La Transition malienne semble entrer dans une phase majeure de divergences qui pourrait compliquer le processus de sortie de crise.
Si les décisions des « assises nationales de la refondation » auront un caractère exécutoire, alors peuvent-elles décider de rallonger la Transition ? Qu’en diront la classe politique et les partenaires internationaux du Mali ?
Lors de la récente présentation de son plan d’action gouvernemental, le Premier ministre de Transition, Dr Choguel Kokala Maïga, avait insisté sur la tenue prochaine d’assises nationales dite de la refondation, dont les décisions seront exécutoires. Ce forum, que plusieurs acteurs politiques et de la société civile jugent « inopportun » devrait se tenir en octobre prochain, si le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga tient à son jusqu’au-boutisme du moment.
Mais des questions se posent sur comment Dr Choguel Kokalla Maïga pourra s’y prendre pour foncer tête baissée et tenir un tel forum sans l’adhésion d’une large couche des acteurs sociopolitiques. Quel sera l’avantage de ces assises sans la participation de l’ADEMA-PASJ, du RPM, de la CODEM, de l’UDD, de l’URD et de différents regroupements politiques et associatifs du microcosme national ?
Selon plusieurs observateurs de la scène politique malienne, la Transition en cours est en train de glisser vers une impasse, si le chef de l’Etat n’anticipe pas les choses pour prendre ses responsabilités. Surtout qu’au sein même du mouvement M5-RFP, les divergences apparaissent au grand jour quant à la volonté de prolonger ou non le délai des 18 mois imparti à cette période transitoire.
En effet, des voix commencent à s’élever pour rejeter l’idée de prolongation de la transition que semble soutenir le Premier ministre. C’est ainsi que Me Mountaga Tall et d’autres leaders ne cachent plus leur embarras face aux démarches du chef du gouvernement, qui ne se prive plus de caresser le vœu de rallonger cette Transition. Et ces inconditionnels soutiennent urbi et orbi qu’il faut prendre le temps nécessaire pour refonder le pays avant d’aller aux élections. Alors que pour les partenaires internationaux du Mali, les élections présidentielles doivent obligatoirement avoir lieu en fin février 2022. Ceux-ci menacent même le pays de sanctions si les autorités de la transition venaient à « violer leurs engagements ». Le Colonel Assimi Goïta prendra-t-il le risque de se faire désavouer à travers des sanctions hautement préjudiciables pour un Mali encore exsangue ? Rien n’est moins sûr. Finira-t-il par désavouer le Premier ministre Choguel Maïga, désormais pointé du doigt comme étant dans un calcul d’intérêts personnels ? Certaines sources proches du nouvel homme fort du Mali ne rejettent pas cette hypothèse. Certains vont jusqu’à annoncer le limogeage imminent du chef du gouvernement auquel devrait succéder un technocrate bon teint ou un grand commis de l’Etat pour parachever cette transition plus que laborieuse. Et des noms comme ceux de l’ancien ministre Tienan Coulibaly, de l’actuel ministre Abdoulaye Diop seraient même cités.
Ce qui est sûr, c’est que la transition malienne est en train de battre des ailes et nécessité un coup de vent salvateur pour la sauver d’un naufrage dans les eaux boueuses du Djoliba. Et le plus tôt serait le mieux !
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net