La chute de feu le président IBK a été marqué par un discours politique majeur, celui sur la lutte contre la corruption et la fin de l’impunité. 17 mois après, quel état des lieux peut-on faire sur ce chantier ?
La montagne du changement, chantée à cor et à cri, lors du renversement du régime IBK, en août 2020, a-t-elle accouché d’une souris ? Même si la réponse à cette question n’est pas affirmative, de nombreux observateurs affirment que le bilan est plutôt mitigé.
En effet, au début de la Transition sous Bah N’Daw et Moctar Ouane, le mouvement contestataire du régime renversé, le M5-RFP avait dénoncé « une gouvernance IBK sans IBK ». C’est dans ce sens que Dr Choguel Kokalla Maïga avait fustigé une « transition de continuité » qu’il fallait remplacer par « une transition de rupture », dont l’axe majeur était la lutte contre la corruption et la fin de l’impunité. Et c’est cette dénonciation qui a conduit à ce qu’il est convenu d’appeler « la rectification » avec les événements de mai 2021 ayant éjecté le duo Bah N’Daw-Moctar Ouane. Celui-ci avait même été accusé de protéger les délinquants financiers présumés du régime déchu ou, du moins, empêchait leur poursuite devant les tribunaux.
C’est après cette phase que l’on notera que la machine judiciaire s’est brièvement signalée avec notamment le dossier de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Ce qui a conduit à la l’arrestation et la détention de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, des anciens ministres, Mme Bouaré Fily Sissoko, Mahamadou Camara. Puis, plus rien. Ce qui a poussé les uns et les autres à se demander si l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires a été le seul scandale ayant marqué la gouvernance sous IBK. Qu’en est-il des affaires des engrais frelatés, des 1000 tracteurs, des aéronefs de l’armée cloués au sol, etc ?
En plus de ces dossiers majeurs qui avaient défrayé la chronique un moment donné, les rapports du Bureau du Vérificateurs général avaient cité de nombreux cas présumés de malversations portant sur les deniers publics. Pourquoi la machine judiciaire ne s’est-elle pas intéressée à fouiner dans ces dossiers ? A titre d’exemple, n’a-t-on pas qualifié publiquement, dans un passé récent, un ancien président de la Cour suprême du Mali d’être le fonction le plus corrompu du Mali ? Cette accusation grave n’est-elle pas en elle-même pas une dénonciation ? Quid des dossiers ayant conduit l’ancien président de l’APCAM en prison avant un curieux non-lieu ? Un non-lieu par rapport auquel le ministre de la Justice actuel avait demandé des enquêtes complémentaires, dont nul ne connaît la suite… Voilà autant de questions et de suspicions qui pousse à croire que la fin de l’impunité clamée haut et fort par les nouvelles autorités de la transition demeure un slogan, voire une simple profession de foi.
Il urge donc d’interpeller les plus hautes autorités du pays à agir pour réveiller certains dossiers qui, à défaut de conduire des délinquants financiers en prison, doit permettre à l’Etat de récupérer de nombreux milliards de F CFA détournés par des cadres et fonctionnaires indélicats dans un passé relativement récent. Si cela n’est pas fait dans un bref délai, plus d’un Malien pourrait conclure que la lutte contre la corruption, durant cette transition, n’a été qu’un moyen pour des règlements de compte politiques.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net