La proposition prêtée à la communauté internationale (CEDEAO, UA, ONU) de dissoudre l’Assemblée nationale à peine installée et la Cour constitutionnelle pour aller à de nouvelles législatives financées et probablement supervisées par elle-même n’aurait été faite qu’au seul président de la République, au lendemain de l’exceptionnel rassemblement anti-IBK du vendredi 5 juin dernier.
Quant à la rencontre de deux heures que ces mêmes partenaires du Mali ont eue avec la troïka CMAS,- FSD-EMK, le dimanche 7 juin, elle aura surtout été une séance d’exposition des griefs de ce regroupement islamo-politico-social contre » la gestion calamiteuse du pays » sept longues années par IBK et ses promesses proférées le matin pour être oubliées l’après-midi.
Qu’importe ! La troïka, qui s’est donné lundi l’appellation de » Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques » (en abrégé M5 – RFP) pour capitaliser la formidable dynamique suscitée contre le pouvoir en place et ratisser le maximum d’adhérents et de sympathisants à sa cause, n’entend pas se contenter de cette proposition, si elle venait à être confirmée et si elle lui était soumise. Elle y voit un moyen sûr pour sauver le président de la République d’une posture délicate et lui permettre de conduire, 36 mois encore, l’attelage bringuebalant du Mali comme il le fait depuis son avènement à la tête du pays.
Chat échaudé craint l’eau froide, dit le proverbe. Les adversaires politiques d’IBK gardent en mémoire les péripéties de » la main tendue du grand frère à son petit frère « , » des dîners nocturnes en tête-à-tête dans le secret du palais de Koulouba « , » du dialogue politique national » qui s’est terminé par » un accord politique de gouvernance » dans lequel ils ne se reconnaissaient pas. D’où leur mise à l’écart du » gouvernement de mission » actuel.
C’est dire qu’ils ont perdu toute confiance en la parole du président IBK comme ils ont cessé de croire en sa capacité à conduire le bateau Mali des eaux tumultueuses où il se trouve, du fait d’une gouvernance erratique, vers des rivages sereins. D’où leur option, clairement affichée lundi, » de continuer la lutte jusqu’à la démission d’IBK et de son régime « .
Il reste donc au troisième président élu de la troisième République à annoncer sa » démission » (auquel cas il sera remplacé par le président de l’Assemblée nationale qui organisera un scrutin présidentiel dans les 40 jours au plus qui suivront) ou à se préparer à ce qu’il y a de pire pour un chef d’Etat : quitter sa charge sous la clameur publique.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant