En dépit des assurances données à la Cedeao d’élargir l’ensemble des personnalités politiques, Assimi Goïta et sa suite n’ont visiblement consenti qu’à la libération du seul président de la République d’ailleurs maintenu en résidence surveillé malgré la fragilisation de son état de santé. Ce faisant, les colonels putschistes se seront illustrés bien pire que la junte de 2012 qui n’avait retenu de détenus politiques après les engagements pris auprès de la même institution sous-régionale.
Du coup, les questionnements n’ont de cesse de foisonner sur le sort du chef du Gouvernement, Boubou Cissé, ainsi que du président de l’Assemblée nationale à peine installé, Moussa Timbiné. Quels sont les enjeux d’une détention prolongée de deux personnalités distantes par la crise socio-politique et que le sort a finalement unies ? La question est d’autant moins superflue qu’à la différence des généraux arrêtés aucun des deux chefs d’institution n’est assez prépondérant dans le système de l’Etat constituer une menace pour le confort des colonels putschistes. Il n’en demeure pas moins que leur libération peut inspirer quelques craintes probablement liées aux circonstances d’un coup d’Etat que ses auteurs ont plus intérêt à présenter comme un vide institutionnel occasionné par la démission du chef de l’Etat.
A en juger par les seuls habillages qu’en a fait la junte, il s’agit d’un acte consenti et que le président de la République a lui-même reconnu devant les émissaires de la Cedeao du moins pour ce qui est de son renoncement à diriger le pays. Quid de la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement ? Les deux mesures présidentielles, en vertu de la constitution encore en vigueur, sont assujettis au respect de certaines formes légales que sont la consultation du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée pour l’institution parlementaire, la présentation d’une démission du Premier ministre pour la dissolution du gouvernement. Dans le décret de dissolution, qui porte la signature du chef de l’Etat, il est certes fait mention de la consultation des deux personnalités dont l’avis est requis pour la validation de la mesure – mais le chef de l’Etat déchu ne l’ayant ni confirmé ni infirmé à la Cedeao, il revient aux deux dès lors aux deux personnalités concernées d’édifier sur l’authenticité de la mention faite sur leur consultation avant la dissolution de leurs institutions respectives.
Il et loisible de comprendre, en définitive, les raisons pour lesquels Boubou Cissé et Moussa Timbiné pourrait demeurer aussi longtemps les otages d’une junte, qui a probablement besoin de leur caution pour valider un acte attaquable pour fausseté. Il. N’est point exclu, en clair, que la libération des deux personnalités, coupées de tout contact avec l’extérieur depuis leur arrestation, est conditionnée à une reconnaissance écrite de leurs consultations dans le cadre des mesures prises par le président de la République.
A KEÏTA
Source : Le Témoin