Le constat est aberrant et très inquiétant. Le nouveau Mali tend dangereusement vers sa dislocation à cause de la gouvernance chaotique des colonels spécialisés en putsch. Avec à leur tête Assimi Goïta, ils viennent de perpétrer un coup d’Etat contre la Transition. Très nuls devant l’Eternel, ils se sont révélés être de véritables affairistes, démagogues et populistes. Comme des prédateurs, ils ont accaparé tous les leviers du pouvoir qu’ils ont pris suite à la lutte hautement patriotique du peuple contre le régime d’IBK. A cause de leur gouvernance cauchemardesque, le Nord et le Centre du pays sont en feux. Au même moment, nous assistons impuissamment à des escroqueries administratives à Bamako et l’impunité généralisée.
Accueillis avec liesse, les colonels putschistes ont été une grande déception. Ils sont en train de faire pire que le régime déchu. De véritables incapables, ils veulent s’appuyer sur les forces étrangères pour faire la guerre à leur place. Raison pour laquelle ils ont courbé l’échine devant Emmanuel Macron avant de jeter toute la faute sur le vieux et malheureux Bah N’Daw, après l’avoir contraint à démissionner de son poste de Président de la Transition. Des engagements ont été pris pour appliquer l’Accord d’Alger en intégralité, sans sa relecture approuvée lors du Dialogue national inclusif, sur le dos des Maliens. La sécurisation du pays pour laquelle ils ont été sollicités n’est pas faite. D’ailleurs, l’insécurité gagne du terrain de jour en jour. Elle a même affecté Bamako, la capitale, où les braquages se font en pleine journée, sous le regard impuissant des forces de l’ordre. Pire, ils se sont permis même de signer des accords avec des djihadistes qui sont en train d’appliquer la charia à Farabougou.
De véritables as du drible
La République des impitoyables a laissé place à celle des colonels affairistes spécialisés en putsch, qui ont accaparé tous les leviers du pouvoir après avoir usurpé la victoire du peuple contre le régime déchu IBK. Du coup, tous leurs engagements pris le soir du 18 août 2020 (date du coup de force) pour la mise en place d’une transition concertée avec l’ensemble des citoyens en vue de bâtir une gouvernance démocratique, plurielle et égale pour tous avec l’ensemble des forces vives du Mali, y compris nos concitoyens de la diaspora, est actuellement très loin des attentes du peuple. Ces jeunes officiers putschistes, avec à leur tête Assimi Goïta, se sont révélés être des véritables « as en drible ».
Ils ont, en premier lieu, driblé le Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui s’est farouchement opposé au régime déchu. Ensuite, ils ont voulu faire le Mali sans les Maliens. Pour preuve, la gestion de la transition se passe de façon très opaque à travers l’exclusion tant des acteurs de la société civile dont la mission est le contrôle citoyen de l’action publique que la classe politique, à charge de l’animation du fait démocratique. Cette situation ne profite qu’a une minorité qui dirige de fait la Transition à travers une mainmise sur l’ensemble du pouvoir et tous ses leviers, constituant ainsi un frein à l’expression tant de la souveraineté du peuple. Et ce, malgré les appels, orientations multiples de la Cedeao que de toute la communauté internationale. Après avoir forcer le président et le Premier ministre à démissionner, un coup d’Etat dans un coup d’Etat, Assimi rétropédale et promet la Primature au M5-RFP.
Caporalisation de la transition
Malgré la dissolution formelle de leur regroupement, le Conseil national pour le salut du peuple (Cnsp), par décret présidentiel, les officiers putschistes qui conservent la réalité du pouvoir de la transition vient d’avoir la Présidence de la Transition. Et du coup, de la gouvernance par tâtonnements des sept(7) ans du régime IBK, on se retrouve dans la gouvernance par incertitudes et la marche à tue-tête du régime des colonels populistes, démagogues qui gouvernent solitairement et dangereusement le pays. Ils veulent faire le Mali sans les Maliens. Du coup, impuissamment les Maliens assistent à la caporalisation de la transition. Outre la Présidence de la République occupée par le colonel Assimi Goïta, le cerveau du coup d’Etat du 18 août, la junte a fait main basse sur la Transition.
