Interpellation du gouvernement au CNT : «Le Mali ne quittera pas la Cedeao », « le mandat de la Minusma sera renouvelé » « pas de monnaie malienne »

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C’est par ces mots, entre autres, que le premier ministre Choguel K Maïga et son gouvernement ont affronté l’épreuve de l’interpellation des membres du Conseil national de transition, le 21 avril, pour apporter des réponses aux nombreux questionnements sur le Programme d’action de son gouvernement, huit mois après sa présentation. En effet, indépendamment des évaluations périodiques sur le PAG, selon lui, les maliens voulaient savoir concrètement l’état d’avancement sur le processus de transition ainsi qu’un chronogramme détaillé pour la suite, selon le président  CNT, Malick Diaw. Qualifié de mitigé par des conseillers, en occurrence Nouhoum Sarr, qui n’a pas hésité à donner une note de renvoi à Choguel au motif qu’il n’a réalisé que 30% de son programme contrairement aux 87% annoncés. Et de le rappeler à l’ordre, en lui expliquant que la refondation ne se fera pas par des incantations, des déclarations fracassantes mais par la vision dans tous les domaines.

Bref, on s’attendait donc à un débat houleux et on peut dire que le rendez-vous a tenu toutes ses promesses. Et pour cause, le chef de l’exécutif a reçu de la part des membres du CNT une kyrielle de questions et préoccupations en rapport avec les solutions et moyens préconisés par le Gouvernement pour un retour dans le concert des nations, les résultats du processus de refondation, la lutte contre la délinquance financière, etc. S’y ajoutent des demandes d’explication et de clarification des derniers scandales dans l’attributions des logements sociaux, les recrutements aux niveaux de la Canam et de police nationale, entre autres. Le retrait du Mali de la Cedeao et de l’Uemoa – ainsi que la départ de la Minusma – se sont également invités dans les débats. L’exercice, qui devrait porter sur la vie de nation, a été également une arène de règlement de comptes et de mea-culpa.

C’est dans cette tension palpable que le Premier ministre de la rectification, tout en rassurant de ne pas rompre la  discussion  avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a annoncé un délai de deux ans, retenus, selon lui, par le président de la Transition en personne, quoique la communauté sous-régionale, aux derrières nouvelles, campe sur une prorogation sur 16 mois.

Et comme pour coller à sa réputation et les préjugés, le PM ne s’est pas retenu de lancer des piques à l’adresse de la Cedeao, au détour d’une réponse aux interpellations de l’honorable Mme Haïdara Aïchata Cissé sur les rapports entre le gouvernement et la sous-région u gouvernement ainsi que de Mme Diarra Racky Tall sur la situation financière des Maliens imputable à l’embargo. «On ne peut pas aller en deçà de vingt-quatre mois », et « on ne peut pas accepter de précipiter les élections», à expliqué le Pm.

Par ailleurs, en dépit de la coopération militaires avec la Russie soldée par une montée en puissance, seul mérité du gouvernement Choguel, le Mali ne compte pas rompre sa collaboration avec la Minusma. En effet, en regardant droit dans les yeux les conseillers Adama Ben Cerveau et Aboubacar Sidiki Fomba, porteurs du projet, Choguel a dit à qui veut comprendre que la rupture avec la Minusma ne figure pas dans le programme de son gouvernement. Comme quoi, le mandat de la mission onusienne sera renouvelé en juin prochain. Et ce n’est pas tout. Le PM, en plus de désavouer les deux conseillers, est tombé à bras raccourcis sur ses propres amis, notamment Jeamil Bittar et Dr Allaye Bocum qui, lors d’une récente manifestation, ont demandé le retrait pur et simple du Mali de la Cedeao et de l’Uemoa auquel le PM n’adhère plus et qui ne figure plus à l’agenda du gouvernement transition, pas plus que  l’avènement d’une monnaie n’est pas de saison.

Sur la lutte contre la corruption, le PM a déclaré la transmission de 35 dossiers sur une quarantaine du Bureau du vérificateur général, auxquels s’ajoutent les dossiers des bâtiments publics bradés et des avions cloués au sol.

D’autres procédures judiciaires, notamment les tragédies d’Ogossagou, de Sobane Da ainsi les tueries du 10, 11, 12 juillet 2020, sont en cours.

Sur la problématique de l’insécurité alimentaire, le PM, après avoir rappelé qu’un peuple affamé n’a pas de dignité, s’est adressé à l’opinion en ces termes :  «nous ne pouvons pas satisfaire toutes les demandes».

D’autres sujets, tels le la HAC et le cas du confrère Bassidiki Touré ou encore le coût d’acquisition des aéronefs et équipements militaires récemment réceptionnés par FAMa, ont été abordés par le PM à la sauvette. En effet, à la demande de Ramata Diaouré, le chef du Gouvernement, après avoir invoqué son devoir de réserve, a laissé entendre que le dossier le Bassidiki Touré relève du pouvoir discrétionnaire du Président de la transition, lequel, selon lui, après enquête de moralité à décidé de ne pas signer son décret de nomination. «Je n’y suis pour rien», s’est-il ainsi démarqué à la Ponce Pilâtes. De même s’est-il dérobé sur la question relative montant des aéronefs et équipements militaires récemment acquis au compte des FAMa, en indiquant d’un ton narquois qu’aucun pays ne donne les prix de ses armements. «Les maliens n’ont pas besoin de savoir combien on a acheté les équipements… Ils ont des matériels de guerre qui fonctionnent et qui les sécurisent», a-t-il martelé. Et de laisser  entendre au passage que les prix d’achat et de  réparation sont l’affaire des militaires, oubliant qu’un certain Soumeylou Boubeye vient de mourir en détention pour des présomption de surfacturation dans l’achat d’aéronef présidentiel et d’équipements militaire.

Les membres du CNT ont cependant omis de demander au Pm là où il en est avec la réduction du train de vie, un engagement pris lors de la présentation du PAG. Le sujet est ainsi passé sous le boisseau probablement parce que la réduction devrait également frapper les conseillers du CNT qui se sont arrosés des mêmes salaires et indemnités que les députés déchus de la législature. En définitive, hormis le président de la Transition, qui a renoncé aux 2/3 de son salaire, les autres acteurs de la transition continuent de faire la pluie et le beau temps.

Amidou Keita

Source : Le Témoin

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