Nommé au poste de Premier ministre, le 22 avril 2019, le Dr Boubou Cissé vient enfin de former son «Gouvernement de mission» composé de 38 membres. Cette nouvelle équipe, dont la liste a été publiée hier dimanche 5 mai 2019, n’aura pas de période grâce ; tant les défis du moment et l’urgence des tâches qui l’attend sont nombreux et pesants pour la survie de la nation malienne.
La première tâche serait d’organiser un dialogue national inclusif, entre tous les fils et filles du pays. C’est au cours de ce dialogue ou concertations nationales que seront tracés les contours des actions à mener par la nouvelle équipe gouvernementale. Il s’agira pour la majorité, l’opposition, la société civile et toutes les autres composantes de la nation de se retrouver pour parler franc et sincère du Mali. Ici, il s’agira de trouver des solutions pour, entre autres, désamorcer la bombe sociale et sauver l’année scolaire 2018-2019, endiguer le conflit au Centre du pays, transformé en tension intercommunautaire, donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le trouver des solutions idoines au banditisme ambiant, au phénomène du terrorisme, la montée de l’intégrisme religieux, d’avoir une vraie réconciliation entre les fils et filles de la Nation et autres. Le tout, pour une vraie refondation de l’Etat et la reconnaissance de l’Autorité par les citoyens.
En effet, sur le front social, depuis le 19 décembre 2018, la Synergie des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 débraye les cours. Depuis cette date, ce sont des semaines de grèves qui s’alternent à quelques heures de cours. Déterminés, les syndicats tiennent à leurs points de revendication. Et, les différentes tentatives de dialogue ou de négociation entamées entre les deux parties, à savoir le gouvernement et les syndicats, n’ont pas permis d’accorder les violons. Plusieurs fois, l’AEEM est entrée dans la danse demandant aux deux parties à dialoguer pour une issue favorable à cette situation de fermeture des classes qui n’a que trop durée pour eux. Ce qui perturbe les cours dans les établissements d’enseignements privés qui étaient jusque-là épargnés par ces mouvements. Sur ce registre du front social, il y a plusieurs autres doléances des différentes centrales ou d’autres syndicats autonomes qui sont sur la table du gouvernement, dont il faudra tenir compte très rapidement. Il s’agit des magistrats, des médecins, des surveillants de prisons et autres.
Sur le plan sécuritaire, malgré la présence des forces internationales comme celles de la MINUSMA, de Barkhane et du G5 Sahel, le mal terroriste est loin d’être endigué. Alors, ce Gouvernement de mission aura la lourde tâche de mobiliser davantage les forces armées maliennes et celles internationales pour bouter les terroristes qui écument le territoire malien du nord au sud et d’est à l’ouest.
Aussi, la nouvelle équipe devra rapidement endiguer les conflits intercommunautaires. Ces conflits sont devenus le corolaire de l’insécurité et constituent une menace sérieuse pour la paix, la cohésion et l’unité entre les différentes ethnies qui jadis vivaient en parfaite symbiose.
En plus, sur le plan politique et institutionnel, l’équipe du Dr Boubou Cissé aura la lourde et délicate mission de refonder l’Etat. Ici, il faudra réussir les différentes réformes politiques et institutionnelles nécessaires pour un Etat fort au service des citoyens.
En outre, l’Accord pour la Paix et la réconciliation, signé entre maliens a besoin d’un nouveau souffle. Quatre ans après sa signature, l’Accord connait un taux d’application achevé de 24% et 12% d’action non initié. Ce qui prouve que la mise en œuvre a besoin d’un coup d’accélérateur. S’il faut, ensemble, les acteurs peuvent revoir le document pour plus d’inclusivité. Ce qui pourra amener une vraie réconciliation nationale entre les enfants du pays.
Sur le plan économique, ce Gouvernement aura comme mission essentielle, de faire en sorte que la plupart des maliens aient les trois repas quotidiens, cela en œuvrant à remplir davantage le panier de la ménagère qui s’est beaucoup rétrécit ces derniers temps.
Alors, Majorité, Opposition, Société Civile et autres, chacun doit jouer avec honnêteté son rôle pour la réussite de ce Gouvernement dit «de mission». Il y va de la survie de la Nation malienne. Donc, tous au boulot !
Dieudonné Tembely
Source: L’Evènement