C’est le samedi dernier qu’une trentaine de partis politique et d’associations a mis sur les fonts baptismaux une coalition dénommée Front pour la sauvegarde de la démocratie, FSD. L’objectif principal de ce regroupement, selon ses initiateurs, est de continuer le combat politique jusqu’à la victoire finale. Soumaila Cissé et ses alliés pourraient-ils résister à la tentation du pouvoir ? Voici les forces et les faiblesses « du bébé né avec ses trente-deux dents ».
Ce front rappelle un autre. Celui mis en place au lendemain du coup d’Etat perpétré par la junte militaire dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Composé des partis politiques et d’associations, le FDR s’était battu pour faire échec au coup d’Etat. C’est grâce à la pugnacité et à la persévérance des leaders de ce front qu’il y a eu le retour à l’ordre constitutionnel. Le FSD va-t-il rééditer le même exploit ?
La première force du FSD serait sa composition. Bâti autour des idéaux partagés par des partis politiques et d’associations. Ces derniers croient en leur victoire et semblent déterminés à aller jusqu’au bout. Cela pour faire échec au projet de démolition de la démocratie malienne chèrement conquise.
La seconde force serait le contexte politique. Le front est né à un moment crucial de la vie de notre pays. Une vie caractérisée par une crise socio-sécuritaire sans précédent et un chômage endémique des jeunes. Le FSD serait alors le seul espoir pour sortir de l’ornière, surtout quand les derniers optimistes finiront par être déçus du régime. En ce moment, les frontistes seraient non seulement le dernier recours du peuple en détresse, mais aussi et surtout, leur appel sera entendu et ils pourraient empêcher tout régime de dormir.
La troisième force serait le leadership affirmé des bâtisseurs du FSD.
Ne pas céder
Si en politique il ne faut jurer de rien en termes de respect des engagements, les bâtisseurs du Front pour la sauvegarde de la Démocratie semblent montrer des signes d’engagement et une détermination à ne jamais fléchir. Ils disent ne pas céder ni à l’adversité, ni à l’argent ou promotions, encore moins au chantage. Parmi ses leaders, on pourrait citer Soumaila Cissé, Choguel Kokalla Maiga, Mountaga Tall, Tiébilé Dramé, Djibril Tall, Djibril Tangara, Paul Ismaël Boro, Mme Diakité Kadidiatou Fofana, les représentants du Chérif de Nioro et de l’imam Mahmoud Dicko. La liste est loin d’être exhaustive. Et il n’est même pas exclu qu’elle s’allonge au fur et à mesure qu’il y ait des déçus.
Malgré ces forces, le Front a des faiblesses, comme d’ailleurs tout regroupement politique.
La première faiblesse serait la non-couverture du territoire. L’expérience a montré que quand tout se fait à Bamako, il est rare de voir un regroupement politique de ce genre s’élargir à la base en ayant des démembrements au niveau local. Cela s’expliquerait certainement par la divergence idéologique compliquant la création des comités à l’échelle locale. Bamako a toujours été l’épicentre de toutes les contestations alors que la capitale n’a jamais fait gagner un candidat.
La deuxième faiblesse serait liée aux moyens.
Dans un tel regroupement, l’un des problèmes majeurs est son animation et sa gestion dans le temps. C’est pourquoi, très généralement, le pouvoir compte sur l’essoufflement physique, matériel et financier de l’opposition pour espérer avoir le dessus sur elle. Il est très courant que c’est sur les épaules d’un ou d’une poignée d’individus qu’un tel regroupement repose. Aucun individu seul, ne peut supporter longtemps les charges liées à l’animation d’un parti ou d’un regroupement politique.
La troisième faiblesse serait d’ordre organisationnel. Un groupe, quel que soit sa taille, s’il est bien structuré avec une bonne communication, pourrait faire des résultats tangibles. Le Front semble manquer de stratégies pour convaincre un grand nombre de citoyens. Pour preuve, les lignes ne semblent toujours pas bougées par rapport à la reconnaissance du Président de la République, alors que pour le citoyen lambda les élections sont derrière nous et qu’il est préoccupé par l’avenir. Le FSD semble manquer de bons thèmes et de bonne communication pour capitaliser toutes les frustrations et proposer des solutions. Il est seulement focalisé sur IBK et non sur comment prendre le pouvoir et le gérer.
Youssouf Sissoko