Le Syndicat national des banques, assurances, micro finances, établissements financiers et commerces du Mali (Synabef) a mis à exécution son préavis de grève de 72 heures. Elle concerne les banques, les pompistes des stations-services des multinationales Total, Shell et Oryx, et les prestataires de service du Pari mutuel urbain (PMU-Mali).
Le débrayage qui a débuté hier semble largement suivi par les banques et établissements financiers, les stations-services. La Banque de développement du Mali (BMD S.A.), la Banque internationale pour le commerce et l’industrie au Mali (Bicim), la Banque of africa (BOA) et les stations-services de Total n’observent pas cette grève.
Notre équipe de reportage a fait le constat hier en parcourant la ville de Bamako sur les deux rives du fleuve. Une ambiance morose régnait dans la cour de plusieurs banques et établissements financiers. Même pas de service minimum. Seuls les vigiles étaient en faction. Les guichets automatiques, restés opérationnels, drainaient des foules.
C’était le cas au siège de la Banque nationale de développement agricole (BNDA), à l’ACI 2000. En file indienne, des clients attendaient pour faire leurs opérations via le guichet automatique de billets (GAB). Depuis 7h, les équipes du Synabef étaient sur place pour veiller au respect strict du mot d’ordre de grève.
Une vue des stations désertes dans le centre-ville
Au siège de la Banque malienne de solidarité (BMS), Mohamed Touré, membre du Synabef et ses camarades, veillaient au grain. «Nous assurons le piquet, c’est le cas dans d’autres banques concernées par la grève. Elle se poursuivra jusqu’au vendredi si nous ne trouvons pas gain de cause», prévient le syndicaliste.
Les stations Total que nous avons visitées à travers la ville de Bamako, étaient toutes en service. L’affluence était au rendez-vous au niveau de la station Total «Monument Kwame Nkrumah». Le gérant s’est refusé à tout commentaire sur les motifs de cette désolidarisation. C’était également le cas à la station service sur la route de l’aéroport.
«Faute de satisfaction, la grève sera reconduite pour 72h», menace le secrétaire général du Synabef. Hamadoun Bah rappelle que son organisation exige, entre autres, le retour à la BDM de Mme Kane Djénébou Sall, «arbitrairement licenciée», la relecture de la convention sur la grille salariale pour une augmentation de 30% qui, selon la convention, doit se faire tous les 3 ans. Le syndicat réclame aussi de mettre dans leur droit les 45 travailleurs d’Ecobank Mali licenciés pour motif économique.
Le Synabef proteste également contre la situation de précarité des pompistes des stations-services. «Pour beaucoup d’entre eux soit il n’y a pas de contrat soit il est mauvais. Certains sont employés depuis 10 ans et payés à 25.000 voire 30.000 Fcfa/mois », s’indigne Hamadoun Bah.
Joint au téléphone, le secrétaire général du comité syndical des pompistes de Shell, Souleymane Samaké, confirme les conditions précaires dans lesquelles ils travaillent.
«Nous travaillons de 6h à minuit sans prime de travail, pas de congé ni de permission, sans compter les licenciements abusifs sans préavis.
La convention signée en 2005 entre l’État malien et les acteurs du secteur pétrolier n’est toujours pas appliquée pour que nous puissions entrer dans nos droits», déplore-t-il.
Babba B. COULIBALY
Oumar SANKARÉ
Source : L’Essor