Un accord politique est en gestation pour tourner la page de la crise politique. Sa signature attendue dans les jours à venir risque encore d’être prolongée avec les contestations au sein de la Majorité et ses alliés sur le choix du Premier ministre. Si le RPM et la CODEM ont affiché clairement leur position contre Boubou CISSE, le Parena, en revanche, ne voit pas d’inconvénient pour son maintien.
Le document d’un Projet d’Accord politique de Rassemblement national (APRN), pour résoudre la crise politique, est soumis à l’appréciation des partis politiques. L’objectif de cet accord, s’il est validé par la classe politique, doit permettre de créer les conditions d’une sortie définitive de la crise politique qui secoue le pays, depuis quelques années, exacerbée avec les revendications du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Plus d’une dizaine de pages, le projet d’accord politique est réparti en 6 chapitres. Ils traitement notamment la gestion des contestations liées au 2e tour des législatives, l’apaisement du climat social, le respect des principes démocratiques et républicains, la formation du Gouvernement d’union nationale. Seul, le chapitre concernant le choix du Premier ministre fait l’objet de divergence. En effet, les partis de la Majorité présidentielle, le RPM et de ses alliés, sont partagés sur le choix de Boubou CISSE pour conduire ledit gouvernement.
Le parti présidentiel RPM, à l’image de la CODEM, ne souhaite pas le maintien de l’actuel Premier ministre.
« Depuis toujours, nous réclamons la Primature en tant parti présidentiel et 1ere force politique du pays. Cela ne date pas de Boubou CISSE. Cette fois-ci, nous avons clairement donné notre position dans un mémorandum », nous a indiqué un responsable du Rassemblement pour le Mali (RPM). Et dans ce mémorandum dont nous avons copie, le RPM revendique sans équivoque le poste de Boubou CISSE.
Le RPM « réclame son statut de parti majoritaire et revendique le poste du Premier ministre pour la formation du futur gouvernement d’union nationale en considération des recommandations et résolutions du DNI », peut-on lire dans le mémorandum signé le 25 juillet par le président Bokary TRETA.
De même, le parti CODEM rejette le choix de Boubou CISSE en avançant son incapacité à maintenir la bonne gouvernance au sommet de l’État. « La crise que nous connaissons est une crise de gouvernance. Toutes les revendications du M5 et autres sont liées à la mauvaise gouvernance contre laquelle Boubou CISSE n’a pu rien faire. Pour ce motif, nous estimons qu’il ne mérite pas de conduire le gouvernement d’union nationale », commente un responsable du parti de la Quenouille.
Deuxième motif de rejet, notre interlocuteur soutient que le choix du Premier ministre pour le GUN doit faire le consensus au sein de la société civile et de la classe politique (Opposition et Majorité). Or, Boubou est contesté de tous les côtés.
« Même au sein de la Majorité présidentielle, il est décrié par plusieurs partis politiques à plus forte raison qu’au M5 », a-t-il soutenu.
Enfin, pour le responsable politique de la CODEM pour des enquêtes indépendantes et sérieuses sur les événements des 10, 11 et 12 juillet ayant occasionné des morts par des balles réelles, le Premier ministre doit être écarté de la gestion du pouvoir.
« À l’époque des faits, il était le seul membre du gouvernement. C’est lui qui était aux commandes. En ce moment, nous estimons qu’il ne peut plus diriger ce gouvernement qui a déjà ouvert une enquête », a-t-il ajouté.
En revanche, pour le Parena, le document est un bon projet d’accord politique et affirme n’avoir pas de problème avec Boubou CISSE.
Par Sikou BAH
Source : Info-Matin