Kidal, un Etat dans un Etat !

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Des militants du MNLA, à Kidal, dans le nord du Mali (image d'illustration)
Des militants du MNLA, à Kidal, dans le nord du Mali (image d'illustration)

Forte de sa toute puissance militaire en l’occurrence dans la région de Kidal, la CMA dirige, dans les faits et actes,  ce territoire comme un Etat indépendant et souverain. Son « armée », avec la complicité de   Barkhane,  y sécurise  les personnes et les biens. L’administration et la justice de la région de Kidal sont  réellement assurées par la CMA.  . Et  c’est encore  elle  qui surveille et  contrôle l’exploitation des ressources  du sous-sol : mines, hydrocarbures et nappes d’eau souterraine de Kidal. Tout cela, au grand dam de l’Etat malien.  Un  Etat dans un Etat ?

C’est cela la réalité dans la région de Kidal. La CMA ne veut s’arrêter à l’Administration de la seule région de Kidal. Elle veut désormais administrer  toutes les régions du nord. Dans cette perspective, il  est  désormais créé depuis ce 29 janvier 2021, par  décision  N°11 du Président de la   « Coordination des Mouvements de l’Azawad » (CMA),  une zone  de Gourma.  Cette décision N°11/président CMA portant création de la Zone de Gourma, indique dans son article 1er, que ladite zone sera une zone de défense et de sécurité relevant  de l’Etat-major Général de la CMA.  Et qu’elle  permettra « de mieux contribuer à la Sécurité des personnes et leurs biens en partenariat avec les forces nationales et internationale (évidemment française). Ignorant  ainsi  l’appartenance  territoriale et administrative des régions du nord, notamment  celle de Kidal, à l’entité territoriale nationale, la CMA poursuit  inexorablement  ses manœuvres de provocation contre l’Etat malien.

Les « ex-rebelles »,  avec  la bienveillance de  Barkhane et MINUSMA, sont  visiblement les vrais maîtres des régions nord, en l’occurrence  celle de Kidal.  La CMA, qui regroupe en son sein  tous les mouvements de  l’« Azawad », s’est présentement dotée  d’une  Coordination de la Sécurité  Militaire de l’Azawad à Kidal  (CSMAK). C’est  une unité militaire d’obédience touarègue  qui patrouille  hélas dans la ville de Kidal avec  les soldats de Barkhane  pour sa sécurisation.

Cette complicité  militaire des « ex-rebelles »  touaregs  de la CMA avec  la France, n’est un secret de polichinelle. Elle  est  bien révélée  au grand  jour par Bilal Ag Chérif, un des hommes forts de Kidal. Faut-il  rappeler que  c’est  ce  même monsieur qui a personnellement  signé, au nom de la CMA, les accords d’Alger. Des accords censés  pourtant remettre le Mali dans son intégrité territoriale et administrative. Les maliens doivent-ils  se résigner  en  acceptant   que  l’Etat  unitaire  du Mali  n’a plus  dorénavant d’emprise sur les régions du nord, en l’occurrence celle de Kidal ? Serait-elle  définitivement fermée,  la  page de l’histoire du Mali Un et Indivisible?

Une chose est claire, depuis quatre ans et à contrario de cet idéal d’un Mali Un et Indivisible, la France par l’entreprise de Barkhane, est  officiellement associée avec la CMA, au grand dam de l’armée nationale, pour la  surveillance  et le contrôle de  l’ensemble des régions nord. Ce qui ne doit pas étonné plus d’un si l’on sait que c’est  Barkhane  qui avait  en 2014  favorisé le départ des  FAMAS de Kidal.  Actuellement,   celles-ci   y ont fait hypocritement  leur retour  à l’extérieur  de la ville sous le label  de « l’armée nationale reconstituée ».  Composée  à 80% de touaregs et  commandée par un targui, cette « armée reconstituée » du Mali est  confinée dans un campement surveillée par les troupes de la CMA  et  est interdite d’en sortir.

Faut-il encore davantage d’épreuves et  d’humiliations  de  l’Etat unitaire du Mali pour  s’en apercevoir que les régions du nord échappent vraiment à l’entité territoriale et administrative nationale ? Quelle  que soit la compréhension dégagée, l’honnêteté intellectuelle recommande  que l’on admette  que la région de Kidal constitue, depuis le déploiement de Barkhane,  un Etat dans un Etat au Mali. Et que cet Etat  est réellement  gouverné par la CMA, en dépit d’un Gouverneur nommé par la partie  malienne.

Falaye Keïta

Source : Le Pélican

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