À Fana, en raison des assassinats en série, les mères de famille vivent la peur au ventre. Les autorités sont interpellées pour une meilleure sécurisation des villes.
« Mon fils de 9 ans est sorti depuis le soir, à mon insu et sans donner signe de vie, jusqu’à 22 h, nous a appris une mère au foyer dans la commune rurale de Guégnéka, à Fana. Après plusieurs appels téléphoniques sans avoir de ses nouvelles, je me suis résignée à déclarer qu’il n’était plus de ce monde. »
Cette mère de famille apprendra quelques minutes plus tard que son fils se porte bien. Il avait juste accompagné des amis au champ. Dans le désespoir naît souvent l’espoir, dit-on.
Une autre mère au foyer s’est, en raison de la situation préoccupante, érigée en gardienne de ses enfants et petits-enfants. « Quand je perds mes enfants ou petits-fils de vue, durant quelques minutes, je sors rapidement les chercher. Notre ville n’est plus sécurisée », nous a-t-elle confié.
Des crimes rituels ?
Cette crainte permanente est l’état d’esprit de la quasi-totalité des mères, qui vivent dans cette ville, connue pour les assassinats à répétition. On se rappelle du cas le plus emblématique, celui de la petite albinos Ramata Diarra, en 2018. Cet assassinat est, faut-il le rappeler, précédé par plusieurs cas et suivi par d’autres dans la même ville. Ville située sur la route Bamako-Ségou.
À Fana, dans la région de Dioïla, la plupart des assassinats survenus sont des décapitations. Les auteurs décapitent leurs victimes et n’emporteraient aucune partie de leur corps. Ce qui a laissé supposer que leurs actes seraient motivés par un besoin en sang humain pour en faire des crimes rituels.
Dans la nuit du 9 au 10 juin 2020, Bakary Sangaré, un militaire à la retraite, âgé de plus de 50 ans, a été retrouvé assassiné dans sa chambre. Selon le constat des médecins ainsi que des autorités locales ayant effectué le déplacement sur le lieu du crime, la victime aurait reçu des coups, avec une arme tranchante, sur la tête. Comme pour la plupart des autres crimes, le corps sans vie de la victime serait trouvé intact.
Crainte ou manque de confiance
Suite à cette insécurité grandissante dans cette ville, les autorités maliennes ont jugé important d’y implanter un commissariat de police afin d’assurer des patrouilles nocturnes de grande envergure. Une décision motivée par la volonté de réduire ces décapitations en série.
Pour une meilleure gestion de cette situation sécuritaire, les autorités locales n’ont de cesse demandé l’accompagnement des populations. Elles sont invitées à dénoncer des comportements ou des individus suspects dans leurs alentours.
En août 2020, un animateur d’une radio privée de la ville avait fait des révélations en dévoilant l’identité de celui qu’il a indiqué comme « un coupable » de certains de ces crimes. La crainte ou le manque de confiance semble donc constituer un véritable obstacle à la lutte contre ce phénomène.
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Source : https://saheltribune.com