Fin d’année ensanglantée au Sahel : L’année 2020, déterminante sur le plan sécuritaire

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Des soldats du Burkina Faso lors d’un entraînement avec l’armée autrichienne, le 13 avril 2018, près de Ouagadougou
Des soldats du Burkina Faso lors d’un entraînement avec l’armée autrichienne, le 13 avril 2018, près de Ouagadougou

Les rideaux tombent sur une année très difficile sur le plan sécuritaire. Alors qu’une liste de cité-martyrs est ouverte, les populations du Sahel prient le ciel pour qu’elle soit la plus courte possible. Tabancort, Indelimane ou encore Inates la nigérienne, ont toutes été victimes de la folie meurtrière de hordes de bandits sans foi, ni loi. Un changement stratégique est vital pour l’année qui s’annonce. Ainsi qu’une plus grande disponibilité de ressources financières et matérielles dans la lutte contre le terrorisme.

« C’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel ». Ces propos sont du Chef d’état-major général des Armées de la France, le Général Lecointre. Lui dont le pays est, de plus en plus, la cible de critiques, aussi bien du côté sahélien que du côté local, pense que Barkhane est indispensable dans le dispositif sécuritaire de la zone. Toujours selon le Général, et dans la suite des propos qu’il aura tenus lors d’un déplacement au Sahel il y a une dizaine de jours, « sans Barkhane, les Etats du Sahel s’effondreraient ». Au niveau du commandement français, reflet de la décision politique de l’Elysée, Barkhane doit continuer. Et la rencontre de Pau, annoncée pour mettre les points sur les i quant à la présence militaire française dans la zone, n’en changerait rien. Sauf bien sûr, énorme retournement de veste. Les positions décriées çà et là, n’auront, en principe, pas grande incidence.

Toutefois, les récentes tueries, ainsi que la collision de deux hélicoptères français dans la zone du Liptako-Gourma, auraient fait l’effet d’un coup de pied dans une fourmilière. Ainsi, en prenant aussi en compte l’opinion publique de part et d’autre de la Méditerranée, la stratégie de l’Elysée qui était de se désengager peu à peu militairement du nord malien, et du Sahel en général, tombe à l’eau. Après les grands succès de Serval, Paris voulait une autre opération militaire, moins gourmande en ressources financières et humaines, tout en maintenant une présence active dans la zone. Peu de temps après une telle prise de décision, et avant sa mise en œuvre, le péril du terrorisme s’est « sous-régionalisé ». Barkhane est né ! Le coté paradoxal de cette opération militaire est qu’elle couvre la quasi-totalité des pays du Sahel mais avec presque le même nombre d’hommes mobilisés que sa précédente Serval, pourtant bornée au nord malien.

Aujourd’hui, à l’épreuve du terrain, Paris se sent bien seul. Les Etats de la zone disposent d’un appareil sécuritaire vétuste et les soldats sont peu entrainés, surtout face à la guerre asymétrique que mènent les assaillants. Et la communauté internationale semble bien peu intéressée par le dossier malien, certainement occupée par d’autres dossiers de plus grande envergure à ses yeux. Les camarades européens de la France sont aussi peu enthousiastes à l’idée de s’engager militairement dans le bourbier sahélien. Pour compléter le tableau, maintenant que le piège s’est renfermé sur la France qui aurait sous-estimée l’ampleur de la crise sécuritaire malienne, pour des raisons de fierté diplomatique et stratégique, elle ne peut se désengager de la zone sans réduire autant que possible la puissance de feu des terroristes. Car, souvent, l’orgueil a aussi sa place dans les relations internationales.

Pour autant, assistera-t-on à une montée en puissance de Barkhane, pour être à la hauteur du défi sécuritaire posé ?

En tout cas, le Général Lecointre l’a affirmé en ces termes : « …nous allons passer à la vitesse supérieure. ». Aussi, le militaire ne cache pas son pessimisme si Barkhane ne se muait pas en un Serval bis. La logique du terrain l’impose. Il ne doit pas être perdu au risque d’avoir des incidences jusqu’en France où le mercure social est à vif. Là-bas, une certaine opinion pense que le pays dilapide les ressources du contribuable pour une guerre qui coute cher alors que la précarité y règne. Tout serait donc lié.

Cependant, le pragmatisme nous impose un constat. En laissant de côté toutes les « fake news » qui émaillent la toile sur une supposée duplicité de la France avec les terroristes pour piller les richesses du nord, seul Barkhane, grâce à la puissance de feu dont dispose l’hexagone, peut faire le poids valablement dans cette guerre. Si duplicité il y a, la vérité éclatera. Car il est une réalité universelle qui dit que le mensonge donne des fleurs mais jamais des fruits.

Bref, l’année 2020 est celle de tous les dangers mais aussi de tous les espoirs. Barkhane et G5 Sahel devront être à la hauteur du défi sécuritaire.

Ahmed M. Thiam

Source  : Inf@sept

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