Ils ont pris le contrôle du Comité national de transition (CNT, parlement de transition) en plaçant à sa tête le colonel Malick Diaw, premier vice-président de l’ex-Cnsp. Dans sa volonté d’avoir entre les mains tous les vrais leviers du pouvoir de transition, l’ex-junte a nommé comme gouverneurs des officiers de l’armée à la tête de 13 des 20 régions du pays. En jetant leur dévolu sur les postes de gouverneurs, les militaires gardent la main sur l’organisation des prochaines élections générales. Une volonté qui démontre à suffisance qu’ils ont un calendrier caché. Ils ont militarisé à outrance l’administration malienne, trahissant ainsi leur serment de défendre au prix de leur vie le drapeau national.
Mascarade nationale
Sur le plan de la violation des lois, Assimi et ses éléments sont même sur le point de dépasser le régime IBK, surtout avec la mise en place du CNT, en violation des décrets n°2020-0143/PT-RM du 09 novembre 2020 relatif à la répartition des sièges au CNT entre les acteurs de la société civile et les partis politiques et n°2020-142/PT-RM du 09 novembre 2020 fixant les modalités de désignation des membres devant composer le CNT par les organisations et autres acteurs définis à l’article 13 de la Charte. Ce non-respect met en doute tant la légalité que la légitimité de la représentativité de cet organe issu des concertations entre les forces vives de la nation. Cet énième drible des jeunes officiers qui ont nommé des copains, des « grins » et des voisins. Ce qui fait que le CNT s’est retrouvé avec toutes sortes de marchands d’illusions et d’individus sans qualification ni capacité intellectuelle et morale pour diagnostiquer les vrais maux du Mali. Le CNT a été une mascarade nationale. Ils viennent aussi de violer la charte en forçant le Président et le Premier ministre à la démission. La liste de leur amateurisme est longue, trop longue.
Une énième malice !
Notre pays, le Mali, est pris en otage par des officiers affairistes, populistes et démagogues. Véritables amateurs devant l’Eternel, ils ont mis en avant leur propre agenda au détriment de celui des Maliens. Ils se préparaient à confisquer pour un long temps le pouvoir politique. D’où un pilotage à vue. Face aux pressions de la Cedeao et des Nations Unies, ils ont courbé l’échine en pondant un chronogramme électoral sans la moindre concertation avec les forces politiques et sociales. Ces jeunes officiers de bureaux climatisés veulent faire malheureusement le Mali sans les Maliens.
Le chronogramme publié n’est qu’une énième malice, une diversion du Colonel Assimi et acolytes pour desserrer l’étau de la pression nationale et des exigences de la communauté internationale sur le Gouvernement pour le respect scrupuleux des 18 mois retenus pour la durée de la période de Transition. Ils gouvernement dangereusement le pays, installant ainsi un balai de flou.
Le Nord et le Cendre devenus des réserves de refugiés des maliens
Aujourd’hui, nous assistons à une politisation et à une diplomatie militaire pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. C’est-à-dire que ce sont ceux-là même qui ont pour ordre de faire la guerre pour préserver l’intégralité du pays qui ont été engagés pour négocier la paix. Sous la conduite de Assimi, l’État malien vient d’effacer l’ardoise des dégâts et des abus que les Maliens ont subis pour proposer un nouveau départ avec des nouveaux hommes qui ont pris le temps de se placer.
Du coup, le nord et le centre sont devenus comme des réserves de réfugiés. Quelques représentants et marchands d’illusions pactisent avec un État central chaotique et rétrograde contrôle par des militaires spécialisés en putsch. Des financements tombent, des projets sur papier mis en œuvre et l’argent a disparu après. Nous risquerons d’assister à des régions qui vont se désolidariser de l’État. Parce que les populations du Nord ont compris que cette lutte n’est pas pour sauver leurs vies, mais de sauver la part de l’État sur tout ce qui pourrait être exploité dans ces lieux. De la même façon que la France aime le Mali sans les Maliens, c’est de la même façon que certains Maliens aiment d’autres parties du Mali sans les Maliens qui y vivent. Si cela était faux, le nord et le centre n’allaient pas être en feux pendant des années pour que nous continuions d’assister à des escroqueries administratives à Bamako et l’impunité généralisée. La catastrophe aussi surprend. Les chefs d’Etat de la sous-région, à la faveur d’un sommet extraordinaire sur la situation du Mali, vient de sanctionner les putschistes, en excluant notre pays de toutes les instances de la Cedeao. Prions et espérons que la nomination d’un Premier ministre issu du M5-RFP, en l’occurrence Dr.Choguel Kokalla Maïga, permettra de rectifier la trajectoire de la Transition qui tangue dangereusement à cause de la gouvernance dramatique des colonels de salon et de bureaux climatisés.
Tientigui
Source : Le Démocrate