IBK et la hantise d’un coup d’Etat : La nation n’a pas besoin d’élucubrations de nostalgiques du putsch

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IBK lors d'une cérémonie a koloba
IBK lors d'une cérémonie a koloba

Près d’une semaine après le drame militaire de Moundoro et Boulekessi, ses échos n’en finissent pas de résonner avec beaucoup d’amertume sur chaque tribune politique. Le sujet, tel un cheveu dans la soupe, s’est ainsi invité dans les échanges que le chef de l’Etat a eus, avant-hier Samedi à Koulouba, avec des formations politiques acquises  au dialogue politique inclusif, dans la foulée notamment de la publication de l’ultime mouture de ses termes de références.

Mais, par-delà le niveau d’organisation de l’événement qui polarise les intérêts, la problématique de la défense nationale a également eu droit au chapitre, visiblement parce que la rencontre intervenait quelques jours après la sortie spontanée de femmes de camps militaires pour protester contre les proportions de pertes sur le théâtre des opérations. Se sentant comme en face de la hiérarchie militaire qu’il n’a pas encore rencontrée, le chef Suprême des Armées a martelé devant ses interlocuteurs civils que le pays est en guerre, mais en exprimant une sorte d’aveu d’impuissance devant la puissance de l’ennemi et les tours  qu’il est capable de jouer aux nôtres. “Ce qu’il s’est passé à Boulkessi pourrait malheureusement survenir encore”, a déclaré IBK, en admettant ouvertement les moyens limités de l’armée malienne face à la guerre asymétrique qui lui est livrée avec des armes acquises ailleurs. IBK fait ainsi allusion aux répercussions de la guerre libyenne qu’il avait pourtant ignorées du temps où les FAMAs, du temps de son prédécesseurs, ATT, faisaient montre de la même impuissance qu’il assimilait à une trahison de l’armée par le pouvoir politique.

Le chef de l’Etat, qui promet par ailleurs de tirer toutes les conséquences de la situation et de renforcer le dispositif défensif s’il y a lieu, n’a pour toute recette à l’immédiat que d’implorer la vigilance du Gouvernement et sa capacité d’anticipation devant la seule urgence qui vaille. Et au nom de laquelle urgence tous les impératifs présidentiels à l’échelle internationale ont été annulés. Il s’agit en l’occurrence d’un périple à Genève et Lyon (respectivement dans le cadre de discussions sur le coton et le Fonds mondial pour la santé) auquel le président de la République n’a l’air de renoncer sans quelque regret. “…ma présence ici (au Mali, NDLR), sans être un héros, est moralement de mise, même si elle est de peu d’effet”, a-t-il mentionné avant d’extérioriser une préoccupation qu’il semble ressentir comme une hantise. En effet, tout en exprimant un besoin de solidarité envers la nation malienne et son armée, le candidat préféré du Cnrdre en 2013 semble fortement hanté par des pressentiments de tentations putschistes qu’il a exorcisées en ces termes : “notre nation (…) n’a pas besoin d’élucubration des nostalgiques du putsch. Aucun putsch ne prévaudra au Mali, qu’on se le dise. Et je crois que cela n’est pas du tout à l’ordre du jour et nous ne saurons nous inquiéter. Mais je tiens à dire combien cela est absolument ignominieux, indécent dans les temps où nous sommes». Le propos n’est peut-être  pas tombé dans une oreille de sourd et pourrait s’adresser à l’ancien putschiste, Moussa Sinko Coulibaly, qui s’est illustré, dans la foulée du drame de Boulekessi et des manifestations de femmes de militaires y consécutives, par une déclaration dans le sens d’une interruption du mandat présidentiel.

A KEITA

Source : Le Témoin

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