Dans l’affaire dite du « complot contre les institutions », le Bâtonnier Me Kassoum TAPO fait le tour des plateaux médiatiques pour dénoncer « l’interférence » du ministre de la justice dans la décision de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Bamako.
Fort remonté dans la défense des intérêts de ses clients, le Doyen TAPO casse littéralement du sucre sur le dos du Procureur Général de la Cour d’Appel de Bamako, Idrissa ARIZO, qui a formé un pourvoi en cassation contre la décision de la Chambre d’accusation annulant la procédure judiciaire et la levée des mandats de dépôts contre les personnes détenues.
D’entrée de jeu, nous, sous le couvert du M5-RFP, avions dénoncé et continuons de dénoncer les arrestations arbitraires et extra-judiciaires des citoyens par les services secrets, les violations des droits et libertés individuels et collectifs, les tentatives d’instrumentalisation de la justice, et disons que les droits de mis en cause doivent être saufs et préservés à tous égards, surtout si le dossier est vide, comme cela transparaît dans le cas d’espèce.
Me TAPO dit dénoncer une « immixtion du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires », par le truchement le Procureur général de la Cour d’Appel de Bamako après consultation avec le ministre de la justice. Hum !
Je tombe des nues, pas parce que la cause n’est pas défendable dans une telle logique ou qu’elle serait mieux défendue autrement, mais simplement parce qu’elle devrait être défendue par d’autres voix que celle du Garde des Sceaux Me Kassoum TAPO.
Eh oui, Cher Ministre de la Justice, laissez à Me Abdrahamane Ben Mamata TOURE et autres élever la voix et mener le combat médiatique, et cela servirait mieux la cause de vos clients.
Et pour cause ! Il y a juste six (6) mois auparavant vous excelliez dans ce que vous tentez de combattre aujourd’hui, vous vous faisiez le « chantre de la justice expéditive ». Et la vaillante Jeunesse du M5-RFP et autres Militants engagés pour la défense de la démocratie et de la patrie en danger en ont fait les frais.
Arrêtés et mis en garde à vue dans l’heure, mis sous mandat de dépôt par Procureur dans l’heure suivante, jugés le même jour ou sous les 24 heures et incarcérés à la Maison centrale d’arrêt de Bamako ou de Kayes, faisant fi des risques de méprises et d’erreurs judiciaires sur les faits, sur la personne, et sans la présence d’avocat aux différentes étapes (s’il y en a !) de la procédure.
C’est ce que nous avons vécu sous le magistère du Ministre de la Justice Kassoum TAPO, qui, étant le premier Procureur des juridictions, suivait tout en temps réel, instruisait l’accélération quand ça donnait l’impression de traîner, et accordait force interviews et points de presse pour justifier, faire l’exégèse des codes pénal et de procédure pénale, commenter et argumenter les décisions correctionnelles, etc.
Et dans tous les cas, il s’agissait juste de parvenir à jeter dans les geôles et faire garder prison aux citoyens concernés, dans une sorte de course contre la montre, comme si « le principe était la prison, et l’exception la non-détention », comme si « emprisonner » était une chose banale pour celui censé être un « droit de l’hommiste », comme si « entacher le casier judiciaire » d’un citoyen était sans conséquence…, le tout dans une « démarche délibérément expéditive ».
Cher aîné Me TAPO, aujourd’hui ça fait peu logique de vous offusquer ostentatoirement de ce qui pourrait ressembler à la méconnaissance de la maxime : « la liberté est le principe, la détention l’exception » ; et laissez le Procureur Général faire son travail, car la façon de présenter son action dans la procédure de pourvoi en cassation et de l’exposer donne à penser qu’il n’est pas dans son rôle ou pire qu’il viole la loi, alors qu’il n’en est rien !
Au demeurant, dans notre comportement, nous devrons tous avoir le réflexe de défendre les droits et libertés, et au moins de les faire respecter, si ce n’est déjà la même chose ! Et, la logique et la constance doivent être de mise en toutes circonstances, à moins que « selon que vous serez puissant ou misérable, riche ou pauvre, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». !
Wa Salam !
Ibrahim Ikassa MAIGA
Enseignant FDPRI
Militant M5-RFP
Source : L’Aube