Sous la présidence du Ministre de la Promotion de l’Investissement privé, des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Entreprenariat national, Madame Safia BOLY, la salle de conférence de la Foire d’Exposition de Bamako (FEBAK) a servi de cadre au panel de haut sur la problématique du financement des PME (Petites et moyennes entreprises)/ PMI (Petites et moyennes industries). Cadre de réflexion organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) avec l’accompagnement du département du de l’Industrie et du commerce. Il s’agissait pour les acteurs du gouvernement, des commerçants, des banques, des PME et PMI, de communier, de voir comment on peut régler cette question importante de financement qui préoccupe tout le monde. Les panélistes conviés pour la circonstance étaient : Moussa Alassane Diallo, Président du Conseil d’Administration de la Banque nationale de Développement agricole (BNDA), Mme Touré Mariam Siby, chargée du département PME/ PMI à la Banque de Développement du Mali (BDM), Tidiane Diarra, Directeur général adjoint du Fonds de garantie pour le secteur privé, Almoustapha Mamata Touré, Directeur adjoint d’exploitation à la Banque Malienne des Solidarité (BMS).
Selon Moussa Alassane Diallo, PCA BNDA, président d’honneur de l’APBEF, «en organisant ce sujet sur le financement des PME/PMI, c’est un rituel qui arrive. » Les banques, ajoute-t-il, viennent de parler des difficultés des entreprises, mauvaises qualités des dossiers, mauvaise qualité de l’étude de marché, mauvaise qualité de la formation, l’entreprenariat insuffisant, taux d’intérêt insuffisant, difficile accès des financements selon les entreprises, les procédures sont complexes et énormes, les taux d’intérêt sont élevés, etc. Selon lui c’est un dialogue de sourd. Comment sortir de cette situation ? A l’en croire, c’est cette problématique qui est au cœur de l’économie. « Pour la simple et unique raison que 80% des entreprises au Mali sont des PME/PMI. 20% de l’économie sont des grandes entreprises. Le tissu économique de l’économie malienne repose sur les PME/PMI. Pendant dix ans, j’ai été président de l’APBEF. J’ai inscrit l’accès des PME/PMI aux financements au cœur de la problématique. Tous les ministres des finances qui se sont succéder de 2008 jusqu’en 2017, la problématique que je leur ai posé c’est l’accès des PME/PMI à la commande publique. Avec le gouverneur de la Banque centrale, durant les deux réunions de l’année (une réunion par semestre), j’ai toujours dit M, le gouverneur ou est ce nous en sommes avec l’accès des PME/PMI aux financements ? Finalement j’ai été taxé de M. PME/PMI à lors des réunions de la BECEAO », a expliqué Moussa Alassane Diallo. De son avis, les 80% des PME/PMI qui constituent le tissu économique du pays, l’écrasante majorité sont dans le secteur informel. « Les banquiers ont reçu une formation académique de gestion économique et finances. Dans leur formation, on les dit, quand vous analyser l’indice d’une entreprise, il faut demander un bilan, un compte d’exploitation, il faut demander un compte de trésorerie pour analyser le risque. Mais comment on peut avoir des choses à des PME/PMI qui ne tiennent pas de comptabilité ? Vous n’en aurez pas. » Il ajoutera qu’il a l’habitude de dire aux banques : « Il faut qu’on change de logiciel. Parce que si on ne formate pas notre logiciel, pour nous adapter aux PME/PMI, à la réalité économique de notre pays, on ne financerait pas les PME/PMI. Il faut que les banquiers acceptent de mettre dans la poubelle tout ce qu’ils ont appris de façon académique en matière d’analyse financière de l’entreprise. Et regarder l’entreprise d’en face, se remettre en cause soit même. J’ai présidé deux séminaires sur la problématique des PME/PMI. La première c’était en mars 2011. Je fais une communication dans ce sens. Tout ce que je suis en train de vous dire, les banquiers le savent. Quand j’étais directeur à Fana, je faisais 12 milliards à 15 milliards de crédits par an et je remboursais à 100%. Les villages dans lesquels je donnais du crédit, vous pensez qu’on tienne une comptabilité là-bas ? Et pourtant je leur faisais du crédit. Il faut que les banquiers acceptent de changer leurs méthodes d’analyses. Au lieu de baser les analyses sur des éléments quittanciers, il faut les baser sur des éléments physiques. Il faut que les banquiers acceptent de décrocher leurs vestes dans les bureaux, d’aller voir les entreprises dans leurs chantiers, d’aller voir les commerçants dans leurs boutiques, d’aller voir les artisans dans leurs ateliers, dans leurs usines. C’est ça qu’il faut faire », a longuement expliqué Moussa Allassane Diallo. Il dira qu’on peut se féliciter de ce qui a été fait, car toutes les banques du Mali aujourd’hui, ont ouvert des départements en charge du financement des PME/PMI. »
Hadama B. Fofana
Source : Le Républicain