicile du suspect. Cette perquisition s’est avérée fructueuse et très compromettante pour lui. Le résultat a fini par enfoncer S.N jusqu’au cou, comme on le dit. Un jeune homme qui risque d’avoir du mal à se défendre face aux preuves quasiment irréfutables. Pis, il a désormais sur la conscience, le fait d’avoir froidement assassiné un polygame, père de huit enfants, désormais orphelins. Cela, à cause d’une somme de deux cent mille Francs CFA qu’il devait d’ailleurs à sa victime. Son dossier est entre les mains du Procureur du Tribunal de Grande Instance de la Commune II pour la suite.
Tamba CAMARA

Source : L’Essor

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