Fermeture par la HAC de Joliba Tv News : Presse bâillonnée n’est-elle pas égale à Démocratie confisquée ?

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La Haute Autorité de la Communication, HAC, a suspendu la Chaine de Télévision Privée Joliba TV News pour 2 mois, au motif que le journaliste Mohamed Ataher Halidou  dans son éditorial du 30 septembre 2022 aurait diffamé la structure et certainement les autorités de la transition. Cette décision, tombée comme un couperet le jeudi 3 novembre s’apparente à un harcèlement, voire un musèlement, toute chose qui  est aux antipodes des valeurs de liberté et de démocratie chèrement conquises en 1991. En effet, acquise de longues et hautes luttes des patriotes et au prix d’énormes sacrifices, la démocratie, avec elle la liberté d’expression, est en train d’être confisquée au Mali dans un silence assourdissant des partis politiques, des organisations des Droits de l’Homme, des faitières de la presse et de tous les démocrates, épris de justice et de liberté. L’Autorité de Régulation a-t-elle mesuré les conséquences de sa décision avant d’agir ainsi ? Les autorités de la transition ont-elles encore besoin d’ouvrir un autre front alors que ceux qui le sont déjà brûlent à 100 degrés ?  Après France 24, RFI et Joliba TV News, à qui le prochain tour ?

L’appel que nous pouvons lancer aux membres de la Haute Autorité de la Communication, qui ont eu l’outrecuidance, voire le zèle  de prendre une telle décision, c’est d’examiner le recours gracieux introduit par Joliba TV News, afin de lever très rapidement la suspension, car le Mali a suffisamment des défis à relever. La crise multidimensionnelle que le pays traverse est suffisamment grave pour ne laisser  aucune place à des crises mineures. Le Mali doit se consacrer à sa crise à la fois  sécuritaire, sociale, politique, économique, financière et même identitaire. La HAC aurait dû analyser tous les contours pour éviter de tomber dans un certain piège, celui de l’assujettissement, de la soumission aveugle à l’autorité de l’Etat, alors qu’elle est censée réguler la presse conformément aux principes édictés par la réglementation en vigueur. La décision, au-delà de son caractère partial, a été prise au moment où le Mali a besoin de beaucoup plus de paix, de stabilité et surtout d’union pour faire face au péril en la demeure. Comment ces éminentes personnalités qui composent la HAC et  dont certaines  ont fait leur preuve dans le domaine de la presse n’ont pas pu faire cette lecture pour éviter de tomber à bras raccourci dans le piège des autorités. Les propos tenus par notre confrère Mohamed Ataher Halidou dans son Edito désormais historique sont-ils aussi graves que certaines pratiques que l’on voit au quotidien et qui sont dans  le champ d’action de la HAC? En attendant d’avoir des éléments de réponse à cette question, nous en appelons au sens  de l’apaisement et au respect des principes démocratiques dont la liberté d’expression et surtout la diversité d’opinions constituent la pièce maîtresse.

Pour rappel, la démocratie malienne a été arrachée dans le sang après la révolution de Mars 1991. Elle est le fruit de nombreux sacrifices dont plus d’une centaine en vies humaines. Face au danger qui plane sur cette belle démocratie ne faudrait-il pas blâmer les nombreux partis politiques pour leur silence de carpe qui est synonyme de complicité ? Quid des organisations de la société civile dont l’existence est étroitement liée à la liberté d’expression, donc à la démocratie. A ce rythme il faut craindre la fin programmée de la démocratie, car la timide condamnation faite par la presse, les partis politiques et les organisations de Défense des Droits de l’Homme en dit long sur la capitulation, la peur bleue de ces organisations. Quand aux partis politiques ils sont encore dans des  calculs politiciens, rasant le mur et victimes d’une campagne de dénigrements, de diffamation, ils ont peur de s’afficher. Et pourtant  les acteurs du Mouvement démocratique sont les premiers à être interpellés, car même sous la dictature du Général Moussa Traoré la presse n’a pas été aussi malmenée, bâillonnée et vilipendée comme un mal propre.

En définitive, la très pertinente question que tout démocrate doit se poser est celle de savoir, après France 24, RFI et Joliba TV News, à qui le prochain le tour ? En attendant d’avoir la réponse à cette question, nous tirons la sonnette d’alarme pour dire stop à la confiscation de la démocratie et de la liberté d’expression.

Youssouf Sissoko          

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