Gouvernance : Des dirigeants sous le parapluie du Covid-19

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En perte et profit, l’on peut se demander dans certains de nos pays africains, comme le Mali, si la pandémie du covid-19 n’est la parfaite illustration de la maxime selon laquelle « à quelque chose, malheur est bon ».

Si nos dirigeants devraient craindre la pluie de manifestations de protestations pour diverses raisons, la pandémie du coronavirus est venue leur apporter une sorte de parapluie devant les mettre à l’abri pour un temps.

Ainsi Bamako, Conakry, Lomé, Ouagadougou, Niamey et d’autres capitales africaines auraient pu être fortement secouées, ces derniers mois, par bien de marches de protestations. Qui sait par des émeutes et de violentes déflagrations sociopolitiques (des raisons de frustrations et de mécontentements sociopolitiques ne manquent pas) ? Mais, l’interdiction de tout regroupement de plus de 50 personnes a été la véritable échappatoire, une soupape de protection des régimes au pouvoir dans ces pays. Une sorte d’épouvantail de dissuasion contre les velléités contestataires envers les pouvoirs en place.

A titre d’exemple, au Mali, le chef de file de l’opposition malienne, l’honorable Soumaïla Cissé est enlevé par des forces obscurantistes depuis bientôt un mois. C’aurait été une période « normale », où il n’y avait pas la menace de contamination du covid-19 à travers un rassemblement, l’on peut imaginer que la classe politique, du moins l’opposition malienne aurait déjà battu le pavé à Bamako et peut-être dans d’autres villes du pays. Mais, avec cette crise sécuritaire, les populations en général et les opposants en particulier se morfondent sur leur sort. Le droit à des manifestations de rue est devenu comme mis en parenthèses pour un temps.

L’on se retrouve dans une situation où plusieurs acteurs socio-politiques piaffent d’impatience d’aller à des manifestations publiques pour se faire entendre mais rechignent à braver les fameux gestes barrières, dont l’interdiction des rassemblements.

En outre, sur le front social, la grève des enseignants ayant conduit au blocage de leur salaire (février et mars) a aiguisé les appétits protestataires de leurs syndicats et même de nombreux parents d’élèves. Mais le covid-19 est survenu comme une chape de plomb pour dissuader de potentiels manifestants dans des corps sociaux. Idem pour de nombreux autres secteurs d’activités, dont le seul moyen pour se faire entendre est souvent les marches, les sit-in servant à exercer plus de pressions sur les gouvernants. Il s’ensuit que les gouvernants, en particulier, IBK et son Premier ministre, Dr Boubou Cissé se trouvent affranchis de cette pression sociale.

C’est la même épée de Damoclès de dissuasion qui règne dans des capitales comme Conakry, Lomé où les populations ne manquent pas de raisons de monter au créneau pour crier leur ras-le-bol contre des dirigeants dont l’impopularité va crescendo. Mais, dans ces deux capitales, des forces de l’ordre n’ont eu qu’à faire un service minimum avec quelques jets de gaz lacrymogène pour disperser les plus téméraires des citoyens les plus remontés contre la gouvernance. Idem pour des tendances à manifester contre  la vie chère dans les capitales voisines de Bamako mais le covid-19 aura été hautement dissuasif.

Comme quoi, le covid-19 aura au moins, en dehors de son bilan dévastateur et peu élogieux, assuré un temps de tranquillité aux premiers dirigeants. Surtout pour un IBK qui, n’a que trois petites années à passer encore à la tête du Mali.

BOUBOU SIDIBE

Source : Maliweb.net

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