La communauté musulmane du Mali a célébré dans la nuit du 28 au 29 octobre 2020 l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (Psl). L’occasion était bonne pour les musulmans et musulmanes de renouer le contact avec les prêcheurs dans les mosquées, les places publiques ou sur les terrains de football. Le Cherif de Banconi, Ousmane Cherif Madane Haïdara, a profité du thème retenu pour la circonstance « Ensemble pour la renaissance de notre patrie » pour régler ses comptes avec ses détracteurs qui ne manquent également aucune occasion pour le taxer de tous les péchés d’Israël.
En effet, devant ses centaines de milliers d’adeptes rassemblés au Stade du 26 mars dans le cadre de la célébration de Maouloud, Ousmane Madani Haïdara a affirmé qu’il n’a jamais soudoyé un président pour qu’il nomme un de ses proches à un poste ministériel. «Moi mon combat n’est pas pour des postes ministériels ou même de chasser les présidents. Demandez aux présidents Alpha, ATT ou IBK, et même les acteurs de transition. Si j’ai une fois suggéré à ce qu’ils nomment un de mes proches. On doit mettre sur pied le CNT vous pouvez demander aux militaires si je leur ai donné de nom… Moi Haidara, je n’ai aucun ministre dans ce gouvernement ni dans aucun autre, je ne fais pas de la politique en me cachant derrière l’islam». Et ce n’est pas tout. Comme à ses habitudes, il a clamé haut et fort sa fierté de se distinguer des autres leaders musulmans par une nette autonomie vis-à-vis des pouvoirs politiques : «je n’ai jamais demandé un franc à un politique. Au contraire, c’est moi et les ançars qui venons en aide aux pouvoirs politiques», a-t-il martelé. Le guide spirituel de Banconi fait ainsi allusion aux 100 millions de franc CFA récemment mobilisés par sa confrérie pour le compte de l’armée. Et même si Haidara n’a pas clairement mentionné le destinataire de ses piques, il n’y a nul besoin d’exceller dans les arts divinatoires pour comprendre que ses tirs croisés visent l’Iman Mohamoud Dicko. Car les deux hommes se marquent à la culote depuis que l’un a quitté la tête du Haut Conseil Islamique du Mali au profit de l’autre.
Haidara s’est même permis de faire des révélations. En effet, selon lui, en 2013, c’est Mohamoud Dicko qui est parti le voir chez pour lui demander de mobiliser ses adeptes derrière la candidature d’IBK. Réticent au départ, il finira par accepter suite aux insistances de son visiteur de marque, selon ses explications. Il s’agit de révélations très peu connues du grand public qui va sans pousser les Maliens à se faire une nouvelle opinion sur l’autorité morale de la fronde ayant déposé IBK. Surtout qu’il s’est imposé un silence radio depuis la formation du gouvernement qu’il a eu le privilège d’influencer en proposant le Premier ministre et en positionnant quelques-uns de ses plus proches dans l’équipe de transition conduite par Moctar Ouane.
Amidou KEITA
Source : Le Témoin