Pour poser les jalons de la refondation de l’Etat malien, il faudra, à coup sûr, que les gouvernants donnent un signal fort en œuvrant à mettre fin à l’impunité.
– maliweb.net –La semaine dernière a été marquée, à Bamako, par un nouveau rebondissement dans l’affaire dite Birama Touré avec le lancement d’un mandat d’arrêt contre Karim Kéita, le fils d’IBK. Celui-ci est suivi d’une mise en branle du Bureau d’Interpol-Mali pour que l’ancien député de la commune II du district de Bamako soit recherché et vienne, répondre à un interrogatoire du doyen des juges d’instruction du Tribunal de la commune IV.
Cette décision judiciaire intervient dans un contexte particulier, dans la mesure où le pays est en transition censée poser les bases de la refondation de l’Etat et surtout que Karim Kéita est actuellement hors du pays, depuis la chute du régime de son père. On le dit en Côte d’Ivoire avec l’onction des autorités ivoiriennes et n’a rien à craindre à venir « prouver son innocence ». Faut-il rappeler que le journaliste Birama Touré a disparu en 2016 et le nom de Karim a été souvent cité comme impliqué dans cette affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive ? Mais cela n’avait pas empêché le fils d’IBK de se faire réélire député de la commune II (d’où est originaire le journaliste) en avril 2020…
Cette actualité ajoutée à celle relative au début des poursuites contre les auteurs et complices présumés de la tuerie des manifestations des 10, 11 et 12 juillet 2020 donnent des signaux édifiants. La justice malienne est-elle en passe de reprendre du poil de la bête pour redorer son blason ? Tout semble l’indiquer.
En effet, il semble qu’avec la nomination du nouveau ministre de la Justice, Garde des Sceaux, les plus hautes autorités de la Transition veulent donner un grand coup de pied dans la fourmilière du laxisme, de la complaisance et de l’impunité. Mamoudou Kassogué est effectivement connu pour sa détermination à assainir la justice et à lui redonner ses lettres de noblesse. N’a-t-il pas déclaré dès sa prise de fonction qu’il sera particulièrement attentif aux attentes des citoyens ? Les attentes des Maliens en matière de justice, c’est de voir l’Etat assumer toutes ses responsabilités en assurant une sécurité juridique à tous les citoyens. Cela ne se fera pas sans que le droit soit proprement dit et l’égalité de tous devant la loi soit hautement assurée. Que ce soit dans le quotidien des populations (en droit commun) ou dans le cadre de la lutte contre la corruption, il urge que l’Etat malien travaille à réaffirmer son autorité et sa respectabilité.
Cela doit passer, analysent les observateurs, par une machine judiciaire plus prompte et plus rigoureuse. Car, l’impunité est l’une des plus grosses tares de la gouvernance du Mali durant ces vingt à trente dernières années. Sinon comment expliquer la recrudescence de l’insécurité et de la criminalité dans le pays ? Comment comprendre que des fonctionnaires et autres agents de l’Etat s’enrichissent si impunément aux yeux et à la barbe de la justice, alors que l’on connaît de niveau de revenu de chacun ?
Il urge que l’Etat donne tous les moyens nécessaires à l’appareil judiciaire et lui assure l’accompagnement nécessaire pour relever le défi du renouveau malien. C’est aussi cela le passage obligé du Malikura (Mali nouveau) appelé de tous les vœux. Et c’est cela que le Premier ministre Choguel Kokala Maïga et son ministre de la refondation, Ibrahima Ikassa Maïga veulent relever comme défi majeur de cette transition. C’est aussi et finalement le pari sur lequel le Mali est beaucoup attendu par ses partenaires internationaux.
Boubou SIDIBE
Source : maliweb.net