Peut-être le début d’une longue bataille judiciaire dont l’épilogue pourrait occasionner de blessures profondes difficiles à cicatriser, y compris la naissance d’une nouvelle organisation patronale issue de ses flancs.
Tous les démons semblent quitter l’enfer pour élire domicile le Conseil national du patronat du Mali (CNPM). Deux présidents, un fauteuil. Un de trop qu’il faut éliminer. Du moins vu l’ampleur de la lutte à ciel ouvert et sans concession que se livrent Mamadou Sinsy Coulibaly et Amadou Sankaré , multipliant les recours en justice et les invectives, faisant monter la mayonnaise à l’approche du verdict attendu le 19 du mois courant.
Peut-être le début d’une longue et pénible bataille judiciaire tant les deux parties semblent tourner dos définitivement à d’éventuel compromis assimilé à la compromission. Les faucons qui sont à la manœuvre ont pris le dessus sur les colombes. Ne laissant derrière eux qu’un champ de ruine fait d’image écornée d’une organisation qui pourrait difficilement cicatriser ses plaies béantes. A longue, il n’est superflu de pronostiquer sur la scission du CNPM. Le perdant serait tenté de créer une nouvelle organisation, une excroissance, comme les partis politiques et bien d’organisations syndicales nous ont habitués. Loin de nous toute tentation d’apparaître sous les traits d’oiseaux de mauvaise augure, mais toute autre issue semble boucher.
Deux présidents, un fauteuil
Les accusations fusent de tous les côtés. Mamadou Sinsy Coulibaly, l’homme le plus riche du Mali, passe pour un des porte-drapeaux de la lutte contre la corruption en parfaite intelligence avec Clément Dembélé, tous deux membres fondateurs de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC). Ses prises de position, estiment ses fervents partisans, choquent et dérangent. Qui voient en Amadou Sankaré dit Diadié une marionnette au service d’ennemis cachés derrière d’épais rideaux.
Côté Sankaré, on se veut porteur d’idées nouvelles à même d’imprimer une nouvelle impulsion au patronat qui fait du surplace. La déclinaison politique donnée par le président sortant pompait de l’air à l’organisation l’empêchant de connaître un essor fulgurant.
Au-delà des mots, la tempête électorale. Les doublons sur les listes de candidatures transmises ont motivé le report du vote du 26 septembre. Contre l’avis du secrétaire général, une assemblée générale est convoquée par Sankaré. Le matin, il s’échouait devant les portes fermées sur ordre de son adversaire. Qu’à ne tienne ! Les délégués ont siégé dans la rue. Au terme du scrutin, Amadou Sankaré est sorti vainqueur : 89 voix exprimées en sa faveur, Mamadou Sinsy Coulibaly n’obtenait qu’une voix, 17 votes blancs
L’affaire n’est pas pour autant pliée. Mamadou Sinsy Coulibaly va à la pêche des suffrages de délégués le 8 octobre. Une assemblée générale est convoquée à cet effet. Comme une lettre à la poste, il est passé haut les mains. Sur un total de 107 délégués présents, 102 ont glissé leur bulletin en sa faveur.
Au revoir les urnes, bonjour la justice
A la bataille électorale a succédé la bataille judiciaire. Le 12 octobre, Amadou Sankaré était aux anges. Le tribunal de la commune IV lui délivrait une « ordonnance gracieuse », l’autorisant à occuper les locaux du CNPM. La réplique du camp adverse n’a pas tardé. Le 13 octobre, les avocats de Coulibaly déposaient un recours devant la même juridiction aux fins d’annulation de la décision. Au terme de plusieurs reports la décision autorisant Amadou Sangaré à s’installer dans le fauteuil très convoité au siège de l’organisation est annulée le 30 octobre. Toutefois, ce dernier a estimé que cette annulation ne signifie pas qu’il doit être congédié des locaux qui l’abritent depuis.
Georges François Traoré
Source : L’informateur