Gouvernance et impunité : IBK va-t-il se brouiller avec les familles fondatrices de Bamako ?

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Le patriarche Touré
Le patriarche Touré

Quand on sait l’attachement viscéral du président IBK à être en odeur de sainteté avec les familles fondatrices, l’on peut craindre que la bouderie que suscite aujourd’hui son fils, Karim chez les « vieux » gardiens du temple des trois caïmans donne de l’insomnie au locataire du palais de Koulouba.

C’est un secret de polichinelle qu’au Mali, chaque pouvoir fait tout pour être dans les grâces des familles fondatrices de Bamako. Et nul ne s’émeut de voir qu’à peine installé au palais présidentiel, chacun des présidents que le pays a connus s’est précipité pour aller recevoir les « bénédictions » des vieux Touré, Niaré, Dravé, etc, dont les pères sont réputés avoir été les fondateurs de la cité des trois caïmans (la ville de Bamako). Mêmes les Premiers ministres, à peine nommés, ne se privent pas de faire un tour à Bagadadji, leur quartier, au cœur de la capitale, pour s’asseoir dans leur vestibule afin de recueillir l’onction de réussite de sa mission.

Progressivement, le geste s’est érigé en pratique ancré dans les mœurs institutionnelles. Et, en cas de crise majeure menaçant la cohésion nationale, les familles fondatrices n’hésitent pas à jouer aux sapeurs-pompiers. Ce fut le cas, sous ATT lors des épisodes de contestation du Code des personnes et de la famille; et sous IBK, lors du projet de révision avortée de la Constitution, lors de certaines grèves…

Avec ce rôle déterminant joué par les fondateurs de Bamako, dont l’un des représentants, le vieux Bamoussa Touré, siège dans des structures publiques, décentralisées ou non, l’on mesure comment l’architecture institutionnelle malienne doit des égards à ces gardiens du temple !

Seulement voilà : depuis plusieurs années, l’un des fils, journaliste, de ces familles fondatrices, Birama Touré, a disparu et il semble, selon des témoignages, que le fils du chef de l’Etat serait impliqué dans cette disparition. Ce qui a fini par mettre le patriarche des Touré dans tous ses états, la semaine dernière, après une longue attente pour savoir la vérité dans cette affaire.

Dans sa sortie, le patriarche des familles Touré a affirmé avoir refusé de recevoir le député Karim Kéita, le fils du président IBK, et dit attendre que celui-ci s’explique d’abord sur son rôle dans la disparition de notre confrère Birama Touré, alors journaliste d’investigation au journal « Le Sphinx ». Et le vieux Touré de rejeter les candidats de la liste RPM-MPM-ADEMA en Commune II. Liste sur laquelle se trouve Karim Kéita dans la perspective des prochaines élections législatives. Car, justifie-t-il, “dans cette disparition mystérieuse de notre fils, Birama Touré, le nom de Karim Keita est cité. On a voulu, plusieurs fois, écouter sa version, mais il a refusé de nous rencontrer“.

Et le patriarche de rejeter toute entreprise dans laquelle le nom du fils du  président de la République serait cité jusqu’à ce que la vérité soit connue.

En déclarant ainsi le fils aîné du chef de l’Etat persona non grata, cet influent « doyen » des familles fondatrices peut tenter de jeter l’opprobre sur le régime IBK. Car, si le chef de l’Etat veut faire jaillir la lumière dans cette véritable affaire Norbert Zongo à la malienne, cela devrait contenter ces autorités coutumières de Bamako. En gardant le silence dans cette affaire, IBK court le risque de se brouiller avec une partie importante des faiseurs d’opinion de la capitale malienne. Même si IBK est à son ultime mandat au palais de Koulouba, pourrait-t-il accepter de se mettre ainsi à dos ces leaders traditionnels de Bamako ? Rien n’est moins sûr. Surtout que les fondateurs de Bamako peuvent tenter d’autres formes de pression sur le pouvoir (IBK devant quitter le palais en 2023) pour voir clair dans la disparition de leur fils.

Tout se passe actuellement comme si le vieux Touré veut « sanctionner » l’élu de la Commune II, non moins président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale.  Une démarche qui risque de compromettre les chances du fils du chef de l’Etat et éventuellement de ses colistiers comme Hady Niangadou du MPM.

Si en 2020, les Touré déclenchent une opération de pression et de bouderie pour que l’affaire Birama Touré évolue, ne seront-ils pas capables de remuer ciel et terre pour défier IBK (dont la fin du mandat est dans trois petites années) et son fils ? L’équation n’est pas aussi facile à résoudre pour IBK et sa progéniture, qui ont besoin de rapidement éteindre le feu que tente d’allumer les Touré de Bagadadji.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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