Eu égard aux relations historiques d’amitié et de bon voisinage entre le Mali et la Côte d’Ivoire, il est plus qu’impératif pour les autorités maliennes de lâcher du lest pour élargir les militaires du pays de Félix Houphouët Boigny arrêtés et détenus à Bamako depuis plus trois mois.
Cette transition en cours a la particularité d’évoluer à travers certaines affaires qui marquent les consciences. Tel est le cas du dossier dit des soldats ivoiriens.
C’est au début du mois de juillet 2022, juste après la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali, que le pouvoir de Transition du Mali a arrêté et détenu les 49 soldats ivoiriens avec le motif d’accusation de « mercenaires ». Ces militaires ont alors été présentés au juge pour enclencher une procédure de jugement, en assises, les faits à eux reprochés étant des crimes présumés de mercenariat et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat malien.
Depuis lors, malgré toutes les interventions, les médiations internationales, celle du Médiateur consacré de l’Etat malien, le président togolais, Faure Gnassingbé, les plus hautes autorités du Mali sont restées de marbre. Et les dénégations sur la reconnaissance de dysfonctionnement des autorités ivoiriennes n’ont rien pu régler pour la libération de ces soldats, dont trois féminins ont bénéficié d’élargissement pour raison humanitaire.
Depuis, le déplacement à Bamako d’une forte délégation de la CEDEAO pour aider à l’épilogue de cette affaire, le chef de la Transition malienne a préféré la judiciarisation de ce dossier pour justifier son attentisme, le pouvoir exécutif n’étant pas en mesure d’enjoindre au pouvoir judiciaire des décisions quelconque, avec une justice jalouse de son indépendance.
Or, il semble que le chef de l’Etat est disposé à accorder la libération à ces détenus spéciaux d’un Etat voisin et frère de longue date du Mali. Comment préserver les bonnes relations séculaires entre ces deux pays en s’arcboutant sur la légalité et le respect du principe de l’indépendance de la justice ? Quid des questions de raisons d’Etat, comme cela est évoqué lorsque l’intérêt supérieur de la Nation est menacé ? Le Mali peut-il convaincre la communauté internationale en invoquant le respect des principes républicains pour refuser de libérer ces soldats ivoiriens ? Qu’en serait-il si des intérêts existentiels de l’Etat malien étaient en jeu ?
Selon plusieurs acteurs politiques et des leaders religieux, il y a lieu de reconsidérer le choix des plus hautes autorités du Mali pour régler cette affaire le plus rapidement possible, sans que la Côte d’Ivoire et ses dirigeants n’aient l’impression d’avoir été floués ou humiliés par les dirigeants de la Transition malienne. Car, confie un observateur averti de la situation, la justice, la loi et les principes républicains sont faits pour l’intérêt des justiciables, et non le contraire. Et l’intérêt des justiciables ivoiriens détenus à Bamako aujourd’hui est de recouvrer leur liberté, malgré tout ce qu’on peut leur reprocher. Sans oublier que l’intérêt du Mali, de ses dirigeants et de son peuple aujourd’hui est de préserver le climat de paix et d’entente entre ces deux nations si liées et si interdépendants dans plusieurs domaines.
Il faut donc travailler rapidement à sortir de cet engrenage en inscrivant ce dossier dans le cadre des actes de gouvernements ou de la raison d’Etat face à laquelle, des entorses aux principes de l’Etat de droit sont simplement ….compréhensibles. Le plus tôt sera le mieux pour la communauté de destin des deux peuples, mais aussi des dirigeants maliens et ivoiriens.
Boubou SIDIBE/maliweb.net