La première est à l’origine des conflits sociaux et politiques, la seconde entraîne une chute de la morale populaire.
L’injustice sociale est un problème de dimension mondiale. Elle se produit dans tous les pays et régions du monde. Elle s’exprime de différentes manières et avec niveaux de gravité différents: Elle est l’origine des conflits sociaux et politiques, pouvant conduire à des guerres, des génocides ou des révolutions.
Aussi, les conséquences sociales de l’impunité sont très néfastes, puisqu’elle enhardi au crime en conférant aux coupables le sentiment d’être intouchables. En réaction, l’impunité entraîne une chute de la morale populaire, puisque l’honnêteté n’est pas encouragée alors que les exactions restent impunies.
La lutte contre l’impunité est d’une importance primordiale dans les travaux de reconstruction des sociétés civiles à la suite de conflits importants. La lutte contre l’impunité contribue à rétablir les valeurs communes d’une société, à affirmer la supériorité du bien sur le mal, de l’ordre sur le chaos, et participe ainsi en premier lieu du devoir de mémoire. La lutte contre l’impunité est la première étape dans la construction de la paix après un conflit et elle doit faire l’objet d’une attention permanente par la suite.
Comment en conclure que la justice est une priorité lorsque la part budgétaire qu’on lui accorde ne dépasse pas 1% ? Comment avoir une bonne justice si les conditions de travail des magistrats laissent à désirer à tout point de vue? Comment mettre les magistrats à l’abri de la tentation dans un contexte de précarité des conditions de travail? Comment lutter efficacement contre la corruption avec de telles conditions déplorables? L’efficacité de la justice est affectée par la précarité des moyens matériaux et la mauvaise gestion, menant inévitablement à une justice lente.
Des experts ont préconisé depuis belle lurette une refonte du budget de fonctionnement de la justice, en passant de 0,6% à 5% du budget national pour assurer l’indépendance de la justice et renforcer la démocratie. Cette refonte est sensée rehausser le niveau du salaire des magistrats pour leur permettre de se mettre à l’abri du besoin et de la tentation et leur permettra également de travailler dans un environnement adéquat afin de rendre efficacement les décisions de justice dans les conditions optimales de travail (infrastructures, équipements de bureau, frais de déplacement, etc.).
Le terrorisme se sert de l’injustice
Le président de la transition, a témoigné aux magistrats sa volonté de faire évoluer le combat en faveur des droits humains et obtenir des résultats, en collaborant lorsqu’ils le peuvent et en optant pour la confrontation lorsqu’ils le doivent. « On a beau maintenu la sécurité, tant qu’il y aura l’injustice et l’impunité, nous allons toujours vivre les mêmes problèmes d’insécurité, voire du banditisme et du terrorisme».
Mais les agressions, les enlèvements de magistrat sont suscités de vive émotion dans les milieux judiciaires. Ils ont le sentiment d’être seuls, bien seuls, de ne pas être considérés, que leur sécurité n’est pas une préoccupation première et malheureusement ce n’est pas nouveau, se sont régulièrement désolés leurs syndicats. Le mobile de ces violences ne fait guère de doute. Les agresseurs ont ciblée des personnes en raison de leur qualité de magistrat. Obligeant du coup beaucoup à quitter les zones d’insécurité.
Les magistrats veulent être protégés des risques de pressions, violences ou menaces. La justice est rendue par un professionnel, au nom du peuple malien. Les syndicats ont réclamé, par ailleurs, des mesures concrètes pour mieux sécuriser les cours et les tribunaux. Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux s’est voulu très rassurant. Des« efforts « visant à doter les juridictions d’un « nombre suffisant d’agents »de sécurité « sont en cours ».
Assimi Goïta a à cœur de lutter efficacement contre certains fléaux (flux financiers illicites au sein des industries extractives, la fraude et, l’évasion fiscale…), qui contribuent à l’appauvrissement de l’Etat en absence de répondant sur le plan judiciaire.
« Refonder l’homme malien »
Pas d’ «État fort» sans « une justice forte qui repose sur la qualité des hommes et des femmes qui l’animent ». D’ailleurs, s’est-il risqué, il va falloir « refonder l’homme malien » en ce sens que « tout ce qui est corruption passe par l’être humain. Malheureusement, aujourd’hui, pratiquement, tous les secteurs de notre pays sont affectés et infectés par certains éléments corrompus, prêts à vendre leur nation au profit de leurs intérêts personnels. Raison pour laquelle nous avons besoin d’avoir des magistrats déterminés et engagés qui sont prêts à prendre des risques pour sauvegarder l’intérêt supérieur et celui de la nation ».
Le chef de l’Etat n’a pas prêché dans le désert. Le président de la Cour suprême Wafi Ougadeye a fait sien ce combat. Puisque son institution élèvera des digues contre les « élucubrations» de certains compatriotes. A le suivre, les personnes qui pilonnent les responsables de la Cour suprême, ignorent tout du fonctionnement de l’institution. « Car, ni le procureur général, ni le président de la Cour suprême ne peut prendre une décision sans avoir consulté le bureau de l’institution. Et l’organe qui décide à la Cour, est véritablement ce bureau dans son intégralité ». Et cerise sur gâteau : « La démocratie ne peut pas aller sans une justice forte et crédible qui joue pleinement son rôle. Il a ensuite déclaré que son institution ne faillira pas à sa mission, promettant qu’elle occupera totalement toute sa place ».
Une fois l’ensemble de ces défis relevés, la justice serait mieux au service des justiciables.
Georges François Traoré
Source : L’Informateur