Injustices, oppressions, prédations, trahisons, crimes, parjure : IBK, coryphée d’une pègre de sept ans

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Si c’est vrai que Moussa Traoré a été le fauve que les Maliens ont abattu par une insurrection populaire en mars 1991, force est de reconnaître aujourd’hui que, vingt-deux après, Ibrahim Boubacar Keïta s’est drapé de sa peau pour faire peur à ses concitoyens. Triste chant de cygne pour un volubile cascadeur du verbe à la prétention d’être le meilleur pratiquant de la langue de Molière parmi une flopée de chefs d’État africains; et qui, à ses heures pédantes, use du latin qui sonne aux oreilles des pauvres tel un baragouin de haute classe. Ennuyeux.

Quand le serviteur du roi Louis XVI lui a parlé de ce qui se passe dans les rues de Paris le 14 juillet 1789, le souverain lui a demandé : “C’est une révolte ?” Le bonhomme  lui a répondu : “Non Sir, c’est une révolution”. C’est ainsi, depuis plus de deux siècles maintenant, que les haut perchés aux sommets des États se laissent surprendre par les mécontentements de leurs peuples qui alors, aspirant fortement  à la justice, à l’égalité et à la gestion égalitaire des affaires du pays, n’auront d’autres choix que nettoyer les écuries infestées, au besoin faire place nette. La révolution peut être pacifique ou violente, mais elle s’accommode difficilement avec l’ordre ancien.

Le roi Louis XVI, entre autres fautes de gouvernance, n’a pas digéré que Necker ait publié le “Compte rendu au roi sur l’état des finances et le gaspillage de la Cour”, comme si opacité et crapuleries multiformes étaient les règles d’or du royaume. Patatras!

On peut judicieusement rappeler qu’avant lui, le roi Louis XV (Versailles 1710-1774), qui jouissait d’une adulation certaine si bien qu’on le surnomma “Le Bien-Aimé”, bien qu’ayant reconnu et déclaré que “La pauvreté générale et la corruption sociale compromettaient les fondements mêmes de la monarchie”, manifestera pourtant une incapacité notoire de gouverner vertueusement; ses dépenses excessives finirent par lui aliéner le parlement de Paris. Patatras!

Telle est la dramatique perspective à laquelle fait face IBK, un destin peut-être dans les plates bandes entre Louis XV et Louis XVI, qu’il soit en train d’observer avec un télescope géant depuis Koulouba le peuple en mouvement ou qu’il soit en douce villégiature de vacances précipitées dans un pays du Golfe, dans la perplexité de voir si l’orage passera ou pas.

« Le pouvoir rend fou… »

Bizarre qu’un homme hier adulé, puis exilé et enfin porté aux plus hautes fonctions de la République par un plébiscite de plus de 77%  des suffrages à l’élection présidentielle de 2013, se retrouve dans cette situation à ce point inconfortable, qui ne manque pas de regrets, d’humiliations et de honte puisque, même si, par une de ces miséricordes divines dont seul Dieu a la bourse, IBK parvenait à garder encore les rênes de l’État du Mali, il sera vu quand-même comme, plus qu’un miraculé, un véritable rescapé de l’Éthylos. Alors, quelle image laissera-t-il dans l’histoire ?

“Le pouvoir rend fou. D’ailleurs, c’est ce qu’il fait le plus souvent”, écrit un penseur français du siècle dernier. La clé pour comprendre la grandeur et la décadence de notre président se trouve certainement dans cette assertion. Mais c’est peut-être son aîné de deux ans, le président Denis Sassou NGuesso du Congo-Brazzaville, qui a eu en ce qui le concerne,  incidemment ou par inspiration prémonitoire, les mots les plus justes et les plus expressifs :《Le pouvoir, quand on vous le confie, est une chose étrange. Il peut décupler vos forces, vous éblouir, vous rendre fou ou, au contraire, terriblement pessimiste. Il peut même rendre intelligent, on l’a vu! Mais, qui que vous soyez et quoi que vous fassiez, il vous met face à vous-même. Sans pitié. Certains grands hommes s’y révèlent, d’autres y échouent, mais quel que soit le résultat de votre action politique, vous resterez, en dernier ressort, l’ultime responsable. Quand le feu fait rage, il y en a toujours un, au bout de la chaîne, qui doit tenir la lance d’incendie ou jeter le seau d’eau. “The buck stops here”, disait le président Harry Truman : après moi, il n’y avait plus personne.》

Bref, notre Ladji Bourama national est apparu comme un tonneau de bonnes intentions (mais l’enfer en est pavé tellement !). Il a promis, avec cette sorte d’emphase telle que même si on ne l’aime pas, on est quand-même obligé de l’applaudir, qu’il fera du Mali le nouvel Eldorado où l’abondance aura les couleurs de l’Éden; que cette terre, partie du vieil empire de Soundjata Keïta, sera un pays de cocagne où le bon-vivre ensemble ne sera jamais troublé par aucune insécurité, aussi résiduelle soit-elle. Quant à l’école, il dit qu’elle sera obligatoire et gratuite pour les enfants de l’ex-Soudan français. Et patati, et patata…Le peuple en est arrivé à oublier qu’il aime plus que tout la bringue et la ribote; qu’il s’imagine toujours à la cour royale du Mandé où ses jours et ses nuits doivent être  bercées par les suaves mélodies de la kora. Même dans l’avion!

« Comme de fumée de Satan »

Oui, on a oublié qu’il a l’égo démesurément prononcé au point qu’il rêve en permanence des bons titres ronflants d’un passé révolu : Mandé Massa, Osagyefo, Père du peuple, Guide suprême éclairé, voire Grand Timonier et Lider Maximo. Mais, même avec toutes ces affabulations, il est certain qu’il n’aurait pas été totalement satisfait, il aurait souhaité au fond de lui-même que certains prétendent qu’il est Dieu, ne serait-ce que du Mali.

