IBK : Que reste-t-il du mythe ?

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Ibrahim Boubacar Kéïta avait conquis l’estime, la confiance des Maliens. « L’homme de la situation » pour les uns, « L’homme à poigne » pour les autres, « Le prototype de chef d’Etat » pour tous, les qualificatifs laudatifs fusaient à propos de l’ancien Premier ministre du Mali qui était devenu un MYTHE pour ses concitoyens. Mais, il a fallu qu’IBK accède à la magistrature suprême pour que toute cette légende s’effondre comme château de cartes.

Le président Ibrahim Boubacar Kéïta était très bien parti pour réussir sa mission. Pourquoi ? Pour trois raisons fondamentales.

Primo, la nature lui a alloué le meilleur compagnon possible pour un chef d’Etat : le peuple. Secundo, l’homme était précédé de la réputation d’être, pour ses concitoyens et même pour la communauté internationale, le seul et unique Malien à pouvoir résoudre la crise du nord.

Tertio enfin, IBK a fait ses preuves à un moment crucial de l’histoire du Mali.

Au sortir d’une crise aussi profonde, le Mali avait besoin d’un homme à poigne, pour consolider, non seulement sa démocratie mise à mal par le putsch du 22 mars 2012, mais aussi les acquis d’un retour à la paix légués par la transition. En un mot, on cherchait quelqu’un qui pouvait « finir la rébellion », ramener définitivement Kidal dans le giron du Mali, bref, faire du Mali un Etat UN et indivisible. Les regards ont convergé vers IBK.

Si cela fut, reconnaissons-le, c’est aussi parce que l’homme justifie d’un passé où il avait convaincu plus d’un par sa méthode.

C’est donc au bon vieux souvenir de son passage à la Primature et à la tête de l’Assemblée nationale, que les Maliens ont accordé leur confiance à ce septuagénaire.

Mais, les Maliens se sont lourdement trompés, ayant sans doute fait le pire choix de leur existence. C’est du moins ce que révèle la pratique des 5 années de gestion d’Ibrahim Boubacar Kéïta. A l’exercice du pouvoir, le mythe qui entoure « l’homme mystérieux » a fondu comme neige. Aux yeux des Maliens, IBK n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Les preuves.

Le nouveau président a déçu ses électeurs à la vitesse de la lumière et de la manière la plus inattendue possible.

Cette décision, comme celle de la libération des rebelles et terroristes, a été prise sans en référer à la justice malienne, qui avait pourtant lancé ces mandats d’arrêt le 8 février 2014.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale par le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, dit ceci : «Des poursuites ont été engagées contre plusieurs responsables des mouvements criminels suivants : Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad, rébellion touareg), Ançar Dine (islamiste), Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), des narco-trafiquants, et tous font l’objet de mandats d’arrêt à exécuter tant sur le plan national qu’international». Le communiqué poursuit : «Les faits qui leur sont reprochés sont, entre autres: terrorisme, sédition, crimes portant atteinte à la sûreté de l’Etat, à l’intégrité du territoire national par la guerre, emploi illégal de la force armée, dévastation et pillage publics, crimes et délits à caractère racial, régionaliste et religieux, trafic international de drogue».

C’est dire que l’homme à poigne, tant craint et redouté, s’est plié au premier obstacle. IBK commence alors à révéler son vrai visage.

Le mythe IBK s’est aussi effrité dans le contexte actuel des négociations. A sa prise de fonction, le chef de l’Etat excluait toute négociation avec des rebelles armés. « Nous ne négociérons pas avec des bandits armés», ne cessait-il d’entonner. Mais aujourd’hui, l’homme à poigne est réduit à supplier ces mêmes bandits, lourdement armés, à venir à la table de la négociation. Dans un même discours, il appelle différemment au dialogue, comme dans son message à la nation du 19 mai 2014. Il dit : « On ne peut comprendre, encore moins tolérer que, dans l’environnement sociopolitique qui est présentement le nôtre, largement ouvert au règlement politique des différends, et marqué par l’existence d’accords auxquels les uns et les autres ont adhéré, l’on ne puisse pas entamer un dialogue sincère devant déboucher sur un accord de paix définitif et global ». Et poursuit plus loin : « Nous allons donc au dialogue, convaincus que nous sommes que le salut passe impérativement par-là ».

IBK a aussi laissé ses plumes dans un autre passage de ce message où il clame la fermeté et prend un engagement solennel devant le peuple : « Plus jamais, une délégation de l’Etat ne sera prise à partie à Kidal…Je ne laisserai pas ces mouvements armés, certains qualifiés de terroristes, d’autres désignés de manière commode comme rebelles, mais tous, réunis et solidaires à nouveau,…continuer à faire la loi, ni à Kidal, ni dans une autre partie de notre territoire ». Qu’en est-il aujourd’hui ? La réalité est dure et très difficile à dire.

Autres preuves de l’effondrement du mythe IBK, ce sont les faits et scandales qui jonchent la gestion des affaires publiques et le quotidien des Maliens.

L’homme à la forte probité morale d’hier, est devenu peu soucieux des deniers publics, avec notamment l’achat d’un avion à 20 milliards de FCFA et la passation d’un marché d’armement de 108 milliards dans des conditions peu orthodoxes.

Les citoyens ont du mal à comprendre que c’est le même IBK qui donnait des leçons d’intégrité aux autres.

L’homme intègre et juste est pris en flagrant de nominations, dans les différentes sphères de l’Etat, de parents, amis, alliés et affidés, au détriment de cadres méritants.

Sambou Diarra

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