Le refus de la tenue de la huitième session ordinaire du G5 Sahel à Bamako, en février 2022, au cours de laquelle le président tchadien, le général Mahamat ldriss DEBY ITNO, président en exercice de l’organisation, devait passer le témoin au président malien, le Col. Assimi Goïta, relève tout simplement d’une pure manipulation qui ne sert aucun des cinq pays membres. Cette attitude qui a entraîné le retrait du Mali de tous les organes et instances de l’organisation, y compris la force conjointe, témoigne de l’incapacité des pays de l’espace de s’unir et de trouver des moyens endogènes et collectifs pouvant lutter efficacement contre le terrorisme et protéger leurs populations respectives.
Après sept ans d’existence sans résultats probants sur le terrain, le moment était enfin venu pour le G5 de croire en lui et de maobiliser les moyens nécessaires permettant de rendre opérationnelle et puissante sa force dans le Sahel, surtout quand on sait que Takuba y a complément échoué. Malheureusement, les petites confédérations motivées par un sentiment de vengeance et nourrie par la manipulation ont vaincu le sens du patriotisme et du devoir de protection envers les peuples de l’espace.
Au même moment, les terroristes investissent toute la bande sahélienne et menacent de s’étendre sur tous les pays de l’est et de l’ouest. La Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad qui avaient la chance de montrer le chemin aux autres pays d’Afrique, particulièrement ceux partageant, ne serait qu’une portion du Sahel, en les encourageant à se mobiliser et à mener une lutte commune contre ces forces du mal, connaissent aujourd’hui une fissure. Cette situation va davantage affaiblir la ceinture de sécurité au niveau de la zone dite des trois frontières (le Mali, le Niger et le Burkina Faso), considérée comme le fief ou sanctuaire des terroristes dans le Sahel. Une zone qui échappe jusqu’ici au contrôle des trois pays concernés. Ainsi, quoi qu’on dise, le retrait du Mali est un coup dur pour l’organisation dont la force reste toujours sous équipée.
Une fois de plus, au regard des réalités du terrain, l’ensemble de ces pays concernés devraient plutôt conjuguer leurs efforts pour doter leur force de moyens efficaces leur permettant de répondre au besoin sécuritaire sur la zone. Parce qu’il est aujourd’hui inutile de rappeler qu’un pays ne peut nullement vaincre seul ces terroristes. D’autant plus que beaucoup d’études ont démontré que les groupes terroristes qui opèrent dans le grand Sahara coordonnent des attaques avec d’autres présents dans le Sahel et jusque dans le Gourma, où la situation se trouve d’ailleurs beaucoup plus critique actuellement avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui apparaît désormais comme la nouvelle menace avec bien évidemment le soutien de ses alliés, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghali, ainsi que la katiba Macina de Amadou Koufa.
De la manipulation…
A travers le communiqué du gouvernement annonçant le retrait du Mali de l’organisation, l’on comprend aisément qu’il y a une dose de manipulation derrière ce refus de la tenue de la huitième session ordinaire. « Le Gouvernement de la République du Mali rejette fermement l’argument d’un Etat membre du G5 Sahel qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à l’exercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel. En effet, aucun texte juridique du G5 sahel ne prévoit des restrictions contre un Etat membre, sur la base de sa situation politique nationale. En la matière, aucune disposition des textes de cette Institution ne prévoit qu’elle puisse également endosser des sanctions ou restrictions édictées par d’autres organisations à l’endroit d’un Etat membre », peut-on lire dans ledit communiqué lu le 15 Mai 2022 par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye MAIGA.
Selon le document, l’opposition de certains Etats du G5 Sahel à la présidence du Mali est liée aux manœuvres d’un Etat extra-régional visant désespérément à isoler le Mali. « De cette situation, le Gouvernement de la République du Mali en déduit une perte d’autonomie de décision, une instrumentalisation et un dysfonctionnement grave des organes du G5 Sahel, notamment la Conférence des chefs d’Etat et le Secrétariat exécutif dont le Programme de travail annuel et le Budget 2022 ne sont toujours pas adoptés par le Conseil des Ministres de l’Institution. L’instrumentalisation d’une Institution comme le G5 Sahel dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres est fondamentalement contraire aux intérêts de nos pays et de nos peuples qui font face à d’importants défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme », ajoute le Gouvernement du Mali.
Le contenu de ce communiqué témoigne à suffisance que cette organisation, qui reçoit des ordres venant d’ailleurs, est loin d’être crédible. Par conséquent, son objectif principal qui est de travailler ensemble à sécuriser ses pays membres et à créer des conditions de développement global et durable au bénéfice de ses peuples, sera difficilement atteint. Il reste à voir ce dont le désormais G4-Sahel est capable sans le Mali.
Ousmane BALLO
Source: Ziré