Bon voilà, dès qu’il réussit à s’emparer des précieuses manettes de l’État, il a jeté le pays dans une bacchanale impensable. La fumée de Satan est vite entrée dans toutes les institutions de la République. Il y a eu comme une inversion des normes : les ténèbres ont pris le nom de la lumière et le mal a eu valeur de bien. L’austère Caton, un des premiers grands écrivains de langue latine, qui a lutté contre le luxe et la dépravation des moeurs grecques, pressentant la décadence de Rome, a écrit : “Nous ne savons même plus appeler les choses par leur nom”. Nous pourrions bien reprendre sa formulation pour qualifier le train de vie de la gouvernance sous IBK.

Tout est parti si vite que les Maliens, groggy, ont mis du temps à admettre que de véritables fauves avaient envahi leur bergerie. La conduite au sommet de l’État était désormais contraire à la morale et à la foi, même si le premier magistrat de la République n’avait jamais autre chose à la bouche que le nom d’Allah. Il y a eu comme les sept plaies d’Égypte. Vols, concessions, surfacturations, enrichissement effréné, prédations diverses et répétées, crimes sans arrêt, parjure…tout ce qui est répréhensible passe. Les mœurs, elles, ont été si dissolues! Certes, on n’en est pas arrivé au niveau de l’impudicité païenne au point que l’on vit tel haut placé vivre avec la femme de son père, Dieu merci. Toute de même, toute la nation a été humiliée d’apprendre la rumeur que Bill Clinton et Monika Lewenski se sont retrouvés dans un bureau de la docte Assemblée nationale. Puis, des homicides ont défrayé la chronique. Le journaliste Birama Touré est porté disparu depuis bientôt sept ans. Une dame, employée à la présidence de la République, a été battue à mort par son mari cocu qui l’aurait surprise en train de supplier un golden boy de reconnaître la grossesse qu’elle portait.

Que dire encore? Les services compétents et les chancelleries étrangères ont parfaitement documenté les détournements éhontés, mais la justice ne peut s’exercer librement. Des entraves multiples bloquent régulièrement son action, ce qui fait que des délinquants à col blanc sont extraits de ses mailles pour bénéficier aussitôt de protection rapprochée. Choisissons un petit morceau. Zouber Sotbar put écrire : 《Le régime est incapable de démontrer que l’avion présidentiel acquis dans des conditions opaques est bien la propriété du Mali, et tout aussi incapable de nous édifier sur le sort de l’ancien avion présidentiel pourtant en parfait état de fonctionnement puisqu’il était utilisé par son prédécesseur pendant ma transition. Pauvre Mali ! Ce président a quelque chose du corryphée d’une pègre qui a enfoncé partout ses nuisibles tentacules. Pas surprenant lorsque l’on sait que celui-là qui se pare des ailes d’ange a eu ses moments de chute dans les fanges de Michel Tomy, parrain de la mafia corse. On peut ou, pour dire vrai, on va se retenir de disserter sur les scandales des engrais frelatés, de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire qui aura coûté au pauvre pays la bagatelle de 1230 milliards de francs CFA, avec en plus un dépassement de 100 milliards, pour l’achat des équipements militaires défectueux, voire des fictions : blindés en carton, Tucano sans viseur, hélicoptères cloués au sol…Les immeubles de l’État bradés, les écoles fermées, des villages entiers décimés, des militaires massacrés qui n’auront de sépultures dignes de leur sacrifice, etc. À vouloir dresser la liste exhaustive des crimes multiformes et globaux, il y a risque de crise cardiaque…

Partition du Mali, agenda caché

Redonnons la parole à Zouber Sotbar : “Le conflit armé dans le Nord s’est enlisé avant de s’étendre au Centre du pays avec une dimension  ethnique préoccupante. Plus de 2/3 du pays est en dehors de tout contrôle de l’administration malienne. Les populations civiles livrées à elles-mêmes sont obligées de se soumettre à la loi du plus fort. Elles subissent toutes sortes d’exactions parce que prises en otage entre les groupes armés, les délinquants ordinaires et parfois même l’armée régulière”. Situation commode pour pactiser acec l’ennemi intérieur irrédentiste, séparatiste et indépendantiste. Un vrai agenda dissimulé pour mettre les Maliens devant le fait accompli de la partition de leur cher pays; fait reconnu et dénoncé déjà en 2017 par le consultant français, l’avocat Me Marcel Ceccaldi qui affirma que tout cela était imposé de l’extérieur aux autorités maliennes et qu’à titre personnel il est absolument opposé à la partition de la République du Mali !

Il n’est plus niable que pagaille, anarchie, chienlit, Tour de Babel… rythment la vie publique. Conséquence logique, IBK ne saurait plus être une boussole, il est une dangereuse girouette qui pousse à la dégringolade dans le gouffre du néant, une sorte de course vers l’abîme. Nous sommes en pleine gouvernance du diable.

Alors, comme la sentinelle qui voit venir le glaive, le plus grand nombre se voit contraint de sonner de la trompette. Mais IBK, en bon vieux rat du Quartier latin de Paris, a-t-il pris le temps de paraphraser Aimé Césaire pour admettre qu’une nation qui manifeste pour dire sa déception et pour revendiquer son droit au respect des valeurs démocratiques n’est pas un ours qui danse? En tout cas, le peuple malien proteste aujourd’hui avec douleur et lutte avec vigueur. Il faut le comprendre.

Amadou N’Fa Diallo

Source : L’aube

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