HONG KONG, cheval de troie de l’occident ?

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«La presse est un pouvoir sans conscience, sans règles, qui n’a rien de démocratique, sauf qu’elle est nécessaire à la démocratie. » Cette citation est de François Mitterrand, le légendaire président socialiste français du sommet franco-africain de La Baule, en juin 1990, qui imposa au forceps la démocratisation aux dirigeants africains francophones, ce qui entraina le chaos et l’instabilité depuis trois décennies.               

Le Mali est le meilleur exemple de cette démocratisation bâclée ayant conduit le pays dans la crise socio-politico-sécuritaire la plus grave depuis notre indépendance en septembre 1960.

Cette conception d’une démocratie vantée et vendue occulte le fait que cette même presse se donne toujours la prétention de définir les sources d’une gouvernance légitime tout en dictant aux nations les meilleures voies et stratégies pour leur développement.

Cette réalité historique illustre parfaitement ce qu’on pourrait appeler  aujourd’hui la crise de Hong Kong, cette enclave chinoise anciennement  occupée par les Britanniques.

L’expérience a montré que les prétentions des Occidentaux de détenir le monopole de la bonne gouvernance ont conduit essentiellement au chaos et à l’instabilité partout dans le monde que cela soit en Libye, en Syrie, en ex-URSS, en Yougoslavie, au Soudan, en Côte d’Ivoire et au Mali depuis 2015, malgré la signature des Accords pour la Paix et la Réconciliation d’Alger(les ingérences étrangères agressives multiformes ont conduit le pays au bord de la partition et d’une véritable anarchie).

La jeunesse hongkongaise « pro-démocratie » devrait retenir ces leçons de l’histoire récente, ne pas se laisser  instrumentaliser et servir de cheval de Troie pour une déstabilisation planifiée de la République Populaire de Chine par les Occidentaux, pour qui cette stabilité presque centenaire du pays du chairman Mao représente un défi existentiel.

Aujourd’hui c’est comme si on prêtait à la RPC la prétention de prendre la place des États-Unis ce qui explique les prises de positions anti-chinoises constantes  des dirigeants américains à son encontre comme aux temps de la guerre de Corée et de la Guerre Froide.

L’affaire Hong Kong n’est qu’un épisode de cette guerre idéologique entre deux conceptions de la démocratie, la démocratie libérale et la démocratie  communiste, et de la gouvernance mondiale. Il est utopique de croire à un quelconque universalisme des valeurs occidentales.

Pour rappel, Hong Kong, ce port aux parfums de 1 100 km2  situe au sud-est de la République Populaire de Chine avec le statut  de région administrative spéciale (RAS) pourrait être considéré comme une sorte de territoire « semi-autonome » relevant directement du gouvernement central chinois et donc ne bénéficiant d’aucune autre forme d’indépendance en matière de diplomatie et de défense. C’est à l’expiration d’un bail de 99 ans que Hong Kong retourna à la mère-patrie chinoise le 1er juillet 1997 sous certaines conditions notamment le maintien temporaire du système économique capitaliste mis en place par les Britanniques et ce, jusqu’en 2047.

Depuis la rétrocession, Hong Kong vit sous le régime du principe « un pays, deux systèmes » et donc la gestion de la R.A.S relève purement des affaires intérieures de la Chine. Quoi de plus juste si le gouvernement central chinois qui prône la « réunification pacifique » (comme pour Macao, comme pour Taiwan) cherche à  combattre par tous les moyens légaux toutes les ingérences extérieures dans les affaires intérieures de la Chine ?

La Chine a régulièrement manifesté sa sincérité et sa bonne foi dans la stabilisation des relations internationales tout en assumant ses responsabilités de grande puissance. Mais face au nombre croissant des menaces et des pressions, la Chine doit garantir sa sécurité  intérieure. En ce début du XXIe siècle, la RPC a le devoir de démontrer que sa montée en puissance n’est pas une menace pour la stabilité des relations internationales en réalisant à Hong Kong la grande vitrine du développement économique et de la nouvelle  gouvernance mondiale.

Il est temps de dissiper certains préjugés et stéréotypes idéologiques entretenus par un Occident désormais de plus en plus jaloux et orgueilleux afin que la montée en puissance actuelle de la RPC puisse devenir une source d’inspiration dans les nouvelles perspectives de coopération internationale. C’est là que réside le défi pose dans cette initiative colossale de « la Ceinture et de la Route » du Président Xi Jinping et de sa conviction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Mais, c’est aussi et surtout, à partir de ce qu’on pourrait appeler « valeurs sino-orientales », réussir la définition de nouvelles valeurs mondiales et universelles capables de prendre le relai des idéologies libérales qui ont atteint leurs limites.

 

Dr Modibo Bah KONE,

Doyen de la Faculté des Sciences Humaines et

des Sciences de l’Education de l’Université de Bamako,

Président du Cercle Confucius

pour la Recherche sur la Chine et l’Asie (CCRCA).

Bamako, Mali.

Source : Malijet